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Max|mum-leterrarium

La force de la couleuvre brune

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Parce que son statut est jugé précaire, sa simple présence peut forcer l’arrêt d’un chantier de construction… comme celui du futur pont Champlain


Au Québec, on ne trouve la couleuvre brune que dans la région de Montréal, où elle affectionne les terrains vacants et en friche.

Elle a beau être discrète et inoffensive, sa seule présence peut obliger l’arrêt d’un chantier de construction. Elle a même réussi à faire parler d’elle à la commission Charbonneau plus tôt cette année. C’est parce que son statut est jugé précaire que la couleuvre brune doit faire l’objet de mesures de protection particulières lors de travaux de construction. Le chantier du futur pont Champlain n’y fera pas exception.

En 2010, la sauvegarde d’une quarantaine de couleuvres brunes avait fait partie des conditions imposées par le ministère de l’Environnement pour la délivrance du certificat d’autorisation du chantier du complexe Turcot.

Puis, en janvier dernier, l’ingénieur Michel Lalonde avait relaté devant la commission Charbonneau que le chantier du Faubourg Contrecoeur avait dû être retardé en raison de la découverte de couleuvres brunes sur le site. Après que trois couleuvres eurent été capturées et déplacées, les travaux avaient pu commencer, avait-il dit.

Pourquoi tant d’émoi sur les chantiers ? C’est que la couleuvre brune a été placée sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec en 1992. Elle est considérée comme rare parce qu’au Québec, on ne la trouve que dans la région de Montréal et qu’il s’agit de la limite nord de son aire de répartition en Amérique du Nord. Et pour son plus grand malheur, la couleuvre brune affectionne les terrains vacants et en friche qui, tôt ou tard, sont susceptibles d’accueillir des projets de construction.

Les couleuvres du pont Champlain

Les couleuvres sont aussi présentes aux abords du pont Champlain, principalement du côté de Montréal et sur l’île des Soeurs. Dans leur rapport d’évaluation environnementale sur le projet du nouveau pont, les firmes Dessau et Cima + préviennent déjà Transport Canada que des précautions devront être prises avant le début du chantier. Les couleuvres devront être déplacées dans des lieux plus propices et un suivi sur quatre ans devra être fait pour s’assurer que les reptiles se sont bien adaptés à leur nouvel habitat.

Étudiant à la maîtrise en biologie à l’Université de Montréal, Philippe Lamarre connaît bien la couleuvre brune, car il en a fait l’objet de ses recherches. Si elle fait tant parler d’elle, ce n’est pas parce qu’il y en a beaucoup, mais parce qu’on utilise fréquemment son habitat, confirme-t-il : « Les habitats qu’elle préfère, ce sont des terres en friche, des terrains ouverts, des champs abandonnés. Ce sont souvent des endroits où il va y avoir des projets de construction ou des routes qui vont passer. Elle a fini par être souvent dans les jambes. »

Dans le cadre de son projet de maîtrise, M. Lamarre a échantillonné des couleuvres brunes dans 10 habitats de la région de Montréal. Or, moins trois ans plus tard, trois de ces habitats avaient été détruits ou altérés en raison de travaux de construction, a-t-il constaté.

Aux abords du pont Champlain, la couleuvre brune abonde, note M. Lamarre. « C’est un des endroits où j’en ai trouvé le plus. J’avais de la difficulté à trouver d’autres espèces que la couleuvre brune. »

Il doute toutefois que le déplacement des couleuvres soit utile, car l’élément critique à leur survie, c’est leur site d’hibernation. « C’est très à la mode de les déplacer, mais on ne sait même pas si ça marche, dit-il. Beaucoup d’études qui ont été faites sur d’autres espèces qui ont été relocalisées, mais pour lesquelles ça n’a pas marché. À mon avis, il faudrait peut-être faire des concessions, détruire certains habitats mais en protéger d’autres pour faire de la conservation efficace. »

Faucons pèlerins

Les couleuvres brunes ne sont pas les seules bêtes dont il faudra se préoccuper dans le cadre du projet du nouveau pont Champlain. Dessau et Cima + consacrent une partie importante de leur rapport aux impacts que les travaux auront sur la faune et la flore. Les firmes indiquent que 67 espèces de poissons ont été répertoriées dans la zone visée, dont l’anguille d’Amérique, uneespèce préoccupante en vertu de la Loi sur les espèces en péril, et quatre espèces protégées par la législation québécoise, soit l’alose savoureuse, le brochet maillé, l’esturgeon jaune et la tête rose.

Parmi la faune ailée, on cite deux espèces qui ont adopté l’actuel pont Champlain pour nicher : le faucon pèlerin, espèce désignée vulnérable au Québec, et les hirondelles à front blanc.

Pendant les travaux, le faucon pèlerin pourra nicher sur d’autres structures comme le pont Jacques-Cartier, l’oratoire Saint-Joseph et l’Université de Montréal, croit-on. Mais le plus tôt possible avant le démantèlement du pont actuel, il faudra déplacer les nichoirs existants et les installer sous la nouvelle structure, soulignent-elles.

La Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain confirme la présence d’un couple de faucons sur le pont Champlain. « Les faucons ont tendance à venir sur nos ponts, mais c’est souvent un seul couple par pont parce que c’est un animal très territorial », explique Jean-Vincent Lacroix, le directeur des communications.

Les faucons ont aussi l’avantage d’éloigner les pigeons, signale M. Lacroix : « Les fientes de pigeons sont nocives pour la structure, ce qui n’est pas le cas des fientes de faucons. »

Le rapport d’évaluation environnementale fait aussi état des petites îles qui abritent des oiseaux près du pont Champlain, dont l’île de la Couvée, un refuge d’oiseaux migrateurs protégé en vertu de la loi fédérale.

L’étude évoque d’ailleurs la présence, sur la plus grande île, d’une colonie de goélands à bec cerclé qui, entre 1970 et 1990, comptait près de 30 000 couples. Les auteurs prennent soin de préciser que « depuis ce temps, la colonie n’a cessé de décliner en raison, entre autres, de la présence d’une famille de renards roux ».

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