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SARGHARA1

Une nouvelle journée qui commence joliment

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Vous arrive t'il de lire de belles choses qui vous émeuvent, vous marquent, vous font réfléchir, vous donnent envie de les partager ?

D'écouter des musiques dont les paroles vous font frissonner, les clips vous émerveillent ?

Pourquoi ne pas nous les faire découvrir, entre nous, tout simplement, pour le plaisir ?

Je propose de consacrer ce post à tous ces petits mots, ces jolies phrases, ces images, ces céations diverses, ces anecdotes qui nous donnent envie de les faire lire à d'autres et vous font vous sentir plus vivants, plus heureux ?

Si le jeu vous plait, lancez vous ! Partagez vos petites perles, de celles qui nous font sourire le matin au réveil, ou nous émeuvent en nous faisant nous sentir si vivants.

Montrez nous vos petits textes, écrits par vous même ou tirés de livres, de chansons.

Donnez vos avis sur les textes présentés, nous pourrions même élire celle qui nous aura le plus plu.


A vos plumes, ordis, instruments de musiques, livres, recherches la valse est lancée

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La mort du loup

I

[i]Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
- Nous marchions, sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans le hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins parcils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. – Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs ; seulement
La girouette en deuil criait au firmament,
Car le vent, élevé bien au dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en bas, contre les rocs penchés
.[/i]


[i]-Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable, attendant à genoux,
Qu’une étoile jetât quelque lueur sur nous ;
Puis, tout bas a juré que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands Loups-cerviers et de deux Louveteaux.
- Nous avons tous alors préparé nos couteaux
Et cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches
Nous allions, pas à pas, écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup des yeux qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quelques formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit, sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
L’allure était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le Père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu’adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvraient le Demi-Dieux Rémus et Romulus.
- Le loup vient et s’assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris.
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n’a pas desserré se mâchoires de fer.
Malgré nos coups de feu qui traversait sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
- Il nous regarde encore, ensuite il se recouche
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
.[/i]



II

[i]J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux Louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve,
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
.[/i]




III

[i]Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes,
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah, je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur !
Il disait : « Si tu peux, fait que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de Stoïque fierté
Où naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
- Fait énergiquement ta longe et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, Souffre et meurs sans parler. »
.[/i]



Alfred De Vigny
LES DESTINEES (Poèmes philosophiques)

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