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Pourquoi tuer les animaux qui attaquent des humains?

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Pourquoi tuer les animaux qui attaquent des humains?

L’idée que l’animal mangeur d’hommes est un totem innocent de la nature et que l’homme est l’intrus qui le paye de sa vie ne résiste pas à l’analyse.

Kaleb Langdale, un jeune américain de 17 ans nageait non loin du lac Okeechobee, en Floride, il y a quelques semaines quand un alligator l’a attaqué. L’alligator, qui mesurait plus de trois mètres de long, s’est jeté sur lui pour le dévorer.

Kaleb a réagi de la manière qui, bien souvent, fait la différence entre la vie et la mort pour les humains pris pour cible par de grands prédateurs. Il l’a laissé manger un de ses bras, afin de sauvegarder les parties plus vitales de son anatomie et s’est échappé comme il a pu. Le gros alligator lui a donc sectionné le bras au niveau du coude et l’a avalé tandis que Kaleb tentait de revenir à la surface en hurlant «appelez les médecins, j’ai perdu mon bras!» Il a survécu.

Vengeance
La culture occidentale a un regard particulier sur les animaux qui tuent des êtres humains. La plupart d’entre nous ne passent pas beaucoup de temps en pleine nature et ne tombent que rarement nez à nez avec des animaux sauvages, et notre vision de la nature sauvage est généralement influencée par une combinaison de dessins-animés et de télé-réalité. Notre vision des animaux potentiellement dangereux est grandement influencée par le fait que la plupart des espèces dangereuses pour l’homme sont ou ont été elles-mêmes en voie d’extinction, ce qui tend à nous les faire davantage considérer comme des victimes que comme des agresseurs potentiels.

L’alligator d’Amérique, autrefois sur la liste des espèces en danger, est une des plus belles réussites de la loi sur les espèces en danger. Les alligators pullulent à nouveau en Floride et en Louisiane, comme le cerf à queue blanche dans le nord-est. On les trouve en grand nombre le long de la côte du Golfe du Mexique et jusqu’en Caroline du Nord, et même en Virginie. En cette époque de réchauffement climatique, avoir le sang froid est un atout.

Comportement humain irréfléchi
Lorsque les alligators n’étaient plus très nombreux, les environnementalistes et le gouvernement tentaient de les présenter sous un jour sympathique: mal compris, pourchassés et ne faisant pas réellement peser de menace sur les êtres humains. Il était peut-être nécessaire de construire certains mythes. Les attaques contre les humains ont été souvent «oubliées» quand elles n’étaient pas présentées comme la conséquence des actions des victimes.

De fait, un comportement humain irréfléchi est souvent la cause des attaques d’alligators. Environ 35% des attaques d’alligators en Floride touchent des humains ayant délibérément cherché le contact avec ces animaux. Tenter de capturer, de déplacer voire de lutter avec un alligator se termine souvent de manière très violente. Une des dernières victimes de ces grands prédateurs avait décidé de nager dans un canal à 2 heures du matin, en pleine obscurité. Les récits des attaques d’alligators font souvent penser à des épisodes de la série Cops. Mais de nombreuses victimes n’avaient rien à se reprocher. Dans certains endroits, le simple de fait de marcher près de l’eau peut faire de vous une victime des alligators.

L’alligator qui a dévoré le bras de Kaleb Langdale a été immédiatement tué par des gardes forestiers. Le bras a été récupéré dans l’estomac de l’animal et ramené à l’hôpital, mais les médecins ont été incapables de le rattacher. La mort de l’alligator a provoqué un torrent de commentaires négatifs sur Internet. En voici un, parmi tant d’autres: «Très bouleversé qu’ils aient tué un alligator qui n’avait qu’un comportement normal et faisaient ce que font les alligators. Le jeune homme a deux jambes – il n’avait qu’a rester sur la terre ferme au lieu de s’aventurer dans le territoire des alligators.»

Pourtant, tuer des animaux –même en danger d’extinction– qui attaquent des humains est sans doute un mal nécessaire pour la protection de ces espèces. Le délai est bref qui peut permettre de capturer ou de tuer un animal juste après une attaque. Si les autorités hésitent à intervenir, les habitants ont tendance à prendre les choses en main et quand les habitants se font justice, façon milice d’auto-défense, ils font rarement dans le détail. Après la mort de Steve Irwin, tué par une raie pastenague qui l’avait frappé en plein cœur, des pécheurs furieux se sont mis à massacrer les raies par milliers (soit exactement l’inverse de ce que Steve Irwin aurait voulu). Ces dernières décennies, à chaque fois que des lions attaquent des humains en Afrique, toutes les personnes armées d’un fusil se mettent à tirer à vue sur ces félins. Ils le font parce que ces lions ou ces raies pourraient être l’animal qui a tué.

L'exception pas la règle
Lorsque le coupable est attrapé et tué, chacun considère que l’affaire est terminée. Le fait de tuer un animal s’étant rendu coupable d’une attaque montre que les animaux mangeurs d’hommes (ou tueurs d’hommes, dans le cas de Steve Irwin) est une exception. Quand un animal tueur peut repartir librement dans la nature, le message adressé au public est celui-ci: «l’animal a agi selon sa nature.»

Il est indéniable qu’il est dans la nature des prédateurs de chasser et de tuer. Mais la rareté des attaques contre les hommes est bien la preuve que le fait d’attaquer des humains est l’exception, pas la règle. On recense 225 cas de morsures importantes par des alligators en Floride depuis 1984. Voilà un total relativement faible pour un Etat avec une population d’environ un million d’alligators et de 19 millions d’habitants.

Les animaux mangeurs d’hommes ont tendance à transformer un coup d’essai en habitude. Un petit nombre d’animaux sont responsable d’une nombre impressionnant d’attaques. Le célèbre léopard de Panar, dans le Nord de l’Inde, aurait tué et dévoré 410 êtres humains avant que le célèbre chasseur Jill Corbett ne mette un terme à sa carrière en 1910.

Au Burundi, un seul crocodile géant aurait mangé près de 300 personnes (ce bilan date de 2008). «Gustave» est sans doute toujours en vie. Un Français, Patrice Faye, a passé près de 15 ans à tenter de l’attraper vivant.

Le cas de Gustave est l’illustration parfaite de la méthode consistant à laisser la vie sauve à des animaux tueurs. Malgré le bilan terrifiant de cet animal, Faye et un groupe de biologistes, dont l’herpétologue Brady Barr en passé des années à tenter de capturer l’animal plutôt que de le tuer. Leur objectif était d’œuvrer pour la protection des crocodiles du Nil. Mais comme Barr l’a avoué au National Geographic: «Les gens doivent avoir accès à l’eau, y laver leur linge et y pécher des poissons. Si un croco attaque un villageois, les autres membres de la communauté vont massacrer quelques crocos après l’attaque – assez pour avoir l’impression d’avoir fait quelque chose – et retourneront à leur vie quotidienne.»

Combien de crocodiles innocents ont été ainsi tués en réponse aux attaques de Gustave alors que Faye et Barr se baladaient dans les marais avec leurs cages et leurs pièges au lieu de le tuer? Tout ceci n’avait rien de bon, ni pour les crocodiles, ni pour les humains. Des performances répétées sont typiques de certains animaux mangeurs d’hommes. Les ours, les lions, les tigres, les léopards, les alligators, les crocodiles et les couguars. Peut-être même les requins, si l’on considère que les attaques de requins de 1916, qui ont inspiré le film «Les dents de la mer» sont effectivement dues à un seul requin.

Mais l’animal mangeur d’hommes est exceptionnel. Il n’est pas un prédateur normal. L’idée que l’animal mangeur d’hommes et un totem innocent de la nature et que l’homme est l’intrus qui paie son ingérence de sa vie ne résiste pas à l’analyse.

A moins que les espèces soient à tel point en danger que la diversité génétique soit mise en péril, nous n’avons aucun intérêt à ce qu’un Gustave demeure en vie. Les conséquences de l’existence d’un animal mangeur d’hommes en liberté, qu’il s’agisse de l’ours qui dévora Timothy Treadwell ou l’alligator qui a arraché le bras de Kaleb Langdale sont terribles.

Jackson Landers

Traduit par Antoine Bourguilleau

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