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Admin-eleveurcanin

LOONEY, Histoire d'un chien aveugle

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Madame, Monsieur,

Je vous écris pour vous conter l’histoire extraordinaire d’un chien, un labrador de 2 ans qui a perdu la vue à un an. J’espère transmettre le message à ceux qui se retrouveraient dans la même situation : ne pas perdre espoir, ni confiance, mais de persister car le résultat en vaut vraiment la peine.

Je n’ai jamais eu l’idée de vous écrire auparavant, pensant que cette histoire était d’un banal et surtout que ce que j’ai fait pour mon chien est tout à fait normal, hors il apparaît que les gens alentours pensent que c’est exceptionnel mais surtout et avant tout, apporter une expérience qui pourrait être utile aux personnes qui se retrouvent dans la même situation et ne savent pas où s’adresser, puisqu’à ce jour je n’ai toujours rien trouver sur le sujet «vivre avec la cécité d’un jeune chien ». Je vous laisse seul juge.

Depuis que j’ai mon Labrador (Looney), j’ai toujours remarqué qu’il avait un problème à un œil. Ce labrador a été acquis chez un éleveur reconnu avec un pedigree, donc je n’avais pas de doute quant à ses origines (i.e : chiens venant de l’Est, mal traités, etc..). Lors des contrôles et vaccins chez le vétérinaire, tous m’ont assurés (3 vétérinaires différents) que mon chien n’avait aucun problème aux yeux. Néanmoins, lors de nos balades et jeux, Looney ne voyait rien du côté gauche, il pouvait nous passer à côté sans nous voir, ne pas attraper la balle si elle se trouvait côté gauche. A force d’insister auprès des vétérinaires, nous avons eu le nom d’un spécialiste ophtalmologue qui a examiné Looney : l’œil gauche a perdu 80% de son acuité visuelle et l’œil droit a une cataracte juvénile qu’il est préférable de ne pas opérer….nous avons décidé de consulter un deuxième spécialiste, «moins conservateur » et après de multiples examens (ce qui diffère du premier ophtalmologue) le verdict tombe : l’œil gauche ne s’est pas développé normalement, la rétine n’a pu avoir une croissance ordinaire, donc Looney est aveugle de l’œil gauche et il n’y a plus rien à faire. Suite à cela, le vétérinaire nous confirme la fragilité de l’œil droit et la cataracte juvénile à opérer sans trop tarder – d’où l’importance d’avoir plusieurs avis
.
Looney se fait opérer de la cataracte. Au vue de sa fragilité, le vétérinaire nous conseille de consolider l’œil avec des séances de laser (sans aucune assurance de réussite, donc c’est très personnel comme décision)…. trois mois après, finallement la rétine se décolle (je vous passe les détails des suites… Looney a dû subir d’autres opérations pour sauver la rétine, puis devant l’échec de l’opération, mise en place d’un implant, puis glaucome, etc..). Lorsque la rétine se décolle, le chien étant déjà aveugle d’un œil se retrouve soudainement dans le noir le plus total ; c’est subit et sans préavis.

Le chien se bloque, ne veut plus avancer. Looney qui n’avait que treize mois à cette époque, était si dynamique, s’est soudainement replié sur lui-même. Il dormait non stop, même le sortir pour ses besoins lui demandait un effort. La déprime totale.

Dès lors, j’ai cherché auprès de comportementalistes, sur internet, dans des livres des conseils sur « la psychologie d’un chien aveugle » et surtout comment vivre avec un chien aveugle – comment gérer cette situation et que lui apporter pour qu’il soit heureux. Personne n’a su me répondre et je n’ai rien trouvé sur internet, mise à part les « chiens d’aveugle » et la cécité de votre chien qui vieillit… mais là nous parlons d’une cécité soudaine, chez un jeune chien.

Tout d’abord, le vétérinaire a été extraordinaire avec Looney et avec nous. Il nous a toujours dit qu’un jeune chien, même aveugle pourra et peut vivre « normalement » avec quelques aménagements et surtout que c’est notre attitude qui conditionne le « moral » du chien.

Dès lors, j’ai décidé de revivre normalement avec Looney, c'est-à-dire de le « booster » et le sortir comme avant, balades en forêts, au bord du lac, baignade, vélo etc… avec ou sans laisse, comme avant dans les chemins de campagne, en ville, prendre le train, etc…

Il faut beaucoup d’amour, énormément de patience et de la persévérance à foisonJ.

Pour bien commencer, il faut lui apprendre de nouveaux codes (nouveaux mots), comme « attention » : lorsque nous nous promenons, il suit mes pas, au début je faisais beaucoup de bruit (soit en marchant, soit en parlant) – aujourd’hui je n’ai plus besoin de faire du bruit – si il rencontre un obstacle, je répète le mot « attention » - à force de répéter et parfois de se cogner, il a compris que le « attention » = danger – donc Looney s’arrête immédiatement au signal sonore de ce mot. Ne pas oublier de le féliciter !
A cela, j’ai ajouté les mots « gauche et droite » pour pouvoir continuer à jouer avec lui et surtout qu’il s’amuse avec ses balles ou si il devait se retrouver coincer quelque part : vous le promenez en laisse (courte) et vous marchez tout droit puis quand vous passez à gauche ou droite, toujours donner un petit coup bref dans la laisse au même moment que vous prononcez gauche ou droite.

J’ai aussi continué à cacher des jouets pour qu’il les trouve et les rapporte, même principe que pour un chien voyant. Je continu à lui lancer des balles dans l’eau et il va à la nage les rechercher : je lui fais sentir la balle, puis je lui dit « écoute », je la lance et il part à sa recherche. Si il s’éloigne de son objectif, je lance des pierres près de la balle pour qu’il se dirige au bruit et j’utilise les mots « gauche et droite » : je peux dire qu’aujourd’hui dans 99% des cas, il me ramène ses balles » ! En parlant de balle, il est préférable d’utiliser des balles qui font du bruit.

Pour monter et descendre les escaliers, c’est aussi au travers de codes et de la laisse que nous avons commencé à devenir les spécialistes des escaliers J maintenant avec ou sans laisse, dès que nous atteignons un escalier, je dis « hop-hop » avec un fort bruit de pas sur les deux premières marches et je peux vous assurer qu’il me dépasse lors de la montée ou descente d’escaliers !

A la maison ou dans le jardin, il est clair qu’il est préférable d’éviter d’avoir des dizaines de rosiers, sans protection autour et des bibelots fragiles chez vous ! si vous devez changer les meubles ou ajouter des choses, prendre le chien par le collier et lui faire faire le tour de la maison deux fois, idem pour le jardin et vous verrez que le chien s’accoutume très vite et très bien. Vous ne pouvez éviter quelques « bleus », l’essentiel étant de le mettre à l’abri et de l’avoir toujours à l’œil, dans un endroit inconnu.

Il vous collera d’avantage, c’est indubitable – vous serez ses yeux et il sera encore plus proche de vous, comme vous serez tellement plus près de lui – une symbiose est née !

Quant à la sociabilité du chien : il est devenu un tout petit peu peureux, c'est-à-dire que lorsque nous rencontrons d’autres chiens, il s’arrête, me « regarde » (enfin dirige sa tête dans ma direction) et attend le feu vert « vas y », comme pour lui signaler qu’il n’y a pas de danger. Ensuite, la nature s’occupe de tout, c'est-à-dire que c’est comme pour deux chiens qui se rencontrent pour la première fois (ça passe ou ça casse). Bien entendu les conseils des professionnels restent les mêmes quant à l’obéissance, et si il vient se réfugier derrière vous par peur, ne pas l’en féliciter. J’attends en principe un moment et surtout que le chien soit parti et je lui dit « je suis là », car c’est tout de même important de le rassurer et il a d’autant plus besoin de contacts et de vous entendre, qu’il n’a plus de repère visuel.

Looney a continué sa vie d’avant, il va chez un « Dog Sitter » (une nourrice pour chien) avec d’autres chiens pendant que je travaille ; il est très sociable et joue toujours autant avec les autres chiens.

Pour éviter l’agression de certains chiens, il est préférable de le faire stériliser pour éviter tout problème avec un chien qui serait dominant.

En résumé, tout est possible : beaucoup d’amour, énormément de contacts (tant physique que sonore), des jeux, du partage, le mettre au contact de ses congénères sans trop tarder et ne pas nourrir sa peur mais le traiter comme un chien normal.

Un des principaux facteurs pour la sécurité du chien : avoir toujours un œil sur lui, en dehors de chez vous ! C’est vital.

Vous seriez impressionné par sa capacité à flairer les peluches des enfants, à sa joie de vivre et à l’amour qu’on peut recevoir d’un animal qui vous donne sa vie, à nous d’en être digne.

Je ne sais dans quelle mesure ce témoignage pourrait être utile. Ce n’est pas non plus de la grande prose et pour finir j’ai essayé d’être factuelle sans être trop émotionnelle.

Source: Lucille R.

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Très belle histoire d' amour....qui vaut sans doute son pesant d' or, par rapport à certaines histoires d' amour entre humains, qui elles, ont très souvent une fin.
C' est les larmes aux yeux d'émotion, que je souhaite une longue vie heureuse à Looney, et assure de mon admiration sans limite, Lucille, qui nous révèle le plein sens du verbe Aimer...

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Merci de nous faire part de cette belle histoire d'amour pleine de trucs pratiques qui peuvent être utilisés. Reçois toute pon admiration.

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Très belle histoire d'AMOUR .Merci pour Looney qui a une belle vie de chien à vos côtés et que ça dure longtemps .
Les histoires de chiens aveugles sont très rares mais un Mr rencontré en expo me racontait sa chienne et la portée qu'il avait eu .Il a vendu ses chiots normalement et qq jours plus tard un des acquéreurs lui a ramené un chiot parcequ'il était aveugle (c'est très difficile à détecter lorsqu'ils sont petits).Ce petit chiot est par la suite parti avec un vieux monsieur chasseur et ils font un couple d'enfer.....cc

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