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Max|mum-leterrarium

Le paradoxe des lézardes en mal de féminité

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Chez le lézard des palissades oriental (Sceloporus undulatus), certaines femelles présentent un ornement typiquement masculin : des taches bleues sur l’abdomen et sous la gorge, copies atténuées de celles, plus vives, qu’arborent les mâles. Selon les résultats d’une étude publiée en ligne dans Biology Letters le 6 novembre, ces femelles « à barbe » attirent moins les mâles, qui leur préfèrent leurs congénères plus « féminines ».
Ces femelles délaissées sont pourtant majoritaires (44 % à 95 % selon les populations) chez cette espèce de lézard ovipare natif d’Amérique du Nord. C’est ce curieux paradoxe qui a poussé la biologiste Tracy Langkilde, professeure à l’université d’Etat de Pennsylvanie (Etats-Unis), à s’intéresser à leur cas : « Si les femelles “à barbe” payent le prix de cet ornement par une diminution de leur valeur sélective, pourquoi ces traits masculins persistent-ils ? »

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La chercheuse a exploité des données existantes sur la fécondité de 118 femelles prélevées en Alabama, au Mississippi et en Arkansas. Puis elle a testé la préférence de 17 mâles en matière de choix du partenaire sexuel (avec ou sans « barbe » ?), en examinant deux indicateurs : le temps passé par les mâles à proximité d’une femelle (à moins de trois lézards de distance) et à la courtiser – un comportement consistant essentiellement en un hochement de tête si rapide qu’on a parfois l’impression que les lézards vibrent.

Verdict : les mâles frémissent préférentiellement pour les belles dénuées d’atours masculins. Les femelles « à barbe » se reproduisent pourtant in fine autant que leurs rivales. Mais elles pondent un petit peu moins d’œufs (9,9 contre 11,9) et, surtout, leurs couvées s’avèrent plus légères (3,73 contre 5,11 grammes) et plus tardives (la ponte a lieu en moyenne 13 jours plus tard, l’éclosion 8 jours plus tard), ce qui pourrait avoir des conséquences en matière de croissance ou de survie des jeunes.

TESTOSTÉRONE

Pourquoi ces femelles sont-elles si nombreuses à posséder un trait qui semble les désavantager et n’a aucune fonction connue par ailleurs ? La testostérone est peut-être la clé de l’explication.

En effet, les taches de couleur sont liées au niveau de concentration de cette hormone sexuelle mâle. « Nous pouvons en déduire que les femelles qui présentent ces motifs présentent aussi des niveaux de testostérone plus élevés », estime Tracy Langkilde, qui précise que ces niveaux restent à mesurer. En temps ordinaire, une forte concentration en testostérone est associée à de nombreux inconvénients : croissance et survie plus faibles, parasitisme accru, stress plus élevé…

Il serait donc possible que la possession de cet ornement masculin coûteux corresponde à un simple instantané dans un processus évolutif au long cours : les femelles « à barbe » seraient en fait en train de disparaître sous l’effet de la sélection sexuelle, préfigurant un dimorphisme sexuel plus accentué. Mais il est aussi envisageable que la testostérone leur procure des bénéfices cachés, que Tracy Langkilde compte étudier prochainement : « Ces femelles ont peut-être des fils plus “sexy”. Plus agressives, elles sont aussi peut-être favorisées dans la compétition pour les ressources, par exemple en cas de sécheresse. » Second choix sur le plan sexuel, ces femelles plus masculines trouveraient ainsi matière à compensation dans une domination sociale de leurs congénères plus « attractives »…

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