Michel23 0 Posté(e) le 6 juin 2006 Des forums de concertation organisés par le Ministère de l'écologie et du développement durable. Analyse par Mission d'Animation Agrobiosciences. A lire : Forums de Concertation sur l'accompagnement du renforcement de la population d'ours brun dans les Pyrénées Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Ugatza 1 Posté(e) le 6 juin 2006 Ca a l'air, à première vue, TRES intéressant. Je prépare une analyse commentaire dès que j'ai un moment... :study: Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Ugatza 1 Posté(e) le 12 juin 2006 Chose promise, chose due... Je crois qu'il est nécessaire de lire attentivement le document pour bien comprendre la valeur de l'expérience de ce forum, qui est, non pas un lieu de débat permanent (comme ici) mais une expérience très limitée dans le temps (4 heures visant à recueillir des opinions dans un public choisi). J'ai choisi de relever les opinions rapportées pour en faire un commentaire critique. Voici la première partie. Citation :« La décision du renforcement d’ours a déjà été prise et on nous demande de débattre ». C’est une « démocratie de façade ». Certains participants se disent même « scandalisés »… tout particulièrement les éleveurs présents qui sont les plus critiques dans ce sens. Citation :« Pourquoi nous demander maintenant notre avis ? Tout est déjà bouclé. » Ou une autre manière de dire : « Ces mesures d’accompagnement, c’est pour faire passer la pilule. Tout est déjà bouclé ». Et ceci tout particulièrement de la part d’éleveurs qui refusent le principe des mesures d’accompagnement parce que refusant d’envisager la présence de l’ours. Voilà bien une proposition matoise... Elle montre le rôle de la « concertation » dans l'extermination des ours. Cela fait trente ans que la "concertation" dure ... que l'on débat dans les Pyrénées... ET trente ans aussi que l'Ours agonise. Malheureuse coïncidence? Chaque fois que l'on parle d'ours, les éleveurs anti-ours mettent un préalable: la concertation qui n'a jamais abouti ...qu'à « tenir le bec dans l'eau » à l'Etat (qui ne demande que cela) et à la création de l'IPHB, l'Institution Patrimoniale du Haut Béarn. Cette "institution", inspirée de l'idée de décentralisation, est une assemblée, créée par Michel Barnier, ministre UMP de l'Environnement, sur le conseil de François Bayrou UDF, alors Président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques. Son ami Jean Lassalle en devint le Président . L'IPHB est une assemblée collégiale "d'acteurs locaux" (élus, chasseurs, éleveurs, forestiers, protecteurs de la nature, etc), fondée sur la signature d'une charte "pour le développement des vallées (Aspe et Ossau) ET la protection de l'Ours... L'Etat abandonnait la responsabilité de la gestion de la protection de l'Ours des Pyrénées à cette assemblée à qui il donnait des moyens financiers (budgétaires) pour qu'elle atteigne ses objectifs... On sait les brillants résultats auxquels elle est parvenue... Chargée de la sauvegarde de la seule "population" d'ours en France, passée sous sa gestion de 8 ou 9 à ...3, elle s'oppose aujourd'hui à la seule mesure (réclamée depuis 30 ans par les protecteurs de l'Ours) qui peut empêcher la disparition de l'espèce... Etonnant, non? Voici donc le contenu de la concertation telle que la veulent ceux qui l'opposent au renforcement de population (auquel il faut bien venir) : des sous et une extinction programmée de la population d'ours... Citation :« Un animal potentiellement dangereux » : les sentiments de peur, de craintes, d’angoisses s’expriment fortement autour des tables, qu’il s’agisse de l’image d’un animal prédateur ou de la force des nombreuses histoires locales racontées à propos de l’ours (certains évoquent des anecdotes familiales vécues ou racontées par leurs pères et grands pères menacés par des ours). Est-il possible que ces Pyrénéens ignorent que depuis plus de 150 ans, il n'y a eu (pas plus qu'en Slovénie) aucun cas d'attaque d'ours sur l'homme? Au delà de ces 150 ans, les faits sont connus sur la base de rapport et de témoignages sujets à caution (affabulation, préjugés, etc). Il s'agit de "dramatiser" pour couvrir d'autres motivations moins avouables (économiques et financières)... Citation :De manière répétée, les éleveurs qui s’expriment autour des tables ne croient pas à « la possibilité d’une cohabitation pacifique entre l’homme et l’ours ». Répéter...Croire... Arguments de foi. L'Ours est dans la montagne. Les troupeaux, chargés de se "faire tous seuls" y sont aussi. Et l'Ours mange du mouton. Pas beaucoup, mais il en mange. Il faut donc trouver comment cohabiter. La République veut garder ses ours. Elle propose des indemnisations et aide les éleveurs. Comme les associations de protection de la nature (FIEP, FERUS, WWF)... Ces aides et les subventions agro-environnementales, au-delà des fanfaronnades, sont perçues. Mais l'Ours est refusé. Pour moi, c'est inacceptable. L'Etat doit faire preuve d'autorité. Deux livres à lire sur ces questions: "La cause de l'Ours" Claude Dendaletche (éd "Sang de la Terre") et le chapitre de Farid Benhammou dans "L'Ours des Pyrénées, les quatre vérités" (Camarra, Reynes, Benhammou et Bobbé) (éd. Privat) Citation :D’autres intervention prônent une attitude de « respect mutuel » entre l’homme et l’ours, avec la nécessité d’une recherche des conditions qui soient favorables aux deux à la fois. On évoque aussi à Aspet l’enjeu que constitue « le consensus pour une vie commune entre l’homme et l’ours, puisque c’est une sorte de remariage forcé ». Cependant, une table, à Lavelanet, parvient à la conclusion de ces échanges que « l’ours est indissociable de la question du devenir de l’homme : pas d’ours sans l’homme, mais pas d’ours contre l’homme ». On croit rêver à lire de telles séduisantes...sottises. A Lavelanet, ils ont oublié d'inviter les ours à leur table. Respect MUTUEL. Les ours seraient-ils des citoyens? Les ours sont des ours et agissent en ours. C'est la réalité. Le problème est de leur laisser (sans faire semblant) de la place dans ce monde où tous se prosternent devant le profit. Tout ce qui est à faire est de la responsabilité des hommes. Il y a fort à parier que ce "pas d’ours sans l’homme,mais pas d’ours contre l’homme », signifie concrètement "pas d'ours, mais...pas d'ours" Citation :Les Pyrénées, territoire de libertés ou territoire de contraintes ? Cette question constitue aussi un point de cristallisation des débats selon que l’on se déclare en faveur ou en opposition au renforcement de la population d’ours. Cette question prend toute sa saveur quand on connait par le détail l'histoire des Pyrénées, de leur aménagement routier, cynégétique, touristique et du rôle des élus, des lobbies, de l'Etat et de l'argent public... Le Parc National, créé en 1967 était déjà une contrainte intolérable imposée par…Paris. Les Pyrénéens locaux ont une haute idée de leurs droits… beaucoup moins de leurs devoirs. Qu'est ce qui empêche ceux qui se voient comme des pionniers défricheurs (et surtout pas des Indiens) de s'enrichir, d'exploiter et de "mettre en valeur"? Qu'est ce qui est une contrainte sinon tous les lois et règlements qui protègent un peu les paysages, la faune et la flore? Comme il est édifiant de voir fleurir ici, au fond de la France (?) des traditions la mentalité libéralo-soixante huitarde pateline, feignant d'idolâtrer la liberté... Citation :Pour certains, le renforcement de la population d’ours va forcément induire des contraintes fortes et va restreindre les libertés de la vie en montagne et de déplacements des personnes. Ce point de vue va jusqu’à la crainte exprimée que l’ours devienne « le roi de la montagne » avec comme conséquence qu’il en vienne à « chasser les bergers » : des remarques fortement critiques vis-à-vis du principe du renforcement et des mesures d’accompagnement associés à « un retour au mode d’esclavage » (à Tarbes notamment). L'ours, roi de la montagne? L'a-t-il jamais été? Alors pourquoi le deviendrait-il? Pourquoi cette crainte d'un ours persécuteur? Ne serait-ce pas le fantasme de celui qui se prend (plus ou moins consciemment) pour le vrai roi? Citation :Ces questions ouvrent vers des questions d’ordre plus général sur le futur des Pyrénées avec ou sans l’ours : « Que veut-on faire de la montagne : une zone touristique ou une zone sauvage ? » « Faut-il laisser les Pyrénées à l’homme ou à l’ours ? ». Pourquoi cette alternative? Pourquoi ne pas envisager l'un avec l'autre? Citation :La vie en montagne est-elle compatible avec l’installation de parcs, de clôtures, etc. pour se protéger de l’ours, et/ou pour protéger les animaux, brebis et ruches contre les dégâts de l’ours ? Faut-il rappeler que cela a toujours été le cas, mais que le progrès technique et de la productivité devrait rendre les problèmes ancestraux bien moins aigus? Citation : Pour d’autres participants, l’ours est au contraire garant d’une qualité de vie en montagne : évidemment, selon eux, ceci ne peut pas se faire sans une augmentation de la réglementation, mais les modalités de celle-ci devraient passer « toujours par la recherche d’un consensus ». Une attitude pour sortir, en quelque sorte, d’une vision manichéenne de la question de l’ours. Cette proposition est parfaitement sympathique… si l'on oublie l'histoire de la "recherche du consensus" toujours introuvable (quelle surprise !)... tandis que l'Ours s'éteignait. Citation : Un premier type de jugement : les acteurs locaux se ressentent niés. Une première tendance s’exprime qui considère qu’il s’agit d’un catalogue de mesures qui est présenté comme si les acteurs de base n’avaient rien à dire… Ce n’est pas uniquement le fait que la décision soit déjà prise qui trouble ceux qui s’expriment selon cette tonalité. Ce qui est en cause pour eux, c’est le sentiment d’être incompris, de ne pas être pris en compte. Il s’agit tout particulièrement des éleveurs qui se ressentent ignorés dans les contraintes comme dans les savoir-faire de leur métier. Une formule résume plusieurs expressions : « Ça vexe les montagnards de ne pas avoir été consultés », ou encore : « C’est pour faire plaisir aux parisiens. A nous ça ne nous apporte rien. ». A ceci s’ajoute le sentiment qu’il s’agit d’une action montée par des gens extérieurs à leur pays, non natifs des vallées, et qui ne peuvent pas les comprendre. "Ca ne nous apporte rien." "Parisiens"..."Montagnards" Voilà les fins mots lâchés... Il faut avoir un sacré culot pour dire de pareilles choses...Sans les "Parisiens" (hostiles et méprisants, forcément) le pastoralisme n'existerait plus que comme "curiosité pittoresque"...et l'Ours a apporté des millions d'euros aux éleveurs... Sans doute n'est-ce pas encore assez. Citation :Et même ceux qui se déclarent en faveur de l’ours considèrent qu’il faut « impliquer les gens pour qu’ils se sentent intégrés au projet ». Une autre expression va dans ce sens : « La manière est tout autant importante, si ce n’est plus, que les mesures ». Sous-entendu de tout cela : les pouvoirs publics s’y prennent mal… Vieille ritournelle...entendue depuis trop longtemps.Eternel recommencement? Malheureusement les ours, eux, ne le sont pas. Citation :Il y a aussi le contenu de ces mesures d’accompagnement qui semblent proposées « avec une grande ignorance de la situation » des acteurs économiques de la montagne, tout particulièrement des éleveurs. C’est pourquoi, la première mesure d’accompagnement serait d’entendre et de comprendre les gens parler de ce que ça va changer pour eux. De ce qu’ils ont à gagner et à perdre. Là encore, on prend les gens pour des c.... Combien y a -t-il d'ours dans les Pyrénées? 18 ou 19 après les derniers relâchers. N'y a-t-il pas eu une période récente (sans remonter jusqu'au Paléolithique) où il y avait autant d'ours dans les Pyrénées. Pourquoi est-il si malaisé de s'en souvenir? Aujourd'hui, l'ours est protégé...mais la République donne des compensations. Citation : Cet argument de l’ignorance des réalités s’exprime aussi en référence au fait que les problèmes socioéconomiques préexistants avec lesquels les mesures d’accompagnement vont interférer sont beaucoup plus complexes qu’ils n’y paraissent. Les problèmes ne peuvent pasêtre résolus par de simples mesures d’accompagnement. Et ajoutent certains : « De toute manière, la cohabitation est impossible avec l’ours », avec des évocations par certains participants de leurs parents qui ont chassé l’ours : « Ce n’est pas pour le réintroduire aujourd’hui ! ». Ce sont "eux" qui le disent...L'essentiel est dit là-dedans: 1) Le refus de reconnaître la compétence et l'autorité de l'Etat (les Parisiens!) qui ne connait "rien" et ne peut "rien" connaître des problèmes des éleveurs montagnards... 2) L'atavisme...qui de toute façon s'oppose à la présence des ours. Quelle conclusion en tirer? Continuer la "concertation"? Laisser faire le rouleau compresseur pastoral? Renoncer aux ours? Ou l'autorité et l'exigence de réciprocité (appuyée par la force publique)? La suite est à venir… Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites