Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 27 juin 2013 À la recherche des cistudes, les tortues de la DuranceCes tortues-làne se sont pas échappées d'un aquarium après avoir mordu leur propriétaire. Sans doute, même, étaient-elles là, sur les rives de la Durance, bien avant l'Homme.Mais la cistude - Emys orbicularis, pour les intimes - est rare et farouche. Si cette espèce aquatique promène sa carapace un peu partout en France, notamment en Corse, en Camargue et dans le Var, on sait encore très peu de chose sur les populations qui vivent en Durance."Il y en a, c'est certain, notamment plus haut, dans la Durance, mais on ne sait pas combien,ni comment est répartie la population, car il n'existe pas de données scientifiques", explique Cédric Roy, responsable de l'étude des cistudes en Basse-Durance, pour le compte du Centre d'espaces naturels Paca (Cen).Mais la donne a changé : la discrète tortue fait désormais l'objet d'un "Plan national d'actions en faveur des espèces menacées".L'idée étant de savoir où se trouve l'animal et comment évoluent ses différentes populations, disséminées le long du cours d'eau, pour mieux les gérer et les protéger.Satellite et garde-chasseC'est là qu'interviennent Julia Cochet et Thibault Argouges, volontaire du Service civique et étudiant en école d'ingénieur. Ils sont chargés par le Cen de capturer, mesurer et marquer les cistudes de la Durance, selon un protocole strict.Pour cela, ils se sont d'abord basés sur des photos satellites afin d'établir des zones susceptibles de contenir des tortues. "Elle aime les eaux stagnantes. Plus l'eau est trouble, mieux c'est, sourit Thibault. Ce sont des zones où elle va prendre le soleil - car c'est un animal ectotherme - mais pour la ponte, elle va plutôt préférer des zones calmes, davantage dans les terres."Les environs de Caumont présentant toutes les conditions, l'équipe s'est alors rapprochée du Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance et du garde-chasse, Patrice Barraud, pour définir la meilleure zone a prospecter. "C'est l'occasion de sensibiliser les acteurs locaux, qui seront au premier plan pour protéger ces tortues", note Thibault."C'est un animal très craintif, qui peut rester en apnée pendant 20 minutes, explique Julia, en parcourant les berges marécageuses aux jumelles. D'autant que plus la saison de la reproduction approche - la ponte à lieu entre juin et juillet - plus il est difficile de les approcher."Dans la nassePas question, donc, de leur courir après. L'équipe dispose des nasses avec des appâts en plusieurs endroits, et revient chaque matin vérifier le contenu des pièges. "Elles chassent la nuit, poursuit Julia . Les cistudes juvéniles sont carnivores, elles se nourrissent de larves de coléoptères notamment, puis elles deviennent omnivores. On les appâte donc avec des morceaux de poisson" Après plusieurs jours de pêche vaine - ou presque (ci-dessous) - une cistude a enfin été capturée il y a 10 jours. "On en avait observé une, sans pouvoir l'approcher. Celle-ci, une femelle, porte des oeufs, il y a donc au moins un mâle, avance Cedric Roy.En tout cas, ce n'est pas une grosse population."La tortue capturée a fait l'objet de prélèvements biologiques, puis a été mesurée et marquée, pour être identifiée en cas de recapture. "Comme chaque tortue a le même nombre d'écailles, on a mis au point un code, explique Thibault, on attribue un chiffre à chaque écaille, et on fait une petite entaille dessus, pour donner un numéro à chaque individu". La première cistude de Caumont a depuis regagné les berges de la Durance.Tortues exotiques : la grande invasionSi la cistude ne court pas les rues, la tortue à tempes rouges, dite "tortue de Floride", elle, pullule. Et notamment dans la Durance.L'équipe du Cen n'a d'ailleurs pas manqué d'en capturer plusieurs spécimens à Caumont."Elle a été vendue pendant quinze ans en animalerie, souvent sous l'étiquette tortue naine", déplore Cedric Roy. Mais adulte, l'animal, qui peut atteindre deux kilos n'a plus rien d'un nain.Pire, certains individus peuvent devenir agressifs. "Ça mord et ça fait vraiment très mal", sourit le scientifique. Alors, beaucoup ont fini dans la nature. "Les gens pouvaient penser qu'elles seraient mieux dans une rivière que dans un aquarium devenu trop petit. Mais non".Les specimens capturés par les chercheurs ne sont donc jamais relâchés dans la nature, mais envoyés dans un "refuge"."La tortue à tempes rouges a un statut assez flou, note Cedric Roy. C'est une espèce envahissante, mais pas invasive - invasif étant le terme juridique - il n'y a donc pas d'arrêté de destruction."La cistude partageant le même habitant, reste à savoir si sa lointaine cousine de Floride est nuisible pour l'espèce. "C'est un grand débat entre naturalistes. Pour l'instant, il n'y a pas d'études qui démontrent la compétition entre ces deux espèces, indique le chercheur. Mais la tortue a tempes rouges n'est pas la seule tortue exotique que l'on retrouve dans le milieu naturel. Et d'autres espèces sont toujours vendues en animalerie."Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites