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amelie08

Thérapies alternatives des troubles hiérarchiques(Dehasse)

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un texte peut etre un peu complexe mais une référence.

Thérapies alternatives des troubles hiérarchiques
Vision alternative sur le modèle hiérarchique
© Dr Joël Dehasse
Texte d'une conférence donnée aux vétérinaires comportementalistes (Zoopsy) à Leysin (Suisse) le 20 janvier 2006.



Il s'agit essentiellement d'une vision alternative sur les groupes sociaux humains animaux avec la question, pour moi essentielle, suivante: a-t-on besoin de la croyance hiérarchique pour bien vivre avec ses animaux ou, pourquoi pas, entre humains?

Introduction
Avant de proposer des thérapies alternatives pour les troubles hiérarchiques, il faut définir si ces derniers existent et à quel modèle de la hiérarchie ils sont attachés. Dans le cas où le modèle de la hiérarchie n’est pas universel ni indispensable, on peut envisager d’autres modèles qui peuvent instiguer la découverte de nouvelles stratégies de changement.



Méta-vision sur le modèle hiérarchique


De l’interaction sociale à la modélisation hiérarchique
D’abord, je me pose une question qui me semble essentielle : la hiérarchie existe-t-elle ? Il y a des individus (humains, chiens, chats) qui présentent des postures hautes, gagnent des conflits et ont des privilèges et d’autres qui présentent des postures basses, perdent des conflits et n’ont pas de privilèges ; les uns et les autres vivent dans un groupe cohésif. Il y a donc dans ce groupe une composante d’attraction (attachement et dépendance) et une composante de distanciation (conflits); la gestion des conflits se fait par les comportements agonistiques (agression, espacement, apaisement et soumission). Ce groupe d’individus en interaction est donc organisé en un système intégré de relations. On y retrouve une dominance agonistique liée aux contextes et rarement généralisée. On pourrait appeler cela une hiérarchie. C’est une modélisation qui nous permet de structurer nos pensées mais ne correspond pas spécialement à la réalité de la vie du chien ou du chat.






De la simple observation de relations sociales asymétriques à la modélisation d’une hiérarchie de dominance, il y a de nombreuses inférences cognitives. Envisager alors des troubles de la hiérarchie est une nouvelle inférence. Le seul intérêt est d’inventer des stratégies de changement et de vérifier si elles sont fonctionnelles, sans pour autant que cette fonctionnalité ne vienne valider la modélisation (tautologie).

La seconde question que je me pose est la suivante: a-t-on réellement besoin du modèle de la hiérarchie, du moins dans les systèmes humains-chiens et humains-chats ? C’est à cette question qu’il faut répondre avant même d’imaginer des stratégies pour des thérapies de troubles hiérarchiques.

Troisième question si on accepte le modèle hiérarchique: y a-t-il des troubles de la hiérarchie ?

La hiérarchie est une conceptualisation d’une organisation de système ; s’il y a un trouble de la hiérarchie, il ne peut dès lors qu’être systémique. Trouble signifiant pathologie, c’est donc qu’il y a une pathologie issue dans le système. Le système est composé d’individus et des relations qui les lient. On doit donc trouver la pathologie chez les individus et/ou dans les liens. C’est là que commencent les surinterprétations théoriques, les sur-modélisations, chacune engendrant ses propres hypothèses thérapeutiques. Dans l’exemple type des groupes humains-chiens, elles sont, au minimum, de trois types :

q Interprétation duelle : dans ce modèle, le problème est la faute de l’un des protagonistes, l’autre devenant la victime.

§ Le chien est plus dominant que son maître parce que plus actif, proactif ou agressif, parce qu’il obtient des privilèges, etc. Il convient donc de rendre le chien moins dominant – de le soumettre – et de rendre le maître plus dominant par diverses techniques.

§ Le chien est trop soumis et le maître trop dominant… Il convient de rendre le chien moins soumis et le maître moins dominant par des techniques bien connues.

q Interprétation systémique : le problème n’est pas tant dans un rapport de valeur/force que dans une utilisation par le système de ces valeurs/forces pour s’équilibrer. Ce sont plutôt les relations et les utilisations de ces relations dans le système qu’il faut analyser et proposer de changer pour provoquer une crise qui, en se résolvant, entraînera un nouvel équilibre. C’est le siège des thérapies cognitives et systémiques structuralistes, constructivistes…

q Interprétation anthropomimétique : on applique à l’animal des interprétations anthropomimétiques afin de décoder ce que l’on observe ; on interprète l’organisation des systèmes humains-chiens sous l’angle hiérarchique parce que nous, humains, sommes organisés de cette façon. Dès lors nous imposons au chien cette organisation. Comme la hiérarchisation est une obsession humaine, il est normal que (presque) toutes relations entre humains et chiens soient envisagées sous l’angle hiérarchique.

§ Dans cette vision hiérarchique obsessionnelle humaine, il semble impératif de soumettre le chien à son maître. Cet aspect impératif est non adaptatif, et donc pathologique, et induit … un trouble de la hiérarchie. C’est alors la vision qui entraîne le trouble et non la situation réelle.



Dans l’exemple des groupes de chiens, une interprétation duelle ou systémique peut être envisagée. Dans les groupes de chats, on peut en envisager l’hypothèse. Dans les groupes humains-chats, on ne se pose généralement même pas l’hypothèse. Le chat semble échapper à l’application anthropomimétique de la hiérarchie. Le fait que l’on modélise l’organisation sociale des humains avec des chiens sous forme hiérarchique, et pas celle avec les chats, démontre une forte connotation subjective humaine dans ce procédé.



Charge anthropomimétique sur le modèle hiérarchique
Le simple fait de parler de la hiérarchie montre déjà qu’il y a une ‘charge’ sur le sujet. Cette charge signifie que ce thème est important dans la conscience de celui qui en parle. La question que je me pose est alors la suivante : le modèle hiérarchique représente-t-il plus son auteur, c’est à dire l’observateur, que les sujets observés ? Si je réponds par ‘oui’, je rentre dans la psychologie et la sociologie humaine plus que dans l’éthologie animale.

Le thème de la hiérarchie est chargé historiquement. Le mot hiérarchie vient du grec ‘hieros’ (sacré) et ‘arkhê’ (commandement). On a dans ce mot une partie de l’histoire du monde, qui établit la préséance du sacré sur le profane, et donne le pouvoir au détenteur du sacré (c’est à dire à celui qui se l’est approprié); c’est l’origine des religions, du pouvoir ecclésiastique et des guerres de religion.

Le mot hiérarchie a aujourd’hui perdu son aspect sacré, il est devenu laïc, profane. On parle de ‘hiérarchie de dominance’ (ce qui, étymologiquement n’a plus de sens : ‘pouvoir sacré de dominance’), mais quelle dominance ? Celle du sacré de l’homme sur l’animal sans âme ? Celle, dans une vision discontinuiste, de l’intelligence de l’homme sur l’animal machine ? Celle du propriétaire humain sur l’animal objet ? Celle du maître humain, c’est à dire celui qui a soi-disant la maîtrise (les compétences et le savoir) sur l’animal élève, évidemment cognitivement déficient ? Celle de l’humain qui (croit qu’il) a la direction de sa vie (leadership) sur l’animal (rendu) dépendant de lui ? Celle du parent sur son enfant ?

Dans l’entendement populaire habituel (et non dans l’entendement éthologique), la hiérarchie de dominance appliquée par l’homme à l’animal devient une classification de pouvoir de contrôle. Cela signifie que l’un (humain) commande, ordonne, impose, décide, contrôle et a la priorité (et les privilèges) sur l’autre (animal).

Tout cela est une histoire de prise de pouvoir. C’est une obsession, un véritable TOC humain[i], appliquée aux chiens.

Et cela se reflète dans les techniques éducatives appliquées aux chiens. Curieusement, une fois encore, le chat échappe à ce TOC.



Discussion sur l’universalité du modèle hiérarchique
Trois notions simples remettent en question l’universalité, l’utilité et l’utilisation du modèle du pouvoir-contrôle:

q Le renforcement positif : il a remplacé de façon intéressante l’éducation autoritaire ; son efficacité permet d’éduquer même les chiens (dits) dominants[ii].

q La motivation : elle permet une vision alternative des facteurs qui sous-tendent un comportement, notamment les comportements d’agression compétitive, qui sont intégrés dans le modèle hiérarchique classique : le chien peut entrer en compétition avec l’humain pour autre chose que des privilèges qui définissent un statut social.

q La coopération : elle permet une répartition des fonctions et des décisions en fonction des compétences pour une meilleure efficacité de la tâche dans un processus d’entraide.



Le modèle alternatif, que je propose en complément ou remplacement du modèle hiérarchique, sera basé sur ces notions ; s’il fallait lui trouver un intitulé, je dirais que c’est un modèle motivationnel-coopératif


je n'ai pas mis l'autre partie de la conférence plus portée veto.

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qqs citations supplémentaires du mm homme. a noté Joel Dehasse est vétérinaire comportementaliste en Belgique, a écrit de nombreux livres et fait maintenant des formations communes avec Catherine Collignon.

"Dans ma vision idéalisée, un Dominant est un être charismatique à qui l’environnement fait déférence et non un être qui revendique un statut de façon proactive et/ou agressive ; ce dernier est un être généralement en réactivité contre son état (caché, inavoué, voire inconscient) de peur, d’incertitude, de mauvaise confiance en lui, de soumission au monde…"


"Une constatation simple permet de se rendre compte que l’environnement donné par l’homme au chien (ou au chat) ne respecte pas ses besoins éthologiques d’activité...Mon hypothèse est que le chien, qui n’a pas de fonction (de job), va se chercher une occupation, quelle qu’elle soit. Il sera influencé pour cela par sa nature (chien de chasse, de garde…) et par son environnement. Le chien s’invente des activités. Mais, à la différence du loup dont les activités sont orientées par les impératifs de survie, le chien n’a plus de contrôle : il ne doit ni chasser, ni se défendre, ni se protéger des intempéries… Le seul contrôle du comportement du chien est l’éventuel pouvoir du propriétaire. Celui-ci devient dès lors primordial, dans notre culture.

Une seconde constatation est que le chien, animal social de type collaboratif (et non grégaire), n’a que très peu d’activités de coopération."

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Rien de très complexe ou nouveau mais je constate qu'il écrit mieux ses articles que ses bouquins.
Je l'ai vu en conférence au dernier congrès du MFEC, il est extremmement intéressant et soulève de nombreuses problématiques.
Par contre, je me permets d'éditer ton titre, pour qu'il contienne le titre de son article: pour mieux s'y retrouver.

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c'est un vieil article je pense un des premiers à avoir remis en cause le modèle hiérarchique.
et moi j'aime bien ses bouquins aussi.

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Ca fait plus de 20 ans que le modèle hiérarchique est remis en cause par plein de professionnels (éthologues, comportementalistes, éducateurs, vétérinaires...) dans de nombreux pays ( depuis son "invention" en fait). Mais il s'est tellement bien ancré dans l'imaginaire commun qu'on a l'impression qu'il existe depuis toujours.

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j'aimerai bien que tu me montres des articles qui datent d'il y a plus de 20 ans moi les seuls que je connaissent datent de moins de 10 ans

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