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Max|mum-leterrarium

"On va vers une recrudescence des serpents retrouvés dans la nature"

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Quel suivi pour les animaux vendus sur le net. ici une capture du site de vente Le Bon coin

C'est un message d'avertissement qui vaut aussi bien pour les autorités que les acheteurs peu sérieux. Eric Lengagne est membre de la commission départementale nature, paysages et sites (CDNPS) en charge de la faune sauvage.

Avec cette commission, il instruit chaque année, entre autres, des demandes de capacités pour l'élevage de serpents. Si le nombre de capacitaires reste marginal, un phénomène plus en vogue menace l'éternel dilemme entre libre-commerce des serpents et préservation d'une île qui en est dépourvue dans sa nature primaire.

Les cas de serpents échappés ces derniers mois à la Réunion sont rares mais ils marquent les consciences. Sur un ton mesuré, Eric Lengagne estime que l'"on va vers une recrudescence des serpents retrouvés dans la nature". Le phénomène des nouveaux animaux de compagnie a commencé "il y a 6 ou 7 ans à la Réunion". Ces incidents n'augurent rien de bon pour l'ensemble de la profession de gérant d'animalerie, ce qui est son cas. Dès qu'un serpent est retrouvé dans la nature et que ça fait le tour des médias, les animaleries sont montrées du doigt. Il défend sa corporation. "Les animaleries ne sont pas les seuls vecteurs d'entrée de tels animaux ici et le phénomène n'est pas que réunionnais", explique Eric Lengagne. Le gérant de Mikiland à Saint-Paul porte son regard sur ces nombreux vendeurs à la sauvette qui squattent le net. "Faites un tour sur le site de vente leboncoin…", lance-t-il, sûr du résultat. Pour lui, peu de doutes subsistent, "il y a certainement un réseau parallèle de revente".

"Les serpents ne font pas plus de dégâts que les chats sauvages ou les rats"

"En animalerie, on ne vend pas pour vendre. Lorsqu'une personne se montre intéressée, on essaye de capter le degré de responsabilité de l'acheteur. J'ai déjà eu des personnes qui, une semaine après l'achat, sont venues me demander si on pouvait récupérer le serpent. L'acheteur en lui-même était motivé mais c'est la réception de l'entourage qui a ensuite posé problème", explique-t-il.


Eric Lengagne nous montre le registre dans lequel une traçabilité des ventes s'opère

Lorsque la taille ou le nombre de reptiles dépassent un certain seuil, le passionné doit se munir d'un certificat de capacité. La Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt (DAAF) réunit une commission pour que celle-ci statue sur la certification ou non du demandeur. La multiplication des serpents retrouvés en pleine nature a ainsi fait émerger il y a un an l'idée de la création d'un réseau de récupération des bêtes. Cela ne va-t-il pas créer les conditions d'un laisser-aller encore plus marqué ?

Eric Lengagne défend ce projet en brossant l'historique des espèces faisant aujourd'hui partie du décor réunionnais alors qu'elles ont été elles aussi, il y a longtemps, des espèces invasives. Cela ne voulant pas dire qu'il faille en arriver à ce stade avec nos chers reptiles. Malgré sa double casquette institutionnelle, Eric Lengagne défend, quand il le faut, la cause de ce marché des NAC. "Les serpents ne font pas plus de dégâts que les chats sauvages ou les rats qui détruisent les nids des oiseaux menacés", déclare-t-il, en guise de comparaison.

Militer pour une labellisation des animaleries

Pour l'anecdote, dans l'un des vivariums de sa boutique de Saint-Paul, il expose un boa constrictor retrouvé en pleine nature il y a un an. Amené chez un vétérinaire par le particulier qui l'a ramassé, le reptile a été récupéré par le gérant de Mikiland, faute de traçabilité sur l'animal. "Aujourd'hui, tout est géré au cas par cas, entre le cabinet vétérinaire et nous les animaleries. Mais sans la connaissance de l'origine du serpent, je ne peux pas aujourd'hui le mettre à la vente". Il nous montre un registre des entrées et sorties des animaux non domestiques qui retrace ligne après ligne les ventes effectuées et donc le nom des futurs propriétaires. Preuve selon lui que la vente est quand même encadrée, a minima sommes-nous tentés de dire. Rien n'empêche un acheteur peu scrupuleux de s'en séparer "lorsqu'un déménagement ou une séparation intervient par exemple". Entre l'acte volontaire et le serpent échappé accidentellement, tout peut arriver. Le gérant concède qu'une fois vendu, ni les services de l'Etat ni le vendeur n'ont la maîtrise de ce qui pourrait advenir de l'animal.

Aujourd'hui, le gérant de Mikiland milite pour l'instauration d'une labellisation accompagnant les animaleries sérieuses dans le domaine de cette vente à double tranchant. La levée des animaleries discount qui bradent n'y est pas étrangère. Le gérant de Mikiland ne le cache pas. Un label serait une garantie de plus. Car la profession a bien conscience que plus les cas de serpents échappés se vérifieront, plus la position commerciale des animaleries deviendra indéfendable.


Le boa constricteur que l'animalerie de Saint-Paul a récupéré il y a un an. Il avait été retrouvé dans la nature, sans identification

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