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Max|mum-leterrarium

La mode des « Nac » et ses dérives

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Le boa, repéré il y a quinze jours quartier de la Goubetière à Bourg-de-Péage (lire Drôme Hebdo du 15 mai en page 3) a finalement été retrouvé (lire ci-dessous). Mais pas son propriétaire. Parce que l’animal, plutôt habitué à vivre dans les régions tropicales, a forcément été importé. C’est un Nac (« Nouvel animal de compagnie ») qui a été acheté par quelqu’un. Un Péageois ? Un Drômois ? Difficile de savoir. « En Drôme et en Isère, on ne connaît pas le chiffre exact de propriétaires de reptiles, encore moins en France », avance Frédéric Vouhé, terrariophile* spécialiste de ce type d’animal et qui travaille pour la préfecture de l’Isère. Lui-même éleveur déclaré de serpents à Sardieu, non loin de La côte-Saint-André, à une quarantaine de kilomètres de l’agglomération romano-péageoise, il constate qu’il n’y a qu’une vingtaine de particuliers répertoriés en France, au niveau des préfectures, alors que ceux qui possèdent des serpents sont en réalité probablement plusieurs milliers.
« Si vous achetez un serpent dans une animalerie, c’est légal ; vous n’avez pas besoin de remplir des papiers pour un dossier de demande d’autorisation à déposer en préfecture », précise Frédéric Vouhé. « Un certificat de capacité, avec examen d’aptitude est nécessaire pour un lézard de plus 50 centimètres, des tortues avec une bouche de plus de 4 centimètres, des venimeux de plus de trois mètres et des plus petits serpents à partir du moment où il y a reproduction à plus de trois unités. Dans le cas du boa d’1,80 mètre de Bourg-de-Péage, il n’y a nullement eu besoin de certificat. En posséder un sans le déclarer officiellement n’est donc pas illégal. Mais il est clair que la plupart du temps, les gens ne veulent pas faire de démarches administratives qui les ennuient et qui en plus, pourraient leur interdire d’acheter un reptile s’il est vérifié qu’ils n’ont pas l’aptitude ni l’équipement nécessaire pour les élever. Eux ne sont pas toujours dans la légalité ».

Personne n’aurait de serpent venimeux chez soi…

D’après le terrariophile, les gens n’aiment ni les contraintes, ni le formalisme. En tant que membre de l’association BSA (Banque de sérum antivenimeux), il fait parvenir des questionnaires anonymes aux éleveurs qu’il a rencontrés çà et là, où n’est stipulé que le département où ils résident. Résultat : zéro réponse, personne n’aurait de serpent venimeux chez soi…
Formateur pour les sapeurs-pompiers isérois et drômois pour les opérations de secours liées à la présence de reptiles, serpents venimeux ou crocodiliens, Frédéric Vouhé déplore à la fois un manque d’information sur ce type d’animaux, une défaillance de compétences des animaleries qui les vendent et souvent de l’inconséquence chez les acheteurs qui veulent « se procurer des sensations ». Selon le spécialiste, la vogue des « Nac » est dangereuse.

« Le serpent n’est pas un animal de compagnie »


« Il y a dix ans, un salon du reptile drainait quelques centaines de visiteurs », assure Frédéric Vouhé. « Aujourd’hui, c’est plusieurs milliers, et les gens ne font pas que regarder, ils achètent. Sauf qu’au final, on n’est pas plus, en France, qu’une vingtaine d’éleveurs officiels ! » La mode des Nac est en plein essor, sans doute en Drôme comme ailleurs, mais difficile donc à contrôler, et dont l’attrait supposé n’est pas toujours évident à expliquer. « Je suis formel, le terme inventé, récemment, de Nac, est impropre », réfute Frédéric Vouhé. « Le serpent n’est pas un animal de compagnie, c’est un animal sauvage, qui peut avoir des comportements violents comme tout autre animal. Même chez les bêtes domestiques, peut se produire brusquement des changements de comportement. Il faut toujours être vigilant ».

Cyril Lehembre

* La terrariophilie est une activité qui consiste à maintenir, voire à faire se reproduire des espèces animales ou végétales, en imitant leur biotope dans un milieu confiné, le terrarium (aquarium dont l’eau est remplacée par de la terre).

Le boa capturé dimanche après-midi
Il n’était finalement pas très loin de l’endroit où on l’avait aperçu et photographié, jeudi 8 mai. Au quartier de la Goubetière. Dimanche 18 mai, en fin d’après-midi, le boa activement recherché, a été capturé par les sapeurs-pompiers du centre d’incendie et de secours de Romans-Bourg-de-Péage, et plus exactement par un groupe spécialisé en opérations animalières. Ce sont des particuliers qui sont tombés nez-à-nez avec l’animal, sorti de sa cachette pour profiter un peu mieux d’une chaleur plus conforme à ce qui lui plaît naturellement : le serpent était enroulé autour de l’un des arbres de leur jardin. Ces Péageois ont alors eu le bon réflexe : téléphoner au 18, ainsi que la mairie l’avait stipulé à plusieurs reprises lors de ces dix derniers jours et à l’occasion d’une réunion publique (lire ci-dessous). Le boa est resté une soirée et une journée au sein du centre de secours de Romans-Bourg-de-Péage, avant d’être récupéré le terrariophile Frédéric Vouhé pour quelques jours. Soit l’éleveur le gardera dans son vivarium isérois, soit il l’emmènera ensuite dans un zoo.

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