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Max|mum-leterrarium

La jihad du Python

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La jihad du Python

Depuis mi-janvier, 1500 chasseurs se sont inscrits au premier Python Challenge de Floride. Le concours consiste à tuer le plus grand nombre possible de pythons de Birmanie, une espèce qui a envahi le parc national des Everglades.



Le python de Birmanie a proliféré dans l’Etat d’une manière éhontée. C’est l’opposé du bison, que les tribus indiennes réintroduisent dans les grandes plaines ou du pika (ochotona princeps), une sorte de lièvre miniature de la taille d’un cobaye.
Le python est une espèce non indigène ; une pièce rapportée, qui a bénéficié de la mondialisation des fantaisies individuelles. Les premiers pythons ont été adoptés dans les années 90 comme animaux de compagnie (des joyeux drilles, ces pythons comme chacun sait. Il y a quelques années, on a retrouvé un demi-alligator dans l’œsophage du reptile). Finalement, les propriétaires, débordés, ont préféré s’en débarrasser dans les marais.



Les pythons birmans ont envahi les Everglades, cette région de 6100 km carrés à la pointe de la Floride, classée au patrimoine de l’humanité. Ils détruisent l’écosystème, et engloutissent tout sur leur passage : lapins, renards, opossums. Ils remontent vers le Nord et, selon les scientifiques, pourraient envahir tout le sud des Etats-Unis.
Cette année, le désespoir a conduit la commission des pêches et de la faune de Floride à lancer un grand concours national : le challenge du python. L’objectif est d’ « attirer l’attention du public sur les pythons de Birmanie ». Autrement dit d’en tuer le plus possible. Les volontaires ont le choix des armes, machette ou fusil, mais il faut avoir détruit la tête. « Comme si la Floride n’apparaissait pas déjà assez dingue au reste du monde, voilà que l’Etat a invité tous les fondus des armes à feu», écrit Dave Barry, le chroniqueur–humoriste du Miami Herald qui vient de publier un roman (Insane City) dont l’un des protagonistes est un python albinos, du genre de ceux que les bateleurs montrent aux touristes sur les plages de Miami…



En quatre semaines, plus de mille chasseurs ont débarqué dans les Everglades pour profiter de l’aubaine (pas besoin de permis pour tirer dans les fourrés. Et l’inscription au concours ne coute que 25 dollars). Ils ont fait des milliers de km pour le plaisir de participer à ce que certains appellent Snake Jihad, la guerre sainte pour empêcher les serpents de « prendre le contrôle du reste de l’Etat ». Dans leur tenue de camouflage, les jihadistes arpentent les marais avec leur arme à feu ou leur machette. Il n'est pas illégal de manger la chair de l'animal mais sont informés que les tests ont montré des niveaux de mercure dangereux.



Selon le règlement du concours, les participants ont « l’obligation morale de tuer le python de manière humaine ». Sur le site web, un graphique indique l’endroit précis du plat de la tête où frapper pour que le serpent ne souffre pas (le cerveau du python peut rester actif plus d’une heure après la décapitation), ce que la Commission des pêches appelle: "récolte humaine du python".
Mais, même "humainement" administré, le massacre des pythons a ses ennemis, comme PETA, le groupe qui lutte contre la cruauté envers les animaux ("c'est l'année du serpent", proteste-t-il). Et ses détracteurs dans la presse, comme le National geographic qui relève que le python birman ne pourra jamais être éradiqué de toute façon (certains -peut-être pas très objectifs- trouvent que les grenouilles de Cuba font plus de dégâts, mais que l'opinion de tolérerait pas la chasse à un animal aussi mignon qui a peut-être fui le régime, après tout).



La récompense, qui doit être décernée le 16 février, est de 1500 dollars pour l’équipe qui tue le plus grand nombre de pythons ; 1000 dollars pour celle qui attrape le plus long (les serpents peuvent mesurer plus de 4 mètres). Le 7 février, deux chasseurs épuisés et déshydratés, originaires du Tennessee, ont du être secourus dans les Everglades.
A ce jour, 50 pythons seulement ont été tués. Il en reste des milliers. « Il va peut-être falloir en venir aux drones », prévoit Dave Barry.

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