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Walt Disney versus B.F. Skinner

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Walt Disney versus B.F. Skinner


Un chien a été puni à chaque fois qu’on l’a surpris en train de mordiller un meuble. Désormais le chien se retient de mordiller les meubles quand son propriétaire est à la maison mais devient destructeur dès qu’il est laissé seul. Quand le propriétaire rentre chez lui et découvre les dégâts, le chien s’approche la queue basse, les oreilles en arrière et la tête basse.

L‘avis de Walt : Le chien a appris grâce à la punition que mordiller les meubles est mal. Le chien n’aime pas être laissé seul et pour rejoindre son maitre, mordille les meubles quand ce dernier s’en va. En d’autres mots, il fait délibérément quelque chose qu’il sait être mal. Quand le maitre rentre, le chien se sent coupable de ce qu’il a fait.

L’avis de B.F. : Le chien apprend que mordiller les meubles est dangereux quand el maitre est présent mais sûr quand le maitre est absent. Le chien est légèrement anxieux quand on le laisse seul et se sent mieux quand il mordille. Cela aide aussi à passer le temps. Plus tard, quand le maitre rentre, le chien se comporte de façon apaisante pour essayer de d’éviter ou d’empêcher la réaction violente qui se produit souvent à ce moment. Le retour du propriétaire et/ou le comportement de ce dernier qui précède la punition est devenu un indice : le chien sait qu’il va être puni. Mais il ne sait pas pourquoi.

Il n’est pas question de savoir si le second avis est le bon. La véritable question n’est pas : quelle est la bonne interprétation ? mais pourquoi n’importe qui peut soutenir ce point de vue ? Étonnamment, cette information est connue depuis des décennies et pourtant la plupart des gens qui possèdent un chien ne l’ont toujours pas assimilée. Si les connaissances des gens à propos de la conduite d’une voiture étaient similaires à leurs connaissances des chiens, ils essaieraient de traverser les lacs et feraient ensuite à procès au concessionnaire parce que la voiture ne flotte pas.

Les chiens sont très répandus dans notre société, mais pas autant que les voitures. La première raison de notre incroyable mauvaise compréhension des chiens pourrait être se résumer de la façon suivante : les éducateurs travaillent avec un maitre ou une classe à la fois au lieu d’enseigner à l’échelle du grand public.

Mais je pense qu’il y a une seconde raison pour l’acceptation lente de l’interprétation réaliste du comportement canin : une simple réticence à abandonner l’anthropomorphisme. Le béhaviorisme, rendu célèbre par Skinner, a souffert de réactions violentes depuis son arrivée dans le monde de la psychologie au milieu du 20ème siècle, en grande partie parce que on peut argumenter avec succès que le béhaviorisme radical se montre limité pour comprendre les êtres humains dans a complexité de leur cerveau. Cependant, quand on l’applique à l’éducation animale et à la modification comportementale, il fonctionne incroyablement bien. Mais dans le cas de l’éducation canine et de modification comportementale, il ne sera pas évident de rendre le modèle béhavioriste acceptable pour le propriétaire lambda. Les implications de ce fait sont très importantes.

L’impressionnant pouvoir de résistance de la vision « Walt Disney » des chiens (un chien courageux et…) est un effet pervers de l’amour que nous leur portons. Nous voulons qu’ils soient intelligents, moralement bons. La plupart des cyniques considèrent que le chien est supérieur à l’homme en ce qui concerne la loyauté et la confiance qu’on peut leur accorder. AU contraire, le modèle béhavioriste, n’a pas eu de succès parce qu’ils emble réduire le chien à un interrupteur. Notre peur est que ce si nous acceptons ce point de vue,, nous privons les chiens de leur statut d’humains honoraires et l’extension logique de cela est qu’il pourrait y avoir des conséquences négatives sur le bien être des chiens. Les hommes sont tribaux. Notre compassion et notre considération pour les autres êtres vivants est fortement liée à notre perception de nos ressemblances (plus on nous ressemble, plus on a d’empathie) et l’un des critères les plus importants est l’intelligence. Le qi est toujours un préjugé acceptable. Par exemple, des discussions éthiques houleuses ont eu lieu quand la question de l’acquisition du langage chez les grands singes a été soulevée. Sans aucune aptitude au langage, il a toujours semblé normal d’accepter notre attitude utilitariste envers eux. Personne n’a questionné plus les prémices de l’intelligence comme un critère pour être digne de compassion.

Notre espèce a une longue histoire teintée de violence incroyables et d’horreurs perpétrées, en grande partie parce que les victimes étaient trop éloignées de notre tribu. Nos liens tribaux actuels sont très liés à l’espèce, au qi et à l’intégrité morale. Nos liens avec les chiens sont apparemment forts. Mais ils ne sont pas humains et nous avons alors du mal à expliquer ce lien. Nous le faisons en exagérant le fait qu’ils nous ressemblent dans le domaine de l’intelligence et de la morale. C’set un exemple typique du parti pris qui vient d’abord puis qui est accompagné de faits explicatifs ou de mythes construits pour le soutenir.

Peut-être sommes nous prêts à accepter l’espèce en tant que telle. Nous vivons désormais dans une culture qui est bien plus consciente des concepts de tolérance et de preuve. Les chiens ne sont pas comme nous, pas autant que ce que nous pensions, mais peu importe. Nous pouvons toujours créer des liens avec eux, partager notre vie avec eux et les utiliser comme enfants de substitution sans devoir s’excuser pour cela. Nous n’avons pas besoin de construire des mythes à leur propos pour légitimer nos sentiments à leur égard. Ils sont précieux et fascinant tels qu’ils sont. Ils n’ont pas besoin de valoriser leur intelligence ou leur morale pour mériter un traitement juste et une place dans nos familles. L’empathie et la compassion pour les êtres qui ne nous ressemblent pas est en réalité l’étape suivante du progrès éthique.

Faire face à la réalité n’est pas seulement important parce que l’anthropomorphisme a survécu. Il a toujours des effets négatifs pour les chiens. Ceux qui ne sont pas bâtis sur le modèle de Lassie sont inévitablement marginalisés. Le plus grand apport qu’il pourrait y avoir désormais pour le bien être du chien serait d’abandonner le chien Disney et de le remplacer par des informations issues de deux domaines : le comportement canin et la science de l’apprentissage des animaux. Il est de notre responsabilité de posséder les clés de besoins basiques des espèces avec lesquelles nous essayons de vivre aussi bien que les clés des moyens de modifier leur comportement avec le moins possible de souffrance et de pleurs. Si nous réussissons cela, nous pouvons les aider à s’intégrer dans notre société sans domestiquer totalement leur nature.

The Culture Clash, Jean Donaldson
Traduction Pauline

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