Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Max|mum-leterrarium

Manger des insectes en France? C'est interdit sur le papier, mais toléré

Messages recommandés

ALIMENTATION - Ce devait être une parfaite opération de communication. Sur l'esplanade de la Défense à Paris, au milieu des cols blancs pressés et des badauds en quête de shopping, un food truck éphémère qui propose... des insectes à manger. Au même moment, ce 4 juin, à Bruxelles, à Londres, à Copenhague, à New York ou à Sidney, les mêmes petits camions proposaient aussi aux passants de déguster sauterelles, vers de farine et autres criquets.

Cette opération organisée par l'entreprise Rentokil était autant l'occasion de faire déguster des échantillons de ces joyeuses petites choses que de parler des meilleurs moyens de s'en débarrasser. L'entreprise est en effet spécialisée dans la dératisation et la désinsectisation.

Mais tout ne s'est pas passé comme prévu, la veille au soir du grand événement, la cellule française s'est vue interdire par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) le fait même de proposer des insectes à manger.



En arrivant sur le stand ce mercredi 4 juin, surprise, les vers de farine ont été remplacés par de simples bonbons en forme d'araignées. Les insectes eux sont toujours dans des cartons rangés à côté du food truck. Les quelques curieux qui ont bravé la pluie sont reçus par l'équipe de l'entreprise, "désolés" de ne pas pouvoir leur présenter les fameux "pest" (nuisibles en anglais). Les insectes seront finalement déballés et dévorés... des yeux.

Vendre et servir des insectes en France est interdit mais toléré

"Nous avons été prévenus hier à 19h par la répression des fraudes", déplore l'un des représentants de Rentokil. "Mais nous ne sommes pas du tout là pour relancer le débat sur la consommation d'insectes", ajoute-t-il avant d'enchaîner sur les nuisibles et les différentes manières d'en venir à bout, "le vrai enjeu de cette journée".

Sur le stand, les passant sont déçus comme Romain Fessard, co-fondateur d'insectescomestibles.com, un site de vente d'insectes, recruté pour animer les cuisines du food truck et cantonné à faire des gâteaux au chocolat et des brochettes de fruits. Est-il interdit de déguster des insectes à Paris? A priori non, il existe même quelques restaurants parmi lesquels le Festin Nu qui propose à Paris depuis 2013 des tapas aux insectes.

Et pourtant, si. Contactée par Le HuffPost, la DGCCRF qui a interdit cette opération nous renvoie vers une réglementation européenne datant de 1997 et bien connue de tous les amateurs de criquets de l'hexagone: la réglementation "novel food". Ce texte impose à toutes les sociétés commercialisant des aliments qui ne l'étaient pas avant 1997 de demander à l'Autorité européenne de sécurité des aliments une évaluation avant d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par la Commission européenne.

La Belgique et la Royaume-Uni plus souples que la France

Tous ceux qui se sont lancés dans ce marché en France ont eu à faire aux mêmes problèmes. Bastien Rasbatens, cofondateur de la marque de produits à base d'insectes Jimini's en sait quelque chose. Cet ancien juriste s'est plongé dans les textes de lois avant de lancer sa petite affaire. "Il y a un flou juridique, chaque pays de l'Union Européenne interprète la réglementation "novel food" comme il l'entend. Le texte de 1997 avait été voté principalement pour réglementer l'arrivée des OGM sur le marche, il ne concerne pas les aliments entiers, comme les insectes".

C'est aussi de cette façon que les Pays-Bas ou le Royaume-Uni comprennent cette réglementation. La France, elle, applique plutôt le principe de précaution et interdit à tous les acteurs du marché la vente sauf s'ils ont eu une autorisation de mise sur le marché de la Commission européenne. "Cette procédure n'est pas gratuite, prévient Bastien Rasbatens de Jimini's, il faut compter au moins 100.000 euros". Un coût qu'une start-up de deux ans ne peut évidemment pas se permettre.

En décembre 2013, la Belgique a autorisé la consommation de dix insectes sur son sol. Une première en Europe qui a réveillé les vélléités des entomophages français : "Nous souhaitons que les législateurs prennent leurs responsabilités et tranchent la question, réclamait Jean-Philippe Paillard, vice-président de la Fédération française des producteurs, importateurs et distributeurs d'insectes (FFPIDI) interrogé par Le Monde.

Source

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...