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Ugatza

Matin d'hiver dans la baie

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Matin d'hiver dans la baie
Fin décembre.
Il est temps d'aller voir qui passe l'hiver dans la baie. J'ai laissé ma voiture en ville et je longe, sur une petite route, la rivière canalisée qui relie le port à la mer, encore loin.
Le jour se lève à peine et un petit vent acéré me tire définitivement du confort automobile.
Odeurs de poisson, de filets humides et de gaz-oil mêlées. Sifflements et miaulements du vent dans la forêt de mâts et de haubans.
Quelques goélands argentés passent au-dessus de moi en criant faiblement...Les maisons se font plus rares et restent derrière, alors que d'autres lumières révèlent les villages de l’Ouest de la baie, à l'horizon.
La route surmonte une digue. En dessous d'elle, à droite, à l’Est, s'étendent les polders...
De l'autre côté de la rivière, une "pointe" s'avance dans le fond de la baie, cachant un autre petit estuaire.
Côté polder, quelques petits étangs sont aménagés pour la « pêche à la truite ». J'installe ma longue vue et patiemment, doucement, je balaie leurs bords.
Il est là, fidèle au rendez vous, perché sur une pierre, à quelques dizaines de centimètres de la surface. Petite boule de plumes métalliques rousses et bleues prolongée d'un bec en poignard. Déjà à l’affût, sans doute affamé. Plus loin, d'autres boules de plumes duveteuses beiges et brunes dansent sur l'eau et le vent. De temps en temps, les oiseaux plongent brusquement et disparaissent.
De grands voiliers de vanneaux s'élèvent dans le ciel jaune et gris...
D’autres oiseaux au dos plat et au long cou blanc se laissent porter par le courant. Bec rose, mince, droit et acéré : des grèbes huppés. De temps à autres, ils plongent pendant quelques secondes et reparaissent plus loin.
Un oiseau à peine moins svelte, au cou plus épais et à la tête ronde, apparaît au milieu d’eux. Son bec pointu est un peu retroussé et son dos moucheté de tâches claires parait comme écailleux : un plongeon imbrin, rare mais régulier à cet endroit, venu du Grand Nord européen.
Verrai-je aujourd’hui les phoques veau-marin qui habitent la baie? Il m’est arrivé quelques fois, en faisant cette balade d’être surpris par l’apparition de l’un deux, tête ronde et luisante, museau court et moustaches raides, gros yeux noirs apparus soudain au milieu du canal.

Des cormorans sont perchés sur le mât des bouées qui balisent le chenal, entre les haut-fonds des vasières.
Celles-ci commencent à se découvrir, déjà occupées par des centaines d'oiseaux de toutes tailles : des grandes bernaches cravants aux minuscules bécasseaux variables...
Je remarque tout de suite les aigrettes garzettes, blanches, qui arpentent le bord, puis les tadornes de Belon, dont les couleurs vives tranchent aussi sur le gris de la vase. D'autres espèces se révèlent par leurs mouvements :
Les courlis cendrés au bec arqué et au plumage très mimétique.
Quelques pluviers argentés, plus petits et tout en rondeurs, dévoilant parfois leurs aisselles noires lors de brefs envols.
Les bécasseaux variables, petits oiseaux gris brunâtre presque toujours en train de courir et s'envolant avec un ensemble remarquable: leur groupe se comporte alors comme une seule entité vivante...
Ca et là, des goélands marins, grands oiseaux blancs aux ailes noires, à la grosse tête ronde et au bec jaune, aux pieds roses et palmés veillent immobiles avec leurs plus petits cousins gris argenté.
La mer se retire vite et où que le regard se porte sur l'immensité grise, il y a des oiseaux. Il "tombe" parfois sur quelques espèces peu nombreuses et discrètes: chevaliers gambettes, grands gravelots...
Tous s'affairent à la recherche de leurs proies, guettent ou se reposent...
Des avocettes élégantes dorment, la tête sur le dos et le bec invisible sous l'aile repliée, mais la silhouette fine et svelte, les longues pattes bleues et le plumage noir et blanc, ne laissent aucun doute sur leur identité.
Je continue de balayer le paysage, à la recherche d'autres espèces. Une petite centaine de bernaches cravants est là au bord de l'eau, noires blanches et grises. Certaines s'occupent à la toilette...tandis que d'autres dorment.
Presque au bord couvert d'obione du haut de la vasière, sur ce qui parait être une souche échouée, à demi enfouie, apparaît soudain une silhouette presque verticale et claire, tranchant sur le fond de rivage. Mon cœur fait un bond. Un faucon pèlerin. Une grande femelle, plumage légèrement ébouriffé par le vent, une patte repliée et cachée dedans, attend je ne sais quoi : la faim et le besoin de chasser ou l’opportunité d’une capture facile.
Après avoir fini de compter et de noter, je reprends la marche vers la mer.
Le paysage s'ouvre sur la baie et la mer au Nord.
Je quitte la route et prends un sentier qui s’approche des dunes puis de la grève. Je plante encore une fois ma longue-vue et balaie la surface de la baie. Il y a là quelques grèbes huppés et esclavons, des harles huppés et peut être encore un plongeon imbrin.
Quelques goélands s’agitent au-dessus des bancs de rochers que la marée découvre : ils lâchent de haut des proies à coquille ou carapace. Comme elles ne se cassent et ne s’ouvrent pas du premier coup, ils recommencent inlassablement.
Le sentier dans les dunes longe tout le bord oriental de la baie, pour traverser le territoire d’hivernage du bruant des neiges. Il parait absent aujourd’hui. Il ne se montre pas, malgré un examen minutieux du moindre pied d’oyat…
Puis je redescends sur le sable et le gravier de la grève
Le soleil passe parfois à travers une trouée dans les nuages et quelques alouettes chantent à perdre haleine : je les cherche perchées haut dans le ciel malgré ce vent froid qui est loin d’annoncer le printemps…
La mer se retire très vite maintenant et s’enfuit vers le nord à l’horizon.
J’ai du mal à reconnaître les petits groupes de limicoles de plus en plus éloignés qui s’envolent parfois au bord de l’eau.
Les parcs à huîtres se découvrent, aussitôt envahis par les goélands, les huîtriers pie (qui ne mangent pas les huîtres) et quelques aigrettes. Le paysage est immense. Le soleil fait parfois verdir la mer au loin contre le gris du ciel.
De petits points blancs brillent alors d’un éclat surprenant sur le fond des nuages : des fous de Bassan patrouillent au large.
Je les suis un moment et je les devine plus que je ne les vois vraiment piquer soudain les uns après les autres comme des flèches…
Je remonte pour passer derrière les dunes en direction de quelques bassins d’affinage. Je m’approche lentement, sans gestes brusques pour explorer méthodiquement les bords sous la végétation au ras de l’eau…
Ils sont là. Pâles comme le sable, marqués de brun, seuls leurs yeux jaunes mi-clos trahissent leur présence.Trois, quatre, cinq hiboux des marais (ou brachyotes) digèrent leur chasse de la nuit, parfaitement immobiles. Au moment où je me retire furtivement, un sixème hibou s’envole brusquement d’un endroit où je ne l’avais pas remarqué. En quelques coups d’ailes raides et légers, il part au dessus des dunes en direction de la mer.Il glisse d’une aile sur l’autre et disparaît.

Je m’arrête pour casser une petite croûte réparatrice (la marche dans le sable, ça creuse) arrosée d’un café bien chaud. Un petit groupe de bernaches traverse le ciel de la baie. Les phoques très loin sont couchés sur les bancs de sable de l’autre côté de la baie, à l’Ouest.
A ma grande surprise, je retrouve le hibou perché sur le mât d’une bouée au bord du chenal qui reste en eau.
Je savoure l’ambiance « de vagues de dunes pour arrêter les vagues et de vagues rochers que les marées dépassent » sous ce vague soleil d’hiver. Le ciel, le sable, la mer au loin et le vent. Les hommes sont au loin, dans leurs voitures ou leurs maisons. Seuls quelques tracteurs, au milieu des parcs ou des pêcheurs venus « faire » des vers…
Peu à peu les dunes s’élèvent derrière quelques gros blocs de béton ou de rochers, fixées par une végètation plus dense.
Du côté de l’eau, on ne voit plus guère que des goélands, mais autour de moi les passereaux sont plus nombreux : pipits maritimes, bergeronnettes grises, verdiers, linottes, bruants jaunes, pinsons et même, côté polders, quelques tariers pâtres…
Il est temps de rentrer en revenant sur mes pas.
Je crois que je m’offrirai ce soir un bon «moules frites» dans un bistrot du port…
martin

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Sympathique comme ballade... :jaime: ça donne envie de la faire... Very Happy :smilro:

Je sens que je vais venir faire un tour dans cette baie cette hiver Razz

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Pas de problèmes...Avertis moi. C'est la Baie des Veys (près de Carentan et Isigny)...

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Côté polder:






Retour sur la partie estuaire:





Deux "amoureux" de la nature en mal des "sensations" qu'elle procure (avec un moteur et quelques dizaines de litres de combustible fossile), partis aussi discrètement qu'ils sont arrivés : à l'arrêt ils braillent à cause du casque?
Juuuuuuuuuuuust for the fun!





Les goûts et les couleurs, ça ne discute pas! Tant pis pour les bêtes!

Haro sur les chasseurs?

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Et pas de zibou des marais ? Mais le jetski c'est pas censé être réglementé ?


duc

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Non, pas de zibou... Sad
Une sule Bernache cravant, toute seule...
Règlementé? Comme la pollution, tu veux dire?
Note: à l'arrière plan, c'est la Réserve Ornithologique (du GONm) de la "pointe de Brévands" (ils sont passés devant à toute berzingue)

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Ils (les "sbires" motorisés) évoluent (façon de parler) sur la partie reliant le port à la mer ?

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Oui.
Je vous fais grâce des jolis noms dont je les ai affublés intérieurement.
C'était bien pire que "sbires". Very Happy

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Ugatza a écrit:
Oui.
Je vous fais grâce des jolis noms dont je les ai affublés intérieurement.
C'était bien pire que "sbires". Very Happy

La vitesse est donc réglementée, non !?

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Pour les gens qui travaillent... Very Happy
Pas pour les "aventuriers de l'extrême"...

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J'y suis revenu et ai fait deux sorties dans des conditions opposées de marée.
Ce serait très long à raconter et j'ai pas pu tout photographier .
Mais au total et avec la longue-vue, j'ai observé:

Côté polder
Moineau domestique.
Troglodyte mignon.
Grive musicienne.
Grive litorne.
Tarier des prés.
Alouette des champs.
Verdier d'Europe.
Linotte mélodieuse.
Rouge-giorge.
Corneille noire.
Etourneau sansonnet.

Côté vasières, dunes et estran
Plongeon Catmarin.
Grèbe huppé.
Grand Cormoran.
Cormoran huppé.
Guillemot de Troïl.
Bernache Cravant.
Tadorne de Belon.
Courlis Cendré.
Vanneau huppé.
Huîtrier pie.
Avocette élégante.
Chevalier Gambette.
Bécasseau variable.
Bécasseau Sanderling.
Autres bécasseaux (trop loin pour être identifiés).
Barge à à queue noire.
Pluvier doré.
Pluvier argenté.
Labbe pomarin.
Goéland argenté.
Goéland marin.
Goéland cendré.
Mouette rieuse.
Sterne caujek.
Bruant des neiges.
Pipit maritime.
Bergeronnette grise.
Aigrette garzette.
Héron cendré.

Mais toujours pas de Hibou des marais.

Ragondin et phoque veau-marin.

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