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Chelydra serpentina

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Date: 01 juin 2005 – remise à jour mai 2008.

Chelydra serpentina… La bête !

C. serpentina serpentina



C. serpentina osceala


Photos: Kinosternum - http://tortueforum.com

Classification :
Cheloniens criptodires. Famille des Chelydridés (2 sous familles, 3 genres). Le genre Chelydra ne possède que cette espèce : Chelydra serpentina (Linneaus 1758). L’espèce est scindée en 4 sous espèces : Chelydra serpentina serpentina (LINNAEUS 1758), Chelydra serpentina osceola STEJNEGER 1918, Chelydra serpentina rossignonii (BOCOURT 1868), Chelydra serpentina acutirostris PETERS 1862. La taxonomie a eu une histoire mouvementée ! Actuellement, des études génétiques tendent à considérer la plupart des sous-espèces comme espèces à part entière. Noms communs : Tortue hargneuse (à ne pas confondre avec la Tortue alligator : Macrochelys teminckii).

Description :

D’énormes pattes aux puissantes griffes, une queue longue et pourvue d’une crête, un plastron très réduit, une tête massive et un puissant bec, de petits yeux « de grenouille », une coloration brune à grise parsemée de variances sombres et claires, une carapace plate et carénée sur le dessus et les côtés et surtout une taille impressionnante de 40 à 50 cm et une longueur tête-queue étirée jusqu’à 1 mètre et un poids de 15 à 20 Kg (record 49Kg)… Oh la grosse bête ! La cou est très long et très mobile, elle peut facilement vous happer la main qui est posée sur sa carapace en retournant son cou par dessus la dossière (même si la tient à l’envers).

Répartition et biotope :
Vaste répartition allant (toutes sous espèces confondues) du sud du Canada à l’Equateur incluant : le centre des Etats Unis (le vaste bassin du Mississipi), l’est et le sud est des Etats Unis, le Mexique, l’Amérique centrale. C. s. oceala vit au sud-est des USA (Louisiane, Floride, Caroline du sud…), C. s. rossignonii au sud du Mexique et l’Amérique centrale, C. s. serpentina aux Etats Unis et sud du Canada et C. s. acutirostris en Amérique du sud et centrale. Les biotopes sont variés pourvu qu’il y ai de l’eau. Elle ne quitte l’eau qu’en cas de force majeur (assèchement du point d’eau, défaut de nourriture, ponte, recherche d’un partenaire pur les mâles). Elle vit dans des cours d’eau peu profonds et lents (marais, étangs, petites rivières), apprécie les eaux boueuses et très denses en végétation aquatique.

Comportement :

Hargneux !!! Sans peurs et sans reproches, elle mord sans hésiter quiconque s’approche d’elle. Malgré ses allures pataud elle est rapide et sa détente fulgurante. Une adulte peut amputer deux doigts en un coup de bec, elle peut amputer le pied d’un enfant de deux ou trois ans. D’où le danger de ces animaux souvent achetés juvéniles dans les animaleries et qui sont abandonnées dans nos étangs où elles survivent sans problème et pourraient même théoriquement se reproduire (au sud du Canada les œufs hibernent) ! Diurne, elle devient plutôt nocturne en cas de canicule. Elle reste immergée dans la végétation sans bouger attendant qu’une proie se montre. En captivité elle reconnaît vite les humains comme porteur de nourriture et à votre approche elle va s’agiter dans l’aquarium. C’est un prédateur redoutable et son allure est plus qu’impressionnante, un vrai fossile vivant. Ces tortues sont volontiers cannibales et dévorent aussi d’autres espèces de tortues. Pour manipuler cet animal, il faut la saisir d’abord par la queue puis la soulever en agrippant le bord ARRIERE de la carapace, plus avant elle peut vous attraper la main d’un coup de mâchoire. Les Tortues hargneuses furent utilisées dans le temps pour repérer les cadavres humains noyés dans des rivières ou des étangs !

Alimentation :

Dans la nature elles dévorent poissons, invertébrés (beaucoup d’escargots chez les jeunes), batraciens, petits rongeurs, oisillons, lézards ou serpents, autres tortues et également beaucoup de charognes ainsi que des végétaux aquatiques. En captivité on la nourrit beaucoup de poissons entiers (amis pêcheurs vous êtes favorisés). Ne pas donner de sardines et poisson gras, j’en ai fait l’expérience ! Le lendemain l’eau se changea en lait ! On peut lui donner différents poissons de rivières vivants (poissons rouges, vifs de pêche) ou morts (truite, poissons marins comme les éperlans), de la chair de poisson congelée, des souris ou ratons, de la viande rouge ou blanche, crevettes roses entières, moules décortiquées, elle peut compléter sa nourriture par une fraction végétale tel que des feuilles de salade ou plantes aquatiques (Elodée). On nourrit les adultes une fois par semaine, elle a une forte capacité de jeun mais l’agressivité s’accroît avec la faim. Les jeunes sont nourris tous les deux jours de vers de vase, vers de farine, grillons noyés, poissons (chair ou entier morts), souriceaux, gammares congelés, vers de terre, moules décortiquées, crevettes entières. On ajoute du Calcium une fois par semaine.Ayez pitié de vos tortues ! Bannissez les gammare séchées ! Imaginez que vous devriez manger des flocons d’avoine toute votre vie !

Aquarium :

Je maintenais un adulte de 40 cm de carapace dans un aquarium de 120x55 cm de large et 30 cm d’eau. Elle me fut confiée six mois par une association en attendant un meilleur hébergement. Aujourd’hui elle vit dans un grand aquaterrarium de 150 x 100 cm de base sur 80 cm de haut (40 cm d’eau maximum et plusieurs étages) et joliment décoré d’une fontaine placée hors de portée de la bête qui déménage toute décoration. Chez moi d’ailleurs il n’y en eu point ! Un filtre extérieur de 840 litres heures assurait la filtration (rempli de pouzzolane et de perlon) mais s’avérait très juste niveau capacité de filtration car vite encombré. Il est préférable d’utiliser des filtres ouverts plus faciles à nettoyer (qu’on a pas besoin de démonter entièrement) comme un aquarium placé sous l’aquarium principal et équipé de cloisons. La filtration mécanique est importante et doit être facile à changer. La pompe doit pouvoir faire passer dans le filtre 4 à 5 fois le volume d’eau par heure. Les équipements doivent être bien accrochés.
Une très grosse pierre, si possible siliconée abondamment au fond de l’aquarium lui permet de sortir se sécher et s’exposer à une lampe qui offriront une chaleur de 32°C. Les jeunes sont plus enclins à sortir les adultes restant beaucoup plus dans l’eau ou ne sortant qu’une partie de leur corps. Les sous-espèces tropicales (Amérique centrale et du sud) ont besoin d’une température d’eau à 28°C. Mais la plupart des spécimens appartient à C. s. serpentina ou C. s. osceola et d’origine tempérée ou sub-tropical, une température de l’eau de 25°C suffit. Un chauffage-thermostat pour aquarium se charge de chauffer l’eau, si possible placé dans le filtre. On peut bien entendu la sortir en été, mais gare aux évasions ! Sous nos climats, elle peut vivre toute l’année en bassin extérieur.
Il faut loger les individus séparément, dans un aquarium d’au moins 0.8 m² de base par adulte. Le niveau d’eau lui permettra de noyer totalement la carapace tout en ayant les pattes au sol et la tête pouvant sortir (environ 30 cm de hauteur d’eau). La meilleure solution est de créer des plateaux à différents niveaux avec des pierres siliconées au fond de l’aquarium.

Reproduction :
L’idéal est de pratiquer la repro. en enclos extérieur vu la taille de la bête ! Pour les sous-espèces nord-américaines, une hibernation à 10-12°C est à pratiquer durant deux à trois mois. Elle se fait dans l’eau et sans alimentation. Au printemps on peut alors les sortir. Une caisse enterrée et remplie de sable et de tourbe humide servira de pondoir. En intérieur, on place la femelle dans une caisse de grande taille remplie de 40 cm de sable et de vermiculite humide et d’un récipient peu haut et aussi grande que la femelle rempli d’eau dès que la ponte se fait sentir (comportement terrassier important, tente de s’échapper, en général la gestation dure 6 à 10 semaines). Il est difficile vu la taille d’immerger une caisse assez grande directement dans l’aquarium. Néanmoins, en construisant l’aquarium en prévision de cet événement c’est possible. Avant de mettre en couple les animaux il faudra d’abord bien les nourrir. Les accouplements sont aquatiques. Une femelle est productive puisqu’elle pond en moyenne 20 à 40 d’œufs avec des records pour les très grosses femelles de 75 œufs. Ils mesurent 24 à 33 mm. A la naissance les jeunes mesurent 2.5 cm de carapace, à un an ils mesurent 8 à 10 cm et au bout de cinq ans ils dépassent 20 cm. L’incubation se fait à 24-28°C.
La reproduction en captivité n’est pas difficile en elle même, le problème est la place ! Longévité : Plus de 30 ans.


Photo: V. Noël

Statut : Considérée comme animal dangereux. Réservée aux titulaires du CDC.

Vincent NOËL. Juin 2005.

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