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Michel23

Colloque d'Aix en Provence

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Libération - Lise BARNEOUD a écrit:

Faune. Malgré les systèmes de protection des troupeaux, les attaques augmentent.

Le loup toujours à l'aise dans la bergerie

par Lise BARNEOUD
QUOTIDIEN : mercredi 28 juin 2006

Aix-en-Provence envoyée spéciale

Si le début de l'été est synonyme de vacances pour beaucoup, il annonce aussi le début des hostilités pour d'autres. Les éleveurs le savent : avec les beaux jours revient la question de la cohabitation entre le loup et l'élevage. Il y a quelques années encore, il aurait été impensable d'en discuter calmement. Mais le séminaire organisé à Aix-en-Provence, les 15 et 16 juin, montre qu'il est désormais possible d'aborder les aspects techniques et scientifiques de cet épineux dossier sans se laisser déborder par les arguments idéologiques et syndicaux.

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Il était temps. Cela fait quatorze ans que le loup est revenu en France et que les éleveurs ont commencé, d'abord timidement puis massivement, à s'équiper de systèmes de protection. Aujourd'hui, en zone à loup, près d'un éleveur sur deux a signé des contrats de protection, cofinancés par le ministère de l'Agriculture et la Commission européenne. Ceux qui passaient auparavant pour des traîtres aux yeux des éleveurs radicaux augmentent ainsi chaque année de 60 %. Mais, en face, les loups se multiplient aussi. Avec un taux de croissance annuelle de 15 à 25 %, la population des loups dans les Alpes françaises compterait 120 membres, selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Et ce qui désespère les éleveurs, c'est que même si le nombre de troupeaux protégés augmente trois fois plus vite que le nombre de loups, les dégâts de Canis lupus ne cessent d'augmenter. En 2005, 3 650 brebis (environ 0,9 % du cheptel présent dans les zones à loup) ont fait les frais du grand prédateur, soit 30 % de plus que l'année précédente. Faut-il conclure à l'inefficacité des schémas classiques de protection des troupeaux ?

«Adaptation». «Ces chiffres ne doivent en aucun cas remettre en question l'efficacité des systèmes de protection, anticipe Mireille Celdran, chargée de mission au ministère de l'Agriculture. Des études ont montré qu'il y avait une diminution du nombre de victimes par attaque sur les troupeaux protégés. Mais la progression démographique et territoriale du loup ainsi que son adaptation constante pour contourner les barrages de la protection font que le nombre d'attaques continue d'augmenter.» Pourtant, certaines statistiques détonnent. Ainsi, 85 % des attaques dans le département des Alpes-de-Haute-Provence auraient concerné des troupeaux protégés. «En réalité, la fameuse trilogie de protection qu'est le chien de garde, le parc de nuit et l'aide-berger, a été conçue pour les gros troupeaux transhumants qui viennent passer l'été en alpage. Là, ils contribuent, effectivement, à diminuer le nombre de brebis tuées par attaque. Mais ailleurs, et notamment dans les petits troupeaux résidant en permanence dans les zones à loups, ces systèmes sont inadaptés et inefficaces», explique Laurent Garde, chercheur au Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam). Il y a donc une nécessité non seulement d'améliorer les techniques existantes (sécuriser les parcs de pâturage, augmenter le nombre de chiens de protection...) mais aussi d'adapter ces mesures à la diversité des types d'élevage.

Randonneurs. Par ailleurs, de nouveaux problèmes apparaissent avec ces modifications des pratiques pastorales. Les chiens de protection sont, par exemple, l'objet de conflits avec les randonneurs, mais aussi avec certaines communes qui voient d'un mauvais oeil l'arrivée de ces colosses sur leurs sentiers d'été. Le regroupement nocturne du troupeau dans un parc entraîne aussi une accumulation de déjections azotées et devient problématique pour l'environnement : «Un troupeau de 1 600 brebis rejette environ 3,3 tonnes de déjections azotées par nuit. Cela correspond à 21 kilos d'azote sur une petite superficie. C'est plus qu'un champ de maïs à forte production !» résume Paul Lapeyronie, chercheur à l'Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellier. Ces fortes doses d'azote induisent des problèmes d'érosion des sols, de perte de biodiversité et de pollution des eaux.

Scepticisme. «Nous montrons que les éleveurs ont joué le jeu mais nous amenons aussi la preuve que les systèmes de protection ont leurs limites. Aux proloups et aux politiques maintenant de faire des efforts», résument les organisateurs du colloque. Inévitablement, la question de la gestion du loup soulève des débats. Faut-il continuer à dépenser plus de un millier de journées de travail pour tenter de tuer quelques loups ? Ces interventions permettent-elles réellement de diminuer le risque ? Peut-être de façon temporaire, mais sûrement pas sur le long terme. D'ailleurs, le représentant du ministère de l'Environnement, Patrice Blanchet, n'a pas caché son scepticisme : «Ces méthodes de prélèvement [abattage, ndlr] sont lourdes et difficiles, elles sont de l'ordre de la satisfaction morale.»

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