Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 27 novembre 2013 La vie du crapaud sonneur à ventre jaune, une vie qui pèse plus lourd que l'agriculture axonaise ?AISNE - Les agriculteurs de l'Aisne ont un porte-parole assez efficace en la personne de Philippe Pinta. Il dit en peu de mots ce que tous semblent ressentir au quotidien.« La réglementation européenne, d'accord, mais ne nous mettons pas des boulets franco-français au pied », réclame le président de la chambre d'agriculture de l'Aisne en se tournant vers le préfet.L'objet de son courroux n'émane pas seulement de la réforme de la PAC (politique agricole commune), laquelle doit aboutir dans sa transposition nationale d'ici la fin du mois de décembre. L'exaspération de la profession, qui a accepté sur le principe qu'on tente de relancer l'élevage en rééquilibrant les aides qui soutenaient jusqu'ici les cultivateurs, repose surtout sur les bâtons que l'état français s'évertue à flanquer dans les roues du tracteur.« 2013 restera une année de production réglementaire intensive, ironise Philippe Pinta. Je me demande si on n'a pas touché le fond. » Entre le schéma de cohérence économique, la directive nitrate, l'écotaxe ou encore les zones de protection écologiques, l'agriculteur cherche de l'air. Jusqu'à l'étouffement.« Je viens de lire un arrêté municipal pris dans une commune de l'Aisne, insiste le président. Pour protéger le crapaud sonneur à ventre jaune, on interdit la circulation sur chemin agricole onze mois sur douze. On va pouvoir travailler un mois sur douze, ça devient du délire profond ! »Dans l'assemblée, il a quelques alliés non moins expressifs. « On nous sort des taxes nouvelles tous les deux jours en ce moment, observe Olivier Dauger, président de l'union des syndicats agricoles de l'Aisne. La dernière vient de tomber : cinquante centimes d'euro par mètre linéaire de cours d'eau payable par les propriétaires… »En clair, les agriculteurs ont toujours une dent contre l'écologie, qui semble avoir phagocyté les arcanes de la politique française, et ce même s'ils se targuent d'avoir parfaitement épousé, chacun sur leur territoire, cette cause universelle.Pour les soulager un tantinet, le préfet, Hervé Bouchaert, a fait ce qu'il a pu. « J'essaye de m'en tenir pour l'Aisne au minimum demandé, mais la France a été condamnée dans son contentieux avec l'Union Européenne. ». Il a également accordé une prolongation de la période d'épandage.« C'est la fin du fermage »Les élus de la chambre d'agriculture avaient été rassurés par le discours de François Hollande sur la réforme de la PAC, prononcé le 2 octobre à Cournon-d'Auvergne. « Mais depuis, l'interprétation qui en est faite a été détournée dans une volonté de ponction plus forte », note Olivier Dauger, alors que de nombreux points restent à éclaircir par le gouvernement dans la répartition des aides.L'une des craintes de la profession, notamment autour des surprimes aux 52 premiers hectares, concerne les destinataires de ces aides. « On risque de les donner à des gens qui ne sont pas agriculteurs professionnels », mesure Henri Brichart, ancien président national des producteurs de lait.« C'est la fin du fermage, l'augmentation du salariat et la fin de l'agriculture telle que nous la connaissons », appuie Olivier Dauger. Tous redoutent de voir débarquer dans leur milieu des entrepreneurs avides de subventions.Enfin, les agriculteurs axonais ont également débattu du SRCE, le schéma régional de cohérence écologique, actuellement en cours d'élaboration. Des zones réservoirs de protection de la faune et de la flore doivent être reliées par des corridors. « On réclame une concertation, prévient Robert Boitelle, président délégué à l'aménagement rural. ça représente 178 000 hectares de réservoir dans l'Aisne, c'est notre outil de travail qui est menacé au profit des enjeux environnementaux. Sur les éléments graphiques qui nous ont été transmis, on a l'impression que les corridors ont été tracés au rouleau à peinture. »« Il ne faut pas aller trop loin dans la crainte, arrête le préfet. De nombreuses zones sont déjà incluses dans la catégorie, le dommage ne devrait pas être grand. Et puis elles n'auront qu'un caractère prescriptif, même si des décisions de tribunal administratif peuvent ensuite les rendre plus strictes. »Éric JONNEAUSource Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites