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Chibichan

Les Japonais et le chien

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Hatchan est entré en novembre dans mon existence et avec son arrivée, je découvre petit à petit les différences entre la manière dont les Japonais et les Français (ceci inclut probablement la plupart des Européens) vivent avec leur chien.

Avant d'aller plus loin, je m'empresse de dire que je répondrai plus bas aux remarques pertinentes de ceux qui ne voient pas autant de différences que moi. Ils n'ont pas complètement tord et vous verrez pourquoi.

Tout d'abord, j'ai l'impression que le Japonais ne considère traditionnellement pas le chien comme un animal inférieur à l'homme, ce qui n'est pas le cas de la plupart des Européens.

Le Japonais considère que le chien vit dans le monde du chien et que son monde est simplement différent de celui des humains.

Le Japonais a traditionnellement une vision utilitaire du chien qu'il a utilisé longtemps pour la chasse au daim, l'ours ou le sanglier. En retour, il lui donnait gîte et couvert. Par « gîte », je pense qu'il faut entendre une semi-liberté voire totale liberté de venir s'abriter sous le toit de l'homme, dans l'entrée par exemple, car elle est ordinairement grande dans les maisons à la campagne, mais pas directement dans les pièces occupées par l'homme.

La notion d'animal de compagnie (« pet » en anglais) était, me semble-t-il, peu connue et peu pratiquée au Japon.

Le chien et l'homme vivaient ainsi l'un à côté de l'autre une relation utilitaire sans vraiment mêler leur existence et l'homme n'a jamais cherché à domestiquer le chien au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Ceci n'interdisait pas la présence d'une certaine affection réciproque mais n'allait en principe pas jusqu'à introduire le chien à l'intérieur de sa maison pour en faire un animal de compagnie.

Par voie de conséquence, le dressage ou l'éducation du chien se sont souvent limités aux aspects ayant trait à la chasse, le chien jouissant d'une liberté quasi-totale le reste du temps. pompomg

Je me demande donc si cette relation traditionnelle ne s'est pas ancrée au fil du temps dans les gênes de l'Akita. Ceci expliquerait son caractère têtu, dominant et parfois bourru. Pour le chien, la vie avec l'homme se résumait à ceci : « Je te donne un coup de main pour la chasse, tu me donnes à manger et un endroit pour dormir mais c'est tout. Tu me fiches la paix le reste du temps et je refuse de faire ou d'apprendre quoique ce soit d'autre. »

On est donc loin du toutou de compagnie qui dort au coin du feu, fait sa promenade dominicale avec son maître adoré ou joue dans le jardin avec lui.

Cet héritage ne se manifeste-t-il pas dans les gênes de l'Akita lorsque celui-ci fait la sourde oreille, refuse d'obéir et vaque à ses occupations comme si de rien était ? Le chien dit en quelque sorte à son maître : « Laisse-moi tranquille, on est pas en chasse, ce n'est pas l'heure de manger et j'ai autre chose à faire! » pfff

Ne se manifeste-t-il pas dans la difficulté qu'à l'Akita à accepter de se laisser éduquer ? « Viens ! », « Couché ! », « Assis ! » : autant d'ordres qui ne sont pas inscrits du tout dans le patrimoine génétique de l'animal qui accepte parfois d'obéir, mais qui refuse aussi, ni pour braver son maître, ni dans un esprit de dominance, mais parce que l'animal n'y voit aucune utilité, parce que cela ne rentre pas dans le code relationnel traditionnel qu'on pourrait résumer par : «  tu m'utilises, je t'utilise ». ongles

Pour revenir sur la remarque qu'au Japon comme partout, il existe pourtant de nombreuses pet shops qui vendent de multiples accessoires pour chiens et chats, et de nombreuses animaleries qui fournissent principalement aux citadins toutes sortes de petits animaux, je pense qu'il faut voir là deux choses : tout d'abord l'importation récente d'une habitude occidentale et d'autre part, un remède à la solitude et/ou au besoin en affection de l'homme moderne. Les animaux sont achetés la plupart du temps sans que l'acheteur ne se préoccupe aucunement de leurs besoins et de leurs exigences. Ils sont des substituts vivant à la poupée Barbie et cette « barbisation » prend des aspects à la fois tristes et comiques : les chiens et chats sont couverts de rubans, parfumés, le pelage teint parfois et on peut se demander raisonnablement s'ils sont heureux. Crying or Very sad

En tout cas, ceci n'a rien à voir avec la tradition locale ! Wink

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C'est une analyse intéressante quant au caractère de l'Akita up

Je crois que de tout temps, la relation entre le chien et l'homme a été finalement un échange de bons procédés, et cela continue, en parallèle de l'anthropomorphisme pratiqué avec nos animaux de compagnie.

Sont-ils heureux? Je crois que toute relation est basée sur un compromis. Que ce soit un chien de chasse, de berger ou de garde, qui assure un rôle auprès de l'homme et qui doit gagner sa croûte, ou bien du chien poupée qui doit subir les fantaisies d'un propriétaire fanatique, finalement nous subvenons à leurs besoins primaires en leur fournissant nourriture, abri et sécurité.
Attention, je ne cautionne pas le comportement des gens qui prennent un animal sans se soucier de ses besoins ni de son bien-être, mais il y a beaucoup de chien malheureux et affamés dans la rue...

Du reste, je n'ai pas vu beaucoup d'animaux au Japon...Les problématiques d'espace dans les grandes villes et la propreté maladive des japonais n'aidant pas beaucoup...Mais peut-être en avez vous aperçu davantage dans les campagnes?

Petites illustrations pour terminer mon post Wink
"Prière de ramener les crottes de votre chien chez vous"

A Tôkyô, j'ai du attendre que la propriétaire se détourne pour photographier, elle accusait mon regard un peu moqueur:

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J'aime aussi beaucoup ton analyse Chibichan.
Mais ne serait ce pas la vision d'un Japon traditionnel ? Qu'en est il maintenant ?

L'image que j'ai du Japon, d'après ce que j'en ai vu à la TV, c'est plutôt : mettre le chien en cage lorsqu'il est gros, le sortir de temps en temps...comme par exemple faire du vélo. Avec un petit chien, se serait plutôt l'habiller, lui peindre les ongles, payer des fortune en accessoire pour remplacer l'amour d'un enfant sur son chien (c'est d'ailleurs un autre sujet intéressant, car ces chiens là sont loin d'être heureux j'en suis sur). Tu me diras que c'est peut être le cas des grandes villes. Mais pour avoir beaucoup parlé avec un ami éleveur qui importe des Akita, il semblerait que non : les akitas en campagne sont également en chenils, les jardins sont très rares parait-il.

J'aime beaucoup l'image du Japon traditionnel up

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Jody1604 a écrit:

Mais ne serait ce pas la vision d'un Japon traditionnel ?


Si, c'est cela, ainsi que je le dis, je crois, dans mon post Wink

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Je trouve ton analyse très interressante, et très logique. Effectivement, ceci incluant cela, ça pourrait bien donner un sens "historique" au caractère si particulier de nos kitous up

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Analyse très intéressante.
Pour autant, je ne pense pas que ce mode de vie et vison du chien ait influencé le caractère de l'akita.

De ce qu'on m'a dit, la majorité des akitas inus chez les éleveurs vivent dans ds cages de 2mètres carrés. Ils sont sortis pour les besoins, mais il n'y a pas d'interaction avec les humains, et encore moins avec les autres chiens. Tout simplement car en expo, un akita qui se tient droit, avec le poil hérissé, ça fait bien ...

La majorité de nos bébés dont un parent est un import du Japon ont été élevés ainsi : ils sont formatés.
Par exemple, le père de mon loup est né au Japon et a été élevé là bas. Je l'ai vu en expo : il a été clairement programmé pour ça, et rien d'autre. Il se tient à sa place, c'est tout.

Il n'a pas le "même grain de folie" que nos kitous éduqués en France (de ce que j'ai pû voir). Il a un bon caractère, mais on voit vraiment la différence entre ces akitas qui viennent du Japon et ceux nés en France.

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Je vois pas mal de chiens importés du Japon, souvent des mâles.
Lorsqu'ils arrivent ils ne sont pas du tout socialisés si ce n'est un minimum aux autres akitas de l'élevage ou voisin de cage. Il faut tout leur apprendre, ils mettent un temps à sortir du vari, puis s'effrayent en entendant les oiseaux... c'est un long travail qui dépend aussi beaucoup du chien.
Le père de Chiyo est le seul à se méfier des étrangers qui visite l'élevage. Il aboie et met un certain temps à approcher (alors que les autres sautent généralement dessus !). Pour autant une fois la confiance gagné il est super gentil. Et pourtant il aura été importé chiot (3-4 mois il me semble). Certain viennent adulte, comme Matsu.

Le caractère dominant de nos Akitas est peut être également resté, car il ne faut pas oublié qu'avant c'était un chien "de combat". J'ai lu un jour que chaque famille possédait un chien de garde devant la maison. Il fallait le plus beau, le plus fier. Puis ils les ont testé entre eux...

Ce ne sont pas des chiens sélectionné pour s'entendre, au contraire ils ont une attitude d'autant plus fier et noble en défiant le voisin lors des expositions.

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C'est bien à cause de tout ça qu'on dit toujours que "l'akita est tel que les Japonais l'ont voulu et fait durant des siècles.... et encore aujourd'hui" !!
Et qu'on aura beau dire et beau faire, tant qu'ils y aura autant d'imports du Japon, on ne pourra pas obtenir des caractères plus souples et plus conciliants avec les autres chiens ! Rolling Eyessaispas
Ma Saku a eu la chance d'être de la 3ème génération née en France côté père.. et même si sa mère a eu un parcours très cahotique entre la Chine, le Japon, et la France, elle a toujours eu un super caractère et un équilibre défiant toute épreuve, semble t-il....
Ca aide pour avoir une super chienne avec elle aussi un équilibre aussi bien ancré !!! Wink

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Oui tu as raison Chris, mais heureusement les chiens importés s'adaptent finalement vraiment bien ! J'ai donné l'exemple du père de Chiyo, mais en temps que membre d'une meute il est totalement à l'aise, il ne garde sa méfiance que face aux inconnus et finalement ce n'est pas ce qui nous dérange le plus avec les akita...

Je suis convaincue que le caractère des deux parents est super important dans la sélection. Lorsque je vois les chiots de Chiyo et Taishi je ne peux que me réjouir, car ils sont pour le moment très cool avec les congénères du même sexe, ce qui est déjà pas mal pour des akitas de 8 mois (mais bien sur on attends la crise d'ados !!). Chiyo tolère plutôt bien les autres chiens, et Taishi vie encore et toujours avec un mâle du même sexe, alors qu'ils reproduisent tous les deux... cela relève de l'exploit !

Mais au fond, veux t on vraiment que le caractère propre à la race change ? Car cela fait tout ce qu'est l'Akita : fier, indépendant, intelligent... Je ne dénigre pas ce dernier, mais je n'aimerai pas me retrouver avec un Labrador dans un corps d'Akita. Mais c'est un autre débat !

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Invité
Baaaaa, mon expérience est nettement plus limitée que les votres, mais les choses peuvent évoluer même au Japon... Moi je n ai rencontré que 2 mâles imports japonais, Umon et Syu. Le 1 er, tendu de prime abord, était un chouette loup, le 2d est fantastique avec les humains et apparemment se comporte très bien avec ses congénères...????
Ça ne peut pas être que des exceptions !???

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Je reste malgré tout persuadé que l'influence d'un certain type de dressage sur plusieurs générations doit avoir une influence.
Vous connaissez certainement cette expérience russe sur les renards, qui va dans ce sens:

Ils vous regardent dans les yeux, remuent la queue et gémissent de plaisir dès que vous approchez. Pourtant, ce ne sont pas des chiens, mais des renards qui ressemblent à s’y méprendre au meilleur ami de l’homme. Les chercheurs ont réussi ce que la nature n’avait pas pu faire : au terme de quarante-cinq ans d’élevage sélectif, ils ont créé de toutes pièces un renard domestique accroché au regard de son maître.

Lire la suite ici:

http://www.courrierinternational.com/article/2005/02/24/enfin-des-renards-de-compagnie

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john smith a écrit:
Baaaaa, mon expérience est nettement plus limitée que les votres


Quelle modestie!
On dirait un vrai Japonais. Wink

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