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Max|mum-leterrarium

Les serpents géants, un marché pour initiés

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Les serpents géants, un marché pour initiés



(Québec) À la suite de la tragédie ayant coûté la vie à deux garçons de Campbellton au Nouveau-Brunswick - probablement tués par un python de Seba (python sebae) -, nous sommes partis à la chasse aux serpents géants. Y en a-t-il au Québec? Si oui, qui en possède, qui en vend, qui en importe? En fait, nous voulions savoir si la porte de votre voisin peut abriter une ménagerie pour le moins exotique et imposante. Suivez-nous sur la piste des pythons, des anacondas et autres boas constrictors.Répondons tout de go à une des principales interrogations : oui, il y est possible de débusquer la désormais tristement célèbre espèce de serpent géant, le python sebae, au Québec. Kevin Hamel, un Montréalais passionné de reptiles en tous genres, peut en témoigner; il en possédait deux qu'il a vendus à un autre fana.Alors, pourriez-vous nous révéler où les amateurs de serpents peuvent se procurer un reptile pouvant atteindre 6 mètres - peut-être jusqu'à 9 mètres - et peser aussi lourd qu'un humain? «C'est dans les conventions de reptiles la plupart du temps», nous oriente notre guide. «Certains reptiles sont plus faciles à obtenir à Toronto qu'à Montréal.»C'est justement dans une exposition commerciale de la métropole québécoise que Kevin Hamel, de KH Reptiles, a trouvé preneur pour ses deux jeunes pythons sebae. «La personne qui me les a achetés avait déjà une dizaine d'anacondas!»Les sebae sont partis. Mais M. Hamel ne vit pas seul pour autant. Ils sont une quinzaine dans la pièce de l'appartement qui leur est réservée. Les plus petits sont des bébés pythons réticulés arrivés d'une ferme d'élevage de l'Indonésie. Environ 55 bébés pythons de Birmanie étaient aussi couvés chez lui, mais ils viennent de trouver de nouveaux foyers, à Montréal, à Toronto. «C'est une passion.»Ses plus gros pensionnaires, un python réticulé et un python de Birmanie, mesurent près de 5 mètres. Sa préférée est Fluffy, nourrie avec un porcelet tous les 15 à 18 jours. Elle serait très calme. Assez pour qu'elle participe aux spectacles que présente son maître dans les écoles, fêtes d'enfants, festivals; il collabore avec Repti-Zone pour faire découvrir ses nombreux «amis» exotiques, pas seulement des serpents, histoire de démystifier cet univers méconnu.En suivant la piste des serpents géants, on croise souvent des mygales, des scorpions, des lézards variés... La clientèle est la même. Kevin Hamel héberge bien d'autres êtres vivants, dont un varan. Mais ne nous égarons pas, restons sur la piste du python sebae aussi connu sous une série de noms : African Rock Python, python de Seba, python africain...Quelques sites Web vendent aussi ledit serpent de forte taille. Les offres sont néanmoins éparses, souvent publiées dans des forums de discussion où se retrouvent les amateurs. Et puisque les vendeurs sont souvent installés aux États-Unis, on ne peut les commander. Depuis l'an dernier, l'oncle Sam interdit à ses gros serpents de sortir de l'État où ils se trouvent.«C'est mieux comme ça», évalue Kevin Hamel. Mieux vaudrait ne pas pouvoir s'en procurer trop facilement. «Ça reste un animal sauvage. Mais il faut rassurer le monde. Il y a plein de monde qui sont passionnés et qui sont capables de garder les serpents de façon sécuritaire.» Notre interlocuteur construit ses vivariums lui-même, chacun est muni de deux serrures et la pièce où ils logent est aussi barrée.Les plus tenaces, qui ne trouvent pas l'espèce de serpent qu'ils désirent dans les foires, se tournent finalement vers les marchés internationaux. «Sinon, c'est avec l'importation, mais c'est plus rare», explique Kevin Hamel.Les règles sont strictes puisque les grands serpents sont couverts par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).Quelques centaines de pythons sebae ont tout de même été importés au Canada au cours des dernières années, selon des données obtenues auprès du World Conservation Monitoring Centre, une branche du Programme des Nations Unies pour l'environnement installée à Cambridge en Angleterre. Beaucoup ont été transformés en souliers et autres produits de l'industrie du cuir! Plusieurs dizaines étaient cependant destinés au marché du «vivant». Leur provenance : Sénégal, République centrafricaine, États-Unis, Afrique du Sud, Bénin, Ghana, Mali, Togo, Cameroun, Soudan, Tanzanie...Pour collectionneursEn poursuivant la traque du python de sebae, force est de constater que le marché semble limiter à quelques collectionneurs et éleveurs. Un novice pourrait en dénicher facilement? Pas vraiment. Il devrait visiter plusieurs adresses spécialisées en la matière. Et il n'est pas acquis que le commerçant accepterait de lui vendre un serpent qui pourrait mesurer plus de 6 mètres une fois adulte.Avec un peu de persévérance, il est à la portée de tous de dénicher une animalerie qui commandera un python de sebae ou un autre géant comme le python de Birmanie ou l'anaconda, soutient malgré tout le président de l'Association d'herpétologie de Montréal, Philippe Lamarre.«Donc, il y en a qui sont quand même vendus à des gens qui ont peu d'expérience. Ce n'est pas très commun comme espèce, mais il y a moyen d'en avoir.» Tous les vendeurs n'affichent pas la même retenue quand un client se présente.Pas de «gros vendeurs»Soyons honnêtes, les pythons de sebae ne sont pas de «gros vendeurs». Ni les autres serpents de grande taille d'ailleurs. «Ce n'est pas quelque chose qui est très populaire», confirme René, un éleveur québécois de serpents, déniché dans le cyberespace, qui ne veut pas trop s'exposer publiquement. «La plupart des reptiles disponibles facilement, ça ne dépasse pas4 ou 5 pieds [environ 1,5 mètre].»Vétérinaire d'expérience de l'Hôpital pour oiseaux et animaux exotiques de la rue Sherbrooke à Montréal, la Dre Danielle Beaulieu se souvient d'avoir accueilli un seul serpent de taille similaire... au cours des 20 dernières années. Mais pas de python sebae dans la liste des patients.Magazoo, un des plus imposants établissements centrés sur les reptiles, n'en garde plus. «On n'en a pas présentement», nous a dit une des commis au téléphone. La dame, qui n'avait pas le temps de discuter, affirme ne pas avoir vu de spécimens sur le marché depuis plusieurs années. «Ce sont des serpents qui ont un mauvais caractère.» Même l'Exotarium, centre d'exposition de reptiles de Saint-Eustache, s'est départi de ses pythons sebae : «Cette espèce-là, il n'est pas de bonne humeur!» lance la copropriétaire, Martina Schneider.Les commerces ont aussi cessé la vente parce qu'ils étaient coincés avec la marchandise, ajoute son associé Hervé Maranda. Les petits serpents agressifs n'attiraient pas la sympathie des clients.En déambulant sur la Toile, toujours en suivant la piste du python sebae, on atterrit d'ailleurs parfois sur des questions lancées par de nouveaux propriétaires demandant conseil auprès des internautes pour les soins de leur pensionnaire. Des interrogations suivies de nombreux commentaires négatifs d'habitués des reptiles les invitant à se départir du serpent colérique à moins qu'ils connaissent bien ses caractéristiques.Même constat chez Reptile Amazone où on n'avait pas vraiment envie de s'épancher. On ne veut pas vendre de python sebae parce que trop long, parce que trop prompt à attaquer.Limite de tailleÀ Québec, l'animalerie Dyno de la rue Soumande s'est imposé une limite de taille pour les serpents mis en vente. «Nous, ça arrête à 10, 12 pieds [entre 3 et 4 mètres] maximum à l'âge adulte», note le responsable du département des reptiles, Charléli Arsenault-Tremblay. «Et si tu me dis que tu n'as jamais eu de serpents, tu ne repartiras pas avec ceux-là. On ne vend pas n'importe quoi à n'importe qui.» Pas de python de sebae dans l'inventaire, donc, qui compte néanmoins environ 75 serpents valant entre 80 $ et 600 $.À la maison, Chaléli Arsenault-Tremblay a déjà collectionné les serpents. Le plus imposant avait 4,5 mètres. Il s'est fait mordre à l'occasion, un réflexe de défense normal chez ces reptiles, selon lui. À l'humain de s'adapter. «Les animaleries ne tiennent pas trop ces gros serpents-là parce que les gens sont moins intéressés d'avoir un serpent qui devient énorme à l'âge adulte», observe Frédérick Lelièvre, biologiste au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs. «Ce n'est pas tout le monde qui veut consacrer une pièce entière de son appartement à héberger un serpent.»Ancien employé du défunt zoo de Québec, M. Lelièvre souligne que les serpents géants adultes sont encombrants, qu'ils deviennent grands et lourds, difficiles à manipuler. «C'est juste du muscle. Ces serpents sont des constrictors, donc ils vont étouffer leurs proies pour les tuer. Ils ont besoin d'une musculature qui est imposante.»Des milliers de pythons de Seba vendus chaque annéeChaque année, des milliers de pythons sebae sont vendus dans le monde. Et il n'est question ici que d'une espèce de serpents géants. Seulement en 2013, quelques pays exportateurs africains ont obtenu l'autorisation, en vertu de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), de vendre quelque 3650 pythons sebae légalement. Certains peuvent être capturés dans la nature, d'autres doivent provenir de fermes d'élevage. Beaucoup peuvent être cédés vivants, mais 500 autorisations ne permettent que le commerce de leur peau. Il ne s'agit que des permis légaux de commerce international. Le braconnage est difficilement quantifiable. Tout comme le commerce intérieur, la vente de serpents nés localement, aux États-Unis et au Canada par exemple.En 2009, les États-Uniens avaient essayé d'évaluer le marché pour neuf espèces de pythons et d'anacondas ainsi que pour le boa constrictor. Les voisins étaient inquiets parce que le climat chaud de la Floride plaisait un peu trop au python de Birmanie, un cousin du sebae, et au boa constrictor qui proliféraient dans la nature. Dans le rapport, produit par le United States Geological Survey (USGS), on évaluait que plus de 1,1 million de serpents géants avaient été importés aux États-Unis en 30 ans, dont quelques dizaines de milliers de pythons sebae. Les auteurs soulignaient toutefois que ce nombre était probablement sous-estimé, les données n'étant pas jugées très fiables, d'autant plus que «le commerce illégal des reptiles est considérable».

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