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LARO11

La Marandaise

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L'Aviculture artisanale
Louis SERRE
Comment, sans labeur de force, un ménage d'aviculteurs artisans peut vivre largement sur 50 ares et réaliser un beau bénéfice en coordonnant travaux et recettes du Poulaillier, du Verger, du Rucher.
Ed. DUNOD - 1943

A la veille du jubilaire du Marans Club à Champion, je vous propose un extrait de ce petit livre (124 pages) qui parle de la Marandaise.
L'auteur fait un rapide tour de France des races de poule. Il décrit plus longuement une poule qui a peu de succès en 1942.


La Marandaise

Poursuivant vers le Midi, en longeant la côte, nous allons rencontrer aux environs de La Rochelle, dans la région de Marans, une poule très intéressante, la Marandaise, dont les avatars sont un enseignement.
La Marandaise est issue d'un premier croisement de la race locale avec les cocqs combattants anglais, que les matelots d'Albion avaient importés pour leurs amusement dans les ports de La Rochelle et de Nantes. Plus tard, à ce premier croisement se mélangea le sang de la Langshan et la race fut alors fixée. La Marandaise pondant de très gros oeufs extrêmement foncés, la plupart presque chocolat, d'autres violets, ces oeufs faisaient prime sur les marchés anglais et, dans sa région, la Marandaise était la poule indiscutée.

Une curieuse histoire.

Mais hors de sa région, la Marandaise était complètement ignorée. Tous les auteurs d'ouvrages avicoles antérieurs à 1930, et notamment Blanchon et Delamarre de Monchaux, font le silence absolu sur elle. Et jusque 1930 elle ne figure, dans aucune variété, aux Expositions internationale d'aviculture de Paris. Silence assez curieux, puisque les oeufs de la Marandaise étaient les plus cotés sur les marchés anglais.

Pour la première fois en 1930, la Marandaise est produite à l'Exposition d'aviculture de Paris. L'Elevage du Manoir d'Aulnaie expose, cette année là, huit sujets de la variété Coucou. Ils font sensation. Si bien qu'en 1931 la Marandaise est représentée à l'Exposition de Paris par sept parquets (4 poules et 1 coq par parquet) et seize unités, émanant de trois exposants pour les variétés Coucou, blanche et noire cuivrée.

En 1932, la Marandaise compte, à la même exposition de Paris, dix parquets, quarante-trois unités par neuf exposants, pour les variétés blanche, herminée, coucou dorée, coucou argentée, rouge, fauve et noire cuivrée. C'est un très gros succès et les amateurs semblent s'intéresser fort à la Marandaise.
En 1933, la voici à l'Exposition de Paris avec neuf parquets, cinquante et une unités, six exposants et toutes variétés.
En 1934 : onze parquets, trente-sept unités, cinq exposants : ça baisse.
En 1935 : deux parquets, vingt-deux unités, cinq exposants.
En 1936 : deux parquets, onze unités, deux exposants.
En 1937 : quatre parquets, vingt-deux unités, quatre exposants !
C'est nettement le déclin. Pourtant en 1932 et 33 la Marandaise a joui d'un engouement parfaitement justifié, enthousiasment nombre d'éleveurs, et voyant la constitution d'un club de la Marandaise nombreux et bien décidé à la pousser, à la sélectionner pour que ses variétés, peut-être trop nombreuses, soient mieux typées.
Pourquoi donc ce succès de cette race, qui se dessinait si bien, a-t-il été si brutalement stoppé?
Parce que la publicité pour les races anglo-saxonnes (Leghorn, Wynandotte, Rhode-Island, Sussex) est très agissante, parce que la propagante pour la Marandaise est insuffisante et surtout mal faite, parce qu'enfin on vient s'enticher d'une nouvelle race, la bleue de Hollande, dont le succès d'ailleurs n'ira pas loin.
Il fallait à la Marandaise une propagande bien faite.

Une qualité spéciale : le gros oeuf roux.

Cette race, en effet, se détache des autres par une qualité très spéciale. Sa chair est bonne, mais sans plus; Très supérieure à celle des volailles à pattes jaunes, elle ne peut cependant rivaliser avec nos Bresses, Le Mans, La Flèche, Crèvecoeur, Gâtinaise, Faverolles même.
Sa ponte est bonne mais sans plus. Elle ne doit donc pas, sur ce chapitre être préférée à nos Bresse ou Gâtinaises. Mais elle donne de très gros oeufs dont le poids moyen est au moins de 80 g.
Et ces oeufs très foncés, plus foncés que ceux de toute autre race, faisaient prime, étaient payés nettement plus cher sur les marchés anglais. Pourquoi ? Parce que l'oeuf de Marandaise, sans être meilleur que les autres, semblait meilleur parce que toujours plus frais. En effet, ce qui détermine la fraicheur de l'oeuf, ce n'est pas , comme on le croit, son âge, mais la plus ou moins grande quantité d'air qui s'est introduite dans la chambre à air. Et la preuve c'est que c'est cela seul qui compte au "mirage", c'est ce qui prouve que l'oeuf n'est plus frais lorsque, immergé dans l'eau, il va plus rapidement au fond.
Or l'oeuf de la Marandaise ayant une coquille épaisse et une pellicule dure et épaisse, livre difficilement passage à l'air ambiant. De sorte qu'un oeuf de Marandaise de quinze jours est parfaitement frais, parfaitement comestible à la coque, alors qu'un oeuf de Legorn de quatre jours ne l'est plus tout à fait et que l'on voit les pores de sa coquille blanche commencer à se piquer de noir.

La propagande qu'il fallait faire.

Il fallait exploiter cette qualité remarquable de l'oeuf marandais et, pour cela, que la propagande ne soit pas une vague publicité sur la grosseur de l'oeuf, faite auprès des aviculteurs, mais une propagande éducative faite sur sa qualité auprès du consommateurs.
Les tenants de la Marandaise ne l'ont pas compris ou n'y ont pas songé. Or lorque le consommateur parisien apercevait dans les crémeries, vers 1933, le bocal d'oeufs très foncés de la Marandaise à côté du bocal d'oeufs blancs, les oeufs foncés heurtant ses habitudes et son goût visuel étaient délaissés. Si le public avait été averti de son erreur, si le crémier avait été prévenu, le Marandais aurait fait prime à Paris comme à Londres et le succès de la Marandaise assuré.
C'était la tâche du club, qui n'a pas su l'accomplir.
Et aujourd'hui, connaissant la valeur extraordinaire de l'oeuf marandais, faut-il conseiller l'élevage de sa pondeuse ? Non, tant que l'éducation du public ne sera pas faite, oui lorsqu'il saura que l'oeuf marandais peut être "garanti coque" pendant un très long délais.

Ecrit en 1942.

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Déjà merci pour ce petit extrait Wink

Et bien entendu que je suis intéressé par la suite de cette lecture.

J'élève des Marans (comme d'autres sur le forum) et son histoire m'intérèsse tout autant que de les voir et les reproduire à la maison.

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