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Max|mum-leterrarium

Le pénis du lézard Anolis évolue à grande vitesse

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Les caractéristiques anatomiques des organes génitaux mâles des lézards du genre Anolis se différencient fortement pour éviter les croisements entre espèces.



ÉVOLUTION. Chez les Anolis, on ne se mélange pas ! Et pour empêcher qu'une de ces espèces de lézards ne fraye avec une autre, l'évolution a trouvé une astuce imparable : des organes génitaux différents pour chacune et qui évoluent bien plus rapidement que toutes les autres caractéristiques physiques (comme la couleur ou la longueur des pattes) ! Le travail réalisé par Jonathan Losos, l'un des meilleurs spécialistes mondiaux de ces reptiles, et ses collaborateurs de l'université Harvard (États-Unis) est le premier à évaluer l'évolution de ces organes génitaux mâles.

Le pénis évolue très rapidement

Grâce à un modèle mathématique de leur conception, les chercheurs ont mesuré plusieurs caractéristiques anatomiques de 25 espèces d'Anolis des Antilles et les ont comparées. En moyenne, concluent-ils dans le Journal of Zoology de janvier, leur pénis évolue six fois plus rapidement que d'autres caractéristiques physiques, comme le fanon situé sous leur gorge servant notamment à attirer les femelles et à impressionner les prédateurs et les intrus. Deux espèces proches d'Anolis peuvent ainsi se ressembler comme deux gouttes d'eau mais se différencier principalement par leurs organes génitaux. Pour Ivan Ineich, spécialiste des reptiles au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, cette observation constitue une réelle avancée. "Si la diversité des organes génitaux des Anolis mâles était connue depuis fort longtemps et servait même aux systématiciens pour classer ces animaux, on ignorait en revanche que leur évolution était aussi rapide ! " Une particularité qui permet d'empêcher la reproduction entre deux espèces proches et d'assurer une plus grande diversité génétique.

Un système qui combine une clé et une serrure

Le pénis des Anolis n'a pas grand-chose à voir avec celui des humains. D'abord parce qu'il est double. Ensuite, parce que chacun de ces "hémipénis" a la forme d'un Y. Au repos, ils sont gardés à l'intérieur du corps, invaginés dans la base de la queue. Ils n'en sortent qu'au moment de la reproduction, au cours de laquelle un seul d'entre eux est mis à contribution. "Cette structure inhabituelle est partagée par tous les reptiles squamates : serpents, lézards et amphisbènes, présente Ivan Neich, mais est absente chez les tortues et les crocodiles." Reste à étudier les organes génitaux des femelles. Offrent-ils la même diversité et la même vitesse d'évolution ? "À n'en pas douter, affirme Ivan Ineich, car le système fonctionne pour une espèce donnée comme une clé avec une serrure. L'hémipénis des Anolis est pourvu d'ornementation, de picots qui l'empêchent de s'adapter aux voies génitales d'une femelle d'une autre espèce." Problème, cette variabilité de l'organe génital femelle des Anolis est autrement plus compliquée à prouver sans disséquer les animaux. Il est en effet facile de comparer les clés entre elles. Beaucoup moins les serrures ...

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