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Filoue11

Les tortues marines en danger à Madagascar

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Les tortues marines en danger à Madagascar



L’Express de Madagascar tire la sonnette d’alarme face à « la silencieuse agonie des tortues marines du sud-ouest » de la grande île. Jusqu’à 5 à 6 tortues marines sont tuées chaque jour pour leur viande.

Les tortues marines font l’objet d’une capture intensive à Toliara, où la vente et la consommation de ces espèces protégées ont repris de plus belle, au nez et à la barbe des autorités locales, incapables d’appliquer la législation en vigueur.

Rien que dans cette ville du sud-ouest de Madagascar, entre cinq à six tortues marines sont tuées chaque jour pour leur viande. De nombreuses gargotes proposent à leurs clients ce plat, tandis que des marchands ambulants en vendent dans les marchés en toute impunité, comme le relate L’Express de Madagascar, qui cite Gaëtan Tovondray, de l’Organisation mondiale de la protection de l’environnement (WWF) de Toliara.

« Lors des manifestations politiques, des orateurs avaient incité les gens à la désobéissance civile, y compris la bravade des interdictions sur la consommation des fano (tortues marines, ndlr), une habitude alimentaire locale », raconte un habitant de Tuléar.

Autrement dit, malheur aux tortues marines qui s’aventureraient dans les eaux malgaches, elles finiront dans les assiettes de la population locale. « Des scientifiques, venant d’autres pays, marquent les tortues marines, afin d’étudier leur mouvement migratoire. Mais ces tortues disparaissent après leur passage à Madagascar. Cela veut dire que ces tortues sont tuées », déplore Tiana Andriambola, chef de service des opérations et de communication auprès du Centre de surveillance des pêches (CSP).

Le sud-ouest de la grande-île est devenu une zone de non-droit pour les tortues marines, contrairement au reste du pays. « Contrairement à la gestion du cas du Nord-ouest de l’Île, nous n’intervenons pas dans le Sud-ouest dans cette condition », affirme Tiana Andriambola, qui assiste impuissant aux infractions quasi-quotidiennes.

« Des vendeurs de viande de tortue marine opèrent juste à côté du camp de la gendarmerie. Cela veut tout dire… », lâche-t-il. « Les tortues marine deviennent un outil politique », observe-t-il.

Pourtant, au regard de la loi malgache, « la seule détention de tortues marines constitue une infraction », passible d’une peine de prison, allant de six mois à deux ans ainsi que des amendes pouvant atteindre 10 à 50 millions d’ariary (3 500 à 17 800 euros).

Les tortues marines font les frais de l’appétit insatiable des habitants en raison du manque des moyens destinés à leur protection. Il « serait incongru d’affirmer que les moyens déployés sont suffisants pour lutter contre ce trafic, vu l’étendue de la zone et le mode opératoire des contrevenants qui exploitent les failles du système », explique Lovasoa Dresy, directeur de parc à Madagascar national park (MNP) à Toliara.

Ce responsable environnemental évoque d’autres facteurs rendant difficile la lutte contre le trafic des tortues marines, à savoir, « le manque de volonté politique pour stopper cette commercialisation » ainsi que l’« absence de synergie entre toutes les entités ».

Pour justifier leur immobilisme face au danger qui guette ces reptiles, les forces de l’ordre mettent en en avant la « méconnaissance » de la loi. « Les gendarmes ignorent que les tortues marines sont aussi protégées comme les tortues terrestres. Les responsables devraient nous en informer car nous ne sommes pas au courant [des textes sur l’interdiction de capture, de transport et de vente des tortues marines] », confie à L’Express de Madagascar une source anonyme auprès de la Circonscription interrégionale de la gendarmerie à Toliara.

Pour sa part, Victor Razaka, directeur régional du ministère de l’Environnement et des forêts dans le Sud-ouest, relève le « flou » qui entoure les textes régissant la protection des tortues marines, entrés en vigueur depuis 2009.

« Ces reptiles à carapace sont inscrits dans l’Annexe I de la CITES. Or, cette convention ne régule que le commerce extérieur » et non la consommation locale, fait-il ressortir. Selon lui, la législation malgache « est vague sur la question de la consommation locale de la viande de tortue marine ». « Aucun texte ne précise clairement si elle peut être consommée ou pas, même si pour le ministère, la consommation est interdite », regrette-t-il.

Outre les failles juridiques, Victor Razaka fait aussi état d’un cruel « manque de moyens » tant matériels qu’humains. D’après lui, « sa direction ne dispose que d’un seul agent pour couvrir 6 000 km2 ».

Pour compenser l’inaction des autorités, « les gens comptent sur les dina [convention locale prévoyant des amendes contre les contrevenants], mais comme ils ne sont pas appliqués, les gens ne perçoivent pas la part qui doit leur revenir, d’où leur déception », souligne Manitsindraza, adjoint au maire d’Androka.

Des personnes de bonne volonté pourraient dénoncer des infractions avérées, moyennant une récompense pécuniaire, mais ce dispositif de répression peine à se mettre en place, faute de financement. « Les indicateurs ne vont pas risquer leur vie alors qu’ils ne gagnent rien en effectuant ces travaux de surveillance », argumente Christophe Veloson, secrétaire général de la commune d’Itampolo.

Ravalomanda Andrianarivony, maire d’Androka, montre du doigt la « loi du silence » qui règne entre les forces de l’ordre et les consommateurs de la viande de tortue. « Ceux qui sont chargés d’appliquer les sanctions et ceux qui consomment la viande de fano vivent ensemble et cohabitent ». « Nous serons mal vus si nous les dénonçons ».

Interrogés par L’Express de Madagascar, les habitants des villages du Sud de Toliara, très friands de cette viande, invoquent la capture accidentelle.

« Si nous en capturons une accidentellement, que voulez-vous qu’on en fasse si ce n’est pour la manger », se défend un pêcheur à Itampolo. « Pourquoi devons-nous nous soumettre à ces pressions sur l’interdiction des fano alors qu’à Toliara les gens peuvent consommer et vendre les tortues marines sans être inquiétés », renchérit un habitant d’Itampolo.

linfo.re

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