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Dominant ou pas?

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Dominant ou pas ?

Andréanne Lanoue
http://www.courtoischien.ca/dominance


Depuis plusieurs années, le monde canin subit des changements constants et des remises en question. Que ce soit dans le domaine de l'éducation, du comportement, de la santé ou de l'alimentation, les débats sont nombreux. Dans cet article, nous alimenterons deux débats en cours dans le domaine canin : l'origine du chien et la théorie de la dominance.

Plusieurs théories

Les scientifiques ont élaboré différentes théories afin de décrire, prédire et expliquer les comportements sociaux chez les animaux, que ce soit les abeilles, les crocodiles, les primates, les loups ou d'autres espèces. Chez les vertébrés, la théorie de la dominance a été utilisée pour la première fois en 1922 par Schjelderupp-Hebbe afin de décrire les comportements sociaux chez les poulets et fut, dès cette époque, fortement contestée. Depuis, plusieurs autres théories ont été élaborées. Dans son livre "Dominance Theory and Dogs", James O'Heare en a répertorié treize pouvant être différentes les unes des autres et parfois même contradictoires. Par exemple, l'une d'entre elles stipule la non-agressivité alors qu'une autre énonce l'agressivité. Même de nos jours, les scientifiques ne sont pas arrivés à une théorie universelle de la dominance.

Le loup démystifié

Depuis plusieurs années, on fait référence aux comportements sociaux des loups afin de décrire ceux de nos compagnons canins. Les comportements de dominance et de hiérarchie de cette espèce ont été observés et analysés dès les années 40. Afin d'effectuer leurs recherches, les scientifiques de l'époque ont formé des groupes de loups composés de plusieurs mâles et femelles adultes mais non familiers et ont observé leurs comportements. Le stress de la captivité et la constitution artificielle de ces groupes a résulté en des comportements non-naturels qui furent cités comme référence de comportements typiques de cette espèce animale. Il a souvent été observé que dans de telles conditions, des hiérarchies artificielles se créent. Observer des loups dans de telles situations pourrait se comparer à étudier des humains dans des camps de prisonniers afin de déterminer le comportement général de notre propre espèce.

David Mech est un des rares scientifiques ayant observé des meutes de loups dans la nature. Il a constaté qu'un groupe de loups était constitué des parents et de sa progéniture. Par la suite, celle-ci quittera le groupe lorsqu'elle aura atteint sa maturité sexuelle (entre neuf mois et trois ans). En liberté, les comportements des familles de loups sont très différents de ceux des groupes constitués artificiellement et les règles de meute auxquelles nous sommes habitués (manger en premier, passer à un endroit en premier, etc.) n'ont pas été observés chez les familles sauvages. La famille de loups est un groupe organisé et non-violent où les parents guident les activités.

Le chien et ses origines

Qu'en est-il de nos compagnons canins? Comment le loup s'est-il transformé pour devenir le " meilleur ami de l'homme "? Les biologistes Raymond et Lorna Coppinger ont longuement étudié les origines du chien et ont cité que celui-ci n'avait pas été domestiqué comme on l'a toujours affirmé, soit en prenant des louveteaux dans une tanière pour les élever. En réalité, il y a à peu près 14 000 ans, certains loups génétiquement moins craintifs face aux humains ont commencé à se nourrir parmi les déchets des premiers villages. Peu à peu, ces loups ont, par sélection naturelle, subi des transformations physiques (diminution de la taille, modification du pelage et du port des oreilles, etc.). Encore de nos jours, il existe de nombreux chiens qui vivent des déchets des humains, que ce soit en ville ou à la campagne.

Les Coppinger et autres scientifiques ont observé que ces animaux ne formaient pas de groupes mais vivaient plutôt en solitaires. N'ayant pas besoin de chasser pour se nourrir, ils n'ont donc pas besoin de former de groupe. Le mâle quitte la femelle qui reste seule à élever sa progéniture. Malgré le fait qu'ils soient solitaires, les chiens ont tendance à tolérer ceux de leur espèce et à éviter les conflits.

Remises en question

Quoique de plus en plus critiquées, les théories de la dominance, principalement les règles de meute observées chez les loups captifs, sont largement utilisées chez nos compagnons canins. Plusieurs éducateurs canins et comportementalistes prescrivent l'application des règles de meute afin de minimiser les comportements indésirables. En bref, ces règles de meutes prescrites sont : manger avant le chien, ne pas le caresser lorsque celui-ci le désire, le précéder dans les endroits étroits (porte), ne pas le laisser dormir dans le lit, etc. Ces règles s'appliquent mal aux chiens domestiques car elles non pas été observées chez les familles de loups et les chiens vivant en liberté : elles n'ont donc aucune signification pour eux. Le fait d'appliquer de telles règles crée inévitablement de la confusion et des conflits avec nos compagnons canins. De plus, ne pas retourner l'affection du chien peut résulter en une déprivation affective et créer de l'anxiété.

Danger !

Il existe une procédure de moins en moins utilisée de nos jours. Appelée le " roulé alpha ", elle est décrite pour la première fois dans les livres "How to Be Your Dog's Best Friend" et "The Art of Raising a Puppy" des Moines de New Skete. Le roulé alpha consiste à placer de force le chien sur le dos afin d'établir la dominance. Cette procédure peut s'avérer dangereuse, occasionner un traumatisme et provoquer de l'agressivité chez le chien. Il faut comprendre que dans la nature, les loups et chiens ont recours à ce comportement seulement s'ils désirent mettre fin à la vie d'un animal non-familier, qu'il s'agisse d'un autre loup ou d'une proie. Job Michael Evans, auteur des livres des Moines de New Skete, a rejeté cette application avant son décès et les nouvelles éditions de ses livres découragent fortement cette pratique.

Comportements dominants ?

Plusieurs comportements chez nos compagnons canins sont souvent décrits comme des comportements dominants. Nous en examinerons trois d'entre eux :

Premièrement, on peut observer que certains chiens démontrent des comportements agressifs face à la nourriture, aux jouets, ou à l'endroit où ils se couchent. Ces problèmes de défense agressive des ressources peuvent être résolus grâce à un programme de modification du comportement et à une éducation basée sur le renforcement positif. Enseigner à un chien à donner ses jouets sur commande, à lâcher un objet qu'il tient dans sa gueule ou à ne pas toucher quelque chose sans un signal préalable (par exemple, O.K.) aide grandement à solutionner et à prévenir les problèmes liés à ces comportements. Jean Donaldson est l'auteur de "Mine! A Guide to Resource Guarding in Dogs", un ouvrage qui permet de mieux cerner ces problèmes et de les résoudre.

Un autre problème, souvent décrit comme un comportement dominant est l'agressivité envers les autres animaux ou tout autre élément déclencheur qui provoque une réaction agressive lorsque aperçu ou entendu par le chien. Ce problème de réactivité exagérée (réaction inappropriée à un stimulus visuel ou auditif) résulte d'un processus de défense : le chien perçoit ce stimulus comme une menace. Les animaux qui en souffrent ont beaucoup de difficulté à faire face au stress, à contrôler leurs émotions et sont souvent distraits. Le traitement d'un chien réactif peut s'avérer long et difficile. Il comprend trois étapes : le traitement de la nervosité, l'apprentissage de commandes d'obéissance et la désensibilisation. La réactivité étant complexe, il est suggéré de consulter les articles préalablement publiés ou un professionnel du domaine canin, spécialisé dans le traitement de cette pathologie.

La désobéissance peut également être perçue comme un problème de dominance. Plusieurs chiens refusent de répondre aux commandes, surtout si elles ont été enseignées avec les méthodes traditionnelles. Un enseignement n'utilisant que le renforcement positif et beaucoup de stimulations peut aider à résoudre ce problème.

Les débats sur la dominance et l'origine du chien sont encore très présents et dureront certainement plusieurs années encore. Les nouvelles recherches dans ces domaines nous permettront de mieux comprendre nos compagnons canins et de les apprécier davantage.

Références

Dominance Theory and Dogs - James O'Heare
Canine Aggression Workbook - James O'Heare
www.dogpsych.com

Dominance: Fact or Fiction - Barry Eaton
www.dog-dominance.co.uk

Leadership in Wolf, Canis lupus, Packs - L. David Mech
www.npwrc.usgs.gov/resource/2001/leader/leader.htm
Alpha Status, Dominance, and Division of Labor in Wolf Packs - L. David Mech
www.npwrc.usgs.gov/resource/2000/alstat/alstat.htm

DOGS: A Startling New Understanding of Canine Origin, Behavior, and Evolution -
Raymond & Lorna Coppinger

http://www.courtoischien.ca/dominance

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