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Tortue : "Lonesome George" n'était peut-être pas le dernier descendant de son espèce

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Tortue : "Lonesome George" n'était peut-être pas le dernier descendant de son espèce

La tortue "Lonesome George" considérée comme dernier spécimen de son espèce a trouvé la mort cet été sans laisser d'héritier. Toutefois, son patrimoine génétique a été retrouvé dans d'autres espèces hybrides.


Lorsque Lonesome George a disparu l'été dernier, il a emporté avec lui l’existence entière des Chelonoidis abingdonii, une des dix espèces de tortues géantes endémiques de l’archipel équatorien des îles Galapagos. En effet, Lonesome George, nommée d'après l'acteur américain George Gobel, était depuis 1972, l’hôte du Parc national de la région. Malgré toutes les initiatives visant à l’accoupler avec des femelles d’une sous-espèce génétiquement proche à la sienne, la tortue est morte à l’âge de cent ans sans laisser le moindre héritier. Elle est ainsi devenue un symbole de la lutte pour la protection et la conservation d’un écosystème fragile dont chacun est responsable.

Toutefois, il semblerait que le destin des Chelonoidis abingdonii, rangés depuis peu au rang des organismes éteints, ait récemment connu un revirement de situation. Des chercheurs de l’Université de Yale affirment en effet avoir découvert de potentiels "descendants" de Lonesome George. Pour en arriver à une telle conclusion, l’équipe a analysé des échantillons d’ADN prélevés auprès d’une population de 1.667 tortues, située sur l’île Isabela de l’archipel dans la région du volcan Wolf. La région encore très primitive est, à bien des égards, encore très peu connue.

Des potentiels descendants de Lonesome George

Les résultats, publiés dans la revue Biological Conservation, mettent en évidence l’existence de dix-sept spécimens hybrides dont le patrimoine génétique serait l’héritage d’un ancêtre appartenant à l’espèce des Chelonoidis abingdonii. Parmi ceux-ci, trois sont des mâles, neuf sont des femelles et cinq sont des jeunes. La présence d’organismes juvéniles est ainsi un réel espoir pour les spécialistes qui soupçonnent la présence sur l’île d’un éventuel spécimen appartenant à part entière à l’espèce.

"Les parents de certains adultes peuvent également être encore en vie aujourd'hui" assure Danielle Edwards, chercheur à l’Université de Yale. Ces spécimens de tortues géantes peuvent en effet vivre jusqu’à deux cent ans permettant ainsi la co-existence de plusieurs générations. La zone dans laquelle ont été identifiés les hybrides s’étend sur un rayon d’environ cinquante kilomètres. Selon les scientifiques, ce sont les courants océaniques qui auraient porté les Chelonoidis abingdonii à s’étendre au delà de leur région d’origine : l’île de Pinta.

Encore plus probables, les navires de chasse et de guerre du 19e siècle auraient pu transporter avec leur équipage des tortues vivantes avant de les abandonner sur d’autres territoires. Ces spécimens, capables de survivre jusqu'à 12 mois sans eau ni nourriture, étaient à l’époque pour les marins une source de viande utile pour éviter le scorbut sur les ​​longs voyages en mer. Toutefois, au cours de conflits entre deux flottes, les tortues géantes lourdes entre 90 et 270 kilogrammes étaient souvent jetées à la mer pour alléger la charge des navires.

Une nouvelle vie après l’extinction ?

La nouvelle découverte représente un véritable espoir de sauver l’espèce de Lonesome George. Grâce à une subvention délivrée par le Comité pour la recherche et la conservation du National Geographic Society, les chercheurs envisagent de revenir au printemps afin de recueillir les individus hybrides et commencer un programme d’élevage visant à réintroduire les Chelonoidis abingdonii. "Le mot 'Extinction' signifie généralement le point de non retour" écrit dans un communiqué Adalgisa Caccone, auteur principale de l’étude. Elle conclut "Pourtant, les nouvelles technologies peuvent parfois donner de l’espoir en contestant le caractère irrévocable de ce concept".

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