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Max|mum-leterrarium

Bassin de Thau : ces petites bestioles qui font la loi

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Le lézard ocellé de nos garrigues est une espèce protégée qui donne parfois du fil à retordre aux aménageurs. (CH.P.)

Faucon crécerellette , pie grièche à poitrine rose, "magicienne dentelée", lézard ocellé, etc., le bassin de Thau recèle de nombreuses espèces protégées. Devant lesquelles l'homme s'incline, détourne ses routes, déplace ses ponts...

"Il est difficile d’expliquer à des riverains que l’on rapproche une route de leur maison pour éviter de déranger une mante religieuse, une libellule… Ou à un agriculteur que la chaussée passe dans son champ parce que sur le platane d’à côté niche… une pie. Il vous rétorque généralement qu’il va s’en charger, personnellement, de la pie." Et pourtant la loi, parfois autant que le bon sens, s’impose quand la “bestiole” en question est protégée.

Dominique Jaumard, le directeur des routes du Département, en sait quelque chose. Lui qui, des frontières gardoises au Cœur d’Hérault en passant par le bassin de Thau, se doit d’appliquer le “principe de protection des habitats des espèces protégées”. Une déclinaison de la réglementation européenne lourde de conséquences pour les chantiers, en terme de délais, et de coût.

Montbazin "cerné" par les volatiles protégés

Exemple : le projet de déviation de Montbazin. Entre ce village et Villeveyrac nichent 14 couples de pies grièches à poitrine rose (qui “nidifient” aussi entre Poussan et la Crique de l’Angle), l’essentiel de la population hexagonale de cet oiseau très menacé. À l’aube des études d’impact concernant ce chantier, le conseil général devra mandater des spécialistes en ingénierie environnementale, qui sillonneront le terrain, "en différentes saisons", histoire de bien cerner les mœurs des espèces vivant dans le secteur. Les spécialistes (partenaire de la LPO, le Département fait aussi appel aux Écologistes de l’Euzière, à la société Biotope, à Mèze…) rendront alors leur rapport, sur la faune comme sur la flore.

Ensuite, seulement, le conseil général pourra décider de la procédure à suivre : "On essayera d’abord de contourner les zones où niche la pie grièche, où vit le lézard ocellé ou l’outarde canepetière, explique Dominique Jaumard. Si on ne peut techniquement “éviter” le secteur, on tentera de “réduire” au maximum l’impact sur leurs habitats, en aménageant l’espace. Enfin, si aucune de ces solutions n’est envisageable, on devra “compenser” en achetant des terrains où les “transférer”." Et cela concerne faune et flore.

En prévision de la déviation de Montbazin, le conseil général sait déjà qu’il devra mettre la main à la poche et acheter des terrains pour compenser la destruction d’habitats. Ce qui n’est pas une mince affaire, "le ratio entre l’espace pris et l’espace compensé allant parfois d’un à dix" ! Pour exemple, le projet de ZAE dite de La Reille, à Montbazin, a capoté du fait de la présence de trois couples d’outardes canepetières (une sorte de grosse perdrix). Pour compenser la destruction de son habitat, il fallait en effet trouver 60 hectares vierges. Que la commune n’avait pas.

A Villeveyrac, des "maisons" pour chauve-souris

Voilà pour la compensation. Autre exemple de réduction d’impact, via des aménagements cette fois : les ouvrages d’art de la déviation de Villeveyrac (récemment livrée) ont été conçus de façon à permettre la nidification des chauves-souris (une histoire d’écartement de dalles de béton, paraît-il). Des contraintes que le “patron” des routes héraultaises accepte sans - trop - sourciller : "C’est important, la chauve-souris. Elles sont toutes protégées et à l’intérieur de cette espèce, il y a des familles encore plus rares sur le bassin de Thau. On leur offre de l’habitat, pas seulement parce qu’on y est obligés : elles mangent les moustiques, c’est intéressant." Difficile de trouver plus compréhensifs comme aménageurs.

"Pour l’outarde canepetière, on a parfois acheté jusqu’à 15 hectares"

"Une dérogation pour toucher à l’habitat d’une espèce protégée nécessite une dérogation du conseil national de protection de la nature. Et ça, ça ne se fait pas en 48 heures : il y a des experts pour chaque espèce !" Ensuite, pour un diagnostic faune-flore, il faut compter, outre le coût, un an de travail. Tout ceci (ajouté aux contraintes techniques et à la réalisation, bien sûr) fait que "mener à bout un gros projet, même rapide, c’est 10 ans !", assure Dominique Jaumard.

Dix ans et de l’argent. Les seules préoccupations de protection des habitats des espèces peuvent représenter "jusqu’à 10 % du coût : pour la seule outarde, on a parfois acheté jusqu’à 15 hectares…", confie le spécialiste. Toutes préoccupations environnementales incluses (paysager, talus, ressources en eau, reconstitution des habitats), le conseil général estime l’enveloppe à 30 % de la facture finale ! Mais ne s’en plaint pas : "Détruire l’habitat d’une espèce, ça relève du pénal, rappelle le directeur des routes. Et puis l’intérêt objectif du conseil général, c’est bien de protéger le patrimoine héraultais : on ne va pas se tirer une balle dans le pied !"

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