Reptoterraclub-reptoterraclub 0 Posté(e) le 16 mai 2008 Megophrys nasuta Date de première parution: 30 novembre 2006 Quel est le bon nom ? Le genre Megophrys KUHL et VAN HASSELT, 1822 fait parti de la superfamille des Pelobatidés et de la famille des Megophrydés BONAPARTE, 1850, comportant 136 espèces réparties dans 11 genres. Le genre Megophrys comprend 6 espèces : M. edwardinae, M. kobayashii, M. ligayae, M. montana, M. nasuta et M. Stejnegeri. C’est un amphibien anoure comme toutes les grenouilles et crapauds. L’espèce M. monticola, parfois citée dans les publications ou les listes du commerce n’est plus valide. L’espèce proche, M. montana se distingue par des cornes oculaires et nasale moins importantes que M. nasuta, mais la confusion est facile car elles sont très ressemblantes d’une part et d’autre part, la confusion des noms entre M. nasuta et M. montana est très fréquente. Néanmoins, le petit tour taxonomique n’est pas fini, car il y a souvent confusion entre Megophrys montana et Megophrys nasuta. Longtemps assimilée comme une sous espèce de Megophrys montana, sous M. montana nasuta, le nom valide est aujourd’hui Megophrys nasuta. On la retrouve également comme sous-espèce de Megophrys monticola. Bête à cornes… Comme les Ceratophrys, les « cornes » de M. nasuta plaisent au terrariophile. Pourquoi donc les cornes des grenouilles intéressent-elles les amateurs ? Y’a-t-il du transfert ou du refoulement dans le coin ? M. nasuta est une grenouille de taille moyenne, les mâles sont plus petits atteignent entre 7 et 10 cm, quant aux femelles elles atteignent 9 à 13 cm. La coloration est centrée sur le camouflage, fréquentant le sol des forêts recouvert de feuilles mortes, M. nasuta ressemble à s’y méprendre à cet amas de végétaux en décomposition. Néanmoins il y a de fortes variations de teinte selon les individus, de jaune sable à brun foncé. On la distingue particulièrement à ses cornes situées au-dessus des yeux et pointées vers l’avant formant une sorte de visière au-dessus de chaque œil. Cette « visière » se prolonge sur les côtés, jusqu’aux tympans. Le museau est surmonté d’une autre corne très pointue qui le masque et placée, quand on regarde l’animal de côté en-dessous des deux cornes oculaires. Cette « casquette » masque la partie inférieure de la tête quand on regarde la grenouille de dessus, elle ressemble alors à une feuille morte. Une ride en arc de cercle tirée vers l’arrière renforce le camouflage, simulant une nervure. Les yeux sont de taille moyenne et de couleur brune à ocre, la pupille est fendue et verticale. Le bord supérieur de la mâchoire sort également formant une bordure et cachant la fente de la mâchoire. Cette dernière est grande et recule bien en-deça des yeux. Le dos est parcouru de deux carènes longitudinales discrètes imitant là aussi des nervures, les pattes sont aussi parsemées de ces fausses nervures. Le dos et les pattes sont brunes plus ou moins clair, la mâchoire et la gorge sont noirs, ainsi que le ventre et le contour de yeux. La marque noire autour des yeux est comme tracée à la règles, les contours sont nets et droits. On note des points blancs à l’arrière des flancs et parfois sur les pattes postérieures. Discrète… Megophrys nasuta se rencontre à Bornéo, java et Sumatra jusqu’à la péninsule malaise (Malaisie, Thaïlande) ainsi que les îles intermédiaires. Néanmoins, l’appartenance à cette espèce des populations de la péninsule malaise est très discutée. On la rencontre ans les forêts tropicales aux sous-bois bien développés et jusqu’à 1600 m d’altitude, bien que INGER (1966) montre une altitude dépassant 240 mètres à java. C’est la plus commune du genre. Elle vit dans un climat résolument humide et chaud à faible saison sèche mais à forte saison des plus, annonciatrice de la saison de reproduction dans la nature comme en terrarium. Terrestre et nocturne, elle compte sur son camouflage pour passer inaperçu. Elle est indépendante vis à vis de l’eau, mais pas de l‘humidité comme tous les amphibiens. M. nasuta ne rejoint les points d’eaux que lors des accouplements, et s’en éloigne sans problèmes le reste de l’année. Camouflée dans les feuilles mortes, les racines des arbres, les souches et amas de bois morts, elle chasse à l’affût et s’avère gloutonne. Si elle reste discrète en apparence, son cri lui est fort. Il est constitué de courts sons métalliques mais assez doux ressemblant à un « Chink ! » qui peut s’entendre de loin. On note des variations dans ses coassements, mais il est difficile de les décrire noir sur blanc ! Vous vous en ferez une idée par vous même ! Sachez en tout cas qu’il est déconseillé de mettre le terrarium de cette charmante bestiole dans une chambre à coucher !!! Dans une pièce à Reptiles, elle offre une ambiance tropicale lors de la saison des amours. Ceux qui l’ont observée dans la nature assurent qu’il est très difficile de repérer cette grenouille. Le son court et puissant ne permet pas de la localiser. On fouille, on farfouille un endroit en croyant l’y trouver alors qu’elle est à plusieurs mètres de là ! C’est un phénomène courant pour déstabiliser les prédateurs chez les grenouilles mais aussi les insectes comme les grillons. La technique utilisée pour les capturer consiste à éclairer le sol avec une bonne lampe torche, les yeux de cette grenouille reflètent bien cette lumière, elle peut ainsi être repérée. Sociable… On peut héberger plusieurs spécimens dans un même terrarium, quelque soit le sexe. Placer plusieurs mâles est d’ailleurs et comme souvent chez les anoures un gage de réussite pour la reproduction. Un simple couple ne risque pas de donner grand chose, il faut au moins deux mâles et deux femelles, au mieux trois mâles et trois femelles. Un nombre égal ou inférieur de femelles par rapport aux mâles augmente la concurrence pacifique entre eux, mais évitez toute de même des ratios comme trois mâles (ou plus) pour une seule femelle (la pauvre !). Quatre à six spécimens se logent dans un terrarium de 80x40x40 cm minimum, six huit spécimens dans 80x50x40 ou 50 cm (LxlxH), et une dizaine ou une douzaine dans un terrarium de 100 x 50cm de base. Bien qu’ayant besoin d’humidité, il ne faut pas négliger une bonne aération. Le terrarium en bois est exclu, seul le verre ou une matière plastique comme la résine peut convenir. Attention ! Certains plastiques sont toxiques pour les amphibiens ! Et en général ce n’est pas marqué dessus ! Le sol est composé d’un couche de 5 cm d’écorces pour Reptile type reptibark. Un récipient en terre cuite plat de 15-20 cm de diamètre est nécessaire. Une petite pierre permettra aux grenouilles d’en sortir facilement. Des écorces de liège offriront des cachettes, ainsi que les fausses plantes. On peut placer une souche tortueuse pour agrémenter la décoration. L’humidité est entretenue par des pulvérisations fréquentes et se situe autour de 70 à 80%. La température est de 24 à 26°C, 22°C la nuit. Une cascade, avec de l’eau ruisselant sur une souche ou une écorce de liège maintiendra une parie du taux d’humidité permettant plus de souplesse dans les pulvérisations. Alimentation : Megophrys nasuta et les autres Megophrys ne sont pas difficiles. Pourvu que ça entre dans sa gueule ! Grillons, jeunes criquets migrateurs, petites blattes (petites espèces ou larves de grandes espèces), lombrics, larves de teigne de ruche, vers de farine, mouches… La seule condition : Il faut que ça bouge ! Les gros sujets pourront même manger des souriceaux d’un jour mais ce n’est pas gagné d’avance ! Les proies doivent être bien nourries auparavant, de temps en temps, on les saupoudrera de calcium. On nourrit ces grenouilles tous deux à trois jours. Reproduction : Beaucoup d’auteurs la jugent difficile à reproduire, ce n’est pas l’avis des soigneurs du vivarium de Karlsruhe qui furent obligés de séparer leurs couples car ils n’arrivaient plus à suivre ! Voici cette expérience qui fut relatée par Marcel STAEBLER dans un ancien numéro d’Aquarama* (certains se rappellent peut-être de cette revue). «Le vivarium de Karlsruhe acquis un groupe de 4 grenouilles capturées dans la nature, parmi ce groupe une seule femelle, car les mâles sont plus fréquents lors des captures. La femelle pondit dans le bac de quarantaine, s’étant accouplée avec un des trois mâles. « Après la ponte, il a fallu séparer les mâles de la femelle car chacun essayait de s’accoupler avec elle et l’empêchait ainsi de se nourrir. Après une semaine, les têtards ont éclos. En denses groupes (40 à 50 individus), ils se cachent sous les tessons de pots de fleurs, il y avait 200 à 250 individus au total. Ils ne recevront aucune nourriture jusqu’à ce que la réserve vitelline soit épuisée, ce qui dure environ 8 jours, selon la température ambiante ». Pour la petite anecdote, le premier têtard sortit de l’eau le 24 décembre ! Les derniers têtards à achever leur métamorphoses le firent en avril, il en resta au total 140. Quarante des jeunes moururent peu de temps après leur sortie de l’eau. En tout, une ponte de 200 à 250 jeunes offrit 100 jeunes grenouilles viables. Conclusion de l’article « Il suffit de les mettre dans un bac bien aménagé et de les arroser régulièrement pour provoquer l’accouplement et la ponte ». En effet, on procède avec ces grenouilles comme avec beaucoup d’autres grenouilles, soit en augmentant brutalement l’humidité du terrarium par de longues pulvérisations (il faut pour cela que le terrarium soit équipé pour recevoir cette quantité d’eau, à savoir un drainage) ou en les plaçant dans un terrarium à part qui fait office de chambre de pluie. Peu d’informations sur la reproduction de cet amphibien sont disponibles en dehors de l’expérience du vivarium de Karlsruhe. Mais elle ne déroge pas aux règles classiques utilisées pour des espèces plus communes comme les Dendrobates ou Litoria caerulea. Les pontes par individus sont assez faibles, mais compensées par une grande taille des têtards. Ceux-ci sont de couleur beige parsemée de petites tâches noires, la gueule est bordée de deux cornes. Ils sont planctophages. On les nourrit en captivité de paillettes pour poissons exotiques que l’on a bien broyé ou de plancton tel que des paramécies et autres animalcules aquatiques. Leurs mœurs planctophages ne les prédisposent pas au cannibalisme, la cohabitation des têtards peut donc se faire sans problème. Placés dans un aquarium en verre (attention certains plastiques sont toxiques), on place un petit filtre branché à un diffuseur à air pour aquarium (évitez les pompes centrifuges, trop violentes). Le niveau d’eau est peu important, 20 cm suffisent. Dès que toutes les pattes apparaissent ont dispose les têtards dans un aquarium à faible hauteur d’eau (5 cm) et disposant d’une zone terrestres (une tuile plate inclinée) et facile d’accès. Puis dès qu’elles sont assez dégourdies on les place dans un terrarium où elles grandiront à coup de micro-grillons et de drosophiles. Législation : Elevage et commerce soumis à aucune restriction. Texte intégral et original paru dans Repto terra numéro 22. *: « Reproduction au musée zoologique de Karlsrhue / Allemagne » Marcel Staebler et Andreas Kirschner – AQUARAMA 147-148 – trentième année Janvier-mars 1996. (Disponible auprès des édition du garou – Aquarium magazine). (c) repto terra club. tous droits réservés. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites