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Claire23

Au fond du vieux refuge...

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En cette période d'abandon, voici un poeme qui m'a beaucoup émue

Au fond du vieux refuge...



Au fond du vieux refuge, dans une niche en bois,
Depuis deux ans je purge, d'avoir trop cru en toi
Tous les jours je t'attends, certain que tu viendras.
Tous les soirs je m'endors, sans que tu ne sois là.

Pourtant je suis certain, je te reconnaîtrai.
Viens me tendre une main, je te la lécherai.
Tu te souviens très bien, quand je sautais sur toi,
Que tu me caressais, que je dansais de joie.

Que s'est-il donc passé, pour que ce 16 Juin,
Heureux que tu étais, je me rappelle bien,
Tu sifflais, tu chantais, en bouclant les valises,
Que tu m'aies attaché, là, devant cette église ?

Je ne peux pas comprendre et ne croirai jamais
Que toi qui fus si tendre, tu sois aussi mauvais.
Peut-être es-tu très loin, dans un autre pays,
Mais quand tu reviendras, moi j'aurai trop vieilli.

Ton absence me pèse et les jours sont si longs.
Mon corps s'épuise et mon coeur se morfond.
Je n'ai plus goût à rien et je deviens si laid
Que personne, jamais, ne voudra m'adopter.

Mais moi je ne veux pas que l'on me trouve un maître
Je montre bien mes dents et je prends un air traître
Envers qui veut me prendre , ou bien me caresser
Pour toutes illusions enfin leur enlever.

Car c'est toi que j'attends, prêt à te pardonner,
A te combler de joie, du mieux que je pourrai.
Et je suis sûr, tu vois, qu'ensemble nous saurions
Vivre des jours heureux, en réconciliation.

Pour cela je suis prêt à faire de gros efforts
A rester près de toi, à veiller quand tu dors,
Et à me contenter, même si j'ai faim,
D'un vulgaire petit os, ou d'un morceau de pain.

Je n'ai jamais rien dit lorsque tu m'as frappé
Sans aucune raison, quand tu étais énervé,
Tu avais tous les droits, j'étais à ton service.
Je t'aimais sans compter, j'acceptais tous tes vices.

Tu m'as mis à la chaîne, où tu m'as enfermé.
Tu m'as laissé des jours sans boire et sans manger
J'ai dormi bien souvent dans ma niche sans toit,
Paralysé, raidi, tellement j'avais froid.

Pourtant si tu reviens nous partirons ensemble
Nous franchirons en choeur la porte qui ressemble
A celle d'une prison que je ne veux plus voir
Et dans laquelle, hélas, j'ai broyé tant de noir.

Voilà, mon rêve se termine car je vois le gardien,
Puis l'infirmière, et le vétérinaire plus loin,
Ils entrent dans l'enclos et leurs visages blêmes,
En disent long pour nous sur ce qu'ils nous amènent

Je suis heureux tu vois, car dans quelques instants
Je vais tout oublier et, comme il y a deux ans,
Je m'endormirai sur toi, mon seul et grand ami,
Je dormirai toujours, grâce à... l'euthanasie.

Et s'il t'arrive un jour, de repenser à moi,
Ne verse pas de larmes, ne te prends pas d'émoi
Pour toi j'étais "qu'un chien", tu préférais la mer,
Tu l'aurai su avant, j'aurais payé moins cher.

A vous tous les humains, j'adresse une prière :
Me tuer tout petit aurait peiné ma mère.
Mais il eut mieux valu, pour moi, cette manière,
Et vous n'auriez pas eu, aujourd'hui... à le faire.

Brigitte Bardot.

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