Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 21 janvier 2014 Les serpents sont un étonnant "laissez-passer" pour Franz Florez, biologiste atypique qui veut sensibiliser militaires, guérilleros et indigènes à la préservation des riches forêts primaires."L'homme aux serpents" (1h24) sort mercredi au cinéma après des apparitions remarquées dans plusieurs festivals internationaux.A ceux qui redoutent un documentaire animalier rempli d'écailles brillantes et de langues fourchues, le réalisateur français Eric Flandin précise : "Ce n'est pas plus un film sur les serpents que (Hubert) Sauper, avec "Le cauchemar de Darwin", a fait un film sur les poissons…"Comme "Le cauchemar de Darwin" ne s'intéressait à la Perche du Nil que pour mieux dénoncer les conséquences de la mondialisation, "L'Homme aux serpents" est avant tout, à travers le portrait de ce vétérinaire-biologiste aux faux airs de "Crocodile Dundee", une plongée au plus profond de la Colombie d'aujourd'hui, son conflit armé sans fin et son incroyable forêt primaire.Franz Florez, au volant d'un vieux bus essoufflé transformé en zoo ambulant, va de ville en ville présenter sa trentaine de serpents. Et on découvre peu à peu que ces animaux sont, pour ce défenseur de la nature, un formidable "laissez-passer" qu'il brandit à chaque occasion pour ouvrir le dialogue.Au policier qu'il lui dit que son permis n'est pas valide, aux militaires qui veulent savoir comment se comporter face aux animaux en forêt, aux guérilleros qui n'acceptent qu'à reculons les étrangers dans la zone qu'ils contrôlent, Franz montre ses serpents. Et peut alors parler de la protection de la forêt primaire, l'un des réservoirs de biodiversité les plus importants au monde que convoitent certaines industries."Je crois qu'avec mes serpents, on est en sécurité…", glisse à la caméra, sourire en coin, ce drôle de vétérinaire avant d'aller voir des guérilleros pour leur demander s'ils accepteraient de participer à un programme d'observation des tapirs."Contre des gens en armes, des serpents… Cela paraît un peu délirant quand on l'entend dire ça, mais c'est la vérité !", a pu constater Eric Flandin.Seul avec sa caméra, le réalisateur a suivi le biologiste pas à pas pendant trois mois, de son vieux "serpentarium national" aux plateaux de télévision, des villages indigènes à la forêt la plus profonde. Pour ne rien rater des trésors d'énergie parfois teintée de naïveté qu'il déploie dans son combat. Des images brutes, sauvages, sans voix off qui permettent d'être au plus près de ce personnage étonnant et attachant."C'est probablement le peu de moyens qui a donné sa qualité à ce documentaire", estime Eric Flandin, dont le film a été distingué ces dernières années au Festival international du film d'environnement (Fife) de Paris ainsi que dans plusieurs festivals au Mexique, en Argentine et au Canada.Le film, tourné il y a déjà plusieurs années, "reste totalement d'actualité", précise le réalisateur, alors que le gouvernement colombien et la guérilla des Farc négocient depuis fin 2012 à Cuba. Ces négociations visent à mettre fin à un conflit interne de près d'un demi-siècle, qui a en outre mêlé plusieurs rébellions, des milices paramilitaires et des gangs criminels, faisant plusieurs centaines de milliers de morts.L'une des questions, iconoclaste, que pose ainsi le film est "le risque de la paix" pour le devenir de cette riche forêt primaire, paradoxalement préservée par rapport à des pays voisins grâce au conflit. La paix tant souhaitée ne signifiera-t-elle pas une destruction accélérée? A moins, selon la suggestion faite aujourd'hui par Franz Florez et rapportée par le réalisateur, de reconvertir ces guérilleros, qui "ont parfois vécu pendant dix ou vingt ans en forêt et la connaissent par coeur", en premiers protecteurs de la biodiversité. Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites