Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 11 octobre 2012 Swamplandia, paradis perdu des alligatorsA la mort de la mère, une famille des Everglades tente de faire survivre le parc familial, célèbre pour ses alligators. Premier roman de Karen Russell, drôle, poétique et mélancolique. Il faut toujours se méfier de l'alligator. Cette bête au regard fourbe n'est, au fond, rien d'autre qu'"un estomac dans une valise en cuir [qui] ne te rendra jamais ton affection". Hillola Bigtree le sait mieux que personne, elle qui a passé sa vie à dompter ces fauves à écailles dans le parc d'attractions familial, Swamplandia. Mais c'est un autre prédateur qui sera fatal à la jeune femme. Un cancer des ovaires a en effet eu raison de cette grande professionnelle, par ailleurs "cuisinière exécrable et mère de trois enfants". Elle avait trente-six ans, et laisse une famille, déjà pas forcément très équilibrée, dans la panade. La santé de cette modeste entreprise de loisirs des Everglades, autrefois très populaire, n'est pas au mieux. Un parc rival, Le Monde de l'Obscur, vient ainsi d'ouvrir et semble attirer un large public, qui se détourne de Swamplandia, qui croule sous les dettes. Un combat à la David et Golitah ? Le grand-père Sawtooth survit dans sa maison de retraite, et le père - surnommé le Chef - semble complètement dépassé par les événements et se renferme sur lui-même. Les relations entre ce dernier et le "fils prodige", Kiwi, vont empirer - d'autant que le garçon au prénom fruité va accepter de travailler pour l'ennemi... Sa soeur, Osceola - dite Ossie - lit de trop près un étrange grimoire de sorcellerie, Le Télégraphe Spirite, dans lequel elle apprendra comment communiquer (et même plus...) avec les morts jusqu'à, peut-être, sombrer dans la folie. Heureusement, la petite Ava, treize ans, semble avoir la tête sur les épaules pour tenter de faire vivoter, encore un peu, la splendeur ténue de Swamplandia. Mais jusqu'à quand ? D'autres personnages tout aussi déjantés - le "fantomatique" Louis Thanksgiving, L'Oiseleur, Mama Weeds... - viendront pimenter le fascinant (premier) roman de l'Américaine Karen Russell, dont l'atmosphère rappelle le cinéma de Wes Anderson. Amusant et mélancolique (effrayant, à l'occasion), Swamplandia touche le lecteur grâce à la singularité de son univers et la poésie de sa langue particulièrement inventive. Derrière les tribulations du drôle de clan Bigtree, la jeune romancière décrit surtout le déclin et l'inévitable disparition d'un monde, la quête d'un paradis perdu dont, finalement, nous sommes contraints de n'être que les touristes. Ou, qui sait ?, les alligators... Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites