Franzi 0 Posté(e) le 22 juin 2009 Un chien agressif est-il forcément un chien dominant ? extrait du livre de Laurence Bruder Sergent « Mon chien est quelqu’un de bien » Un chien peut avoir des centaines de raison de menacer[1]. Penchons-nous à présent sur cette idée reçue qu’un chien belliqueux, qui aboie, grogne, montre les dents, se bagarre souvent, est forcément un « dominant ». En fait, ce n’est pas le cas. Il ne faut pas confondre dominance et agressivité. Plus un individu est haut placé dans la hiérarchie, moins il est agressif. Celui qui se veut maître d’une situation doit montrer sa compétence mais aussi garder son calme, afficher son assurance et ne pas se laisser gagner par l’hystérie en cas de problème. Dit-on qu’un humain qui passe son temps à se bagarrer est un leader ? Ou, plus proche de vous, votre supérieur hiérarchique au travail : vous inspire-t-il du respect s’il entre dans des colères terribles à tout bout de champ ? C’est tout le contraire : on a plutôt tendance à estimer d’un individu incapable de garder son calme dans un contexte délicat qu’il a besoin de prouver à tout le monde (et surtout à lui-même) qu’il a suffisamment d’envergure. Celui qui a confiance en lui et qui est reconnu comme le chef par ses pairs n’a aucune raison de se mettre en rage, sauf si son pouvoir est remis en cause. Ainsi, si votre chien se montre agressif envers ses congénères, les étrangers ou envers vous-même, posez-vous la question de ce qui peut motiver ses menaces : a-t-il peur de quelque chose, veut-il protéger ce qu’il considère comme son territoire, sa nourriture ou de façon plus générale sa propriété ? Pourquoi éprouve-t-il le besoin de se laisser dominer par l’émotion alors que s’il était convaincu d’être le leader, sa domination (justement) aurait dû être suffisante pour ne pas avoir besoin de réagir ? Lui avez-vous laissé croire qu’il pouvait tout se permettre chez vous ? Il y a parfois du laxisme dans certaines relations Homme/Animal, et ce manque de repères peut faire naître des comportements non désirés. [2] Rappelons-nous que l’absence de cadre est anxiogène pour tout individu social. Il revient donc aux maîtres de poser des limites dès l’arrivée du chien à la maison afin d’éviter qu’il devienne agressif par simple angoisse de ne pas avoir de chef fiable sur lequel se reposer. Il ne s’agit nullement de faire usage d’autoritarisme (sinon c’est celui qui est violent qui perd toute légitimité) mais de fermeté. Critères de races et agressivité La thèse de Christophe Mariette[3] permet de remettre en perspective un certain nombre de données. Il a étudié une population de chiens (700) amenés en consultation par leurs propriétaires pour des problèmes de comportement et plus particulièrement de conduites agressives. Outre une catégorisation par race quoi n’apporte aucune information valable quant à la prédisposition à l’agressivité de certains types de chiens, il a effectué une différenciation entre les agressions sur les humains en général, sur le propriétaire en particulier et sur les autres chiens. Voici une de ses conclusions : la modalité « mâle non castré » est plus présente parmi les chiens auteurs d’agressions sur les humains et les propriétaires que les femelles et les mâles castrés. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Franzi 0 Posté(e) le 22 juin 2009 Un travail de recherche mettant en parallèle la stérilisation des chiens et le nombre de morsures serait intéressant à mener puisqu’il est souvent dit d’un chien belliqueux « il n’y a qu’à le castrer, cela ira mieux ». En effet, de nombreux chiens sont conduits chez le vétérinaire pour castration/stérilisation en raison de « problèmes » de comportement. Certains croient, à tort, que cette opération va résoudre leurs soucis[4]. La pratique des comportementalistes qui rencontrent des propriétaires de chiens quotidiennement diffère pourtant de cette croyance populaire : ce n’est pas parce qu’un chien est stérile qu’il n’est plus agressif. D’ailleurs il suffit d’observer les statistiques d’autres pays, par exemple les américains qui ont recours beaucoup plus souvent que nous aux stérilisations, pour se rendre compte que chez eux aussi, même castrés, les chiens se servent parfois de leurs dents ! ******* Autre observation : les chiens de petite taille ont tendance à mordre plutôt les maîtres que les étrangers à la sphère familiale. Les chiens de grande taille réalisent plutôt les agressions sur des tierces personnes ou sur les autres chiens. Peut-on faire la relation entre la place que les maîtres font à leur chien au sein du foyer et les rapprochements physiques plus aisés avec certains individus (prendre l’animal dans les bras sans se soucier de son consentement quand d’autres sont limités au jardin, ne pénétrant jamais à l’intérieur de l’habitation) ? Il y aurait aussi à constater si le propriétaire s’inquiète beaucoup plus rapidement lorsque son chien de 35 kilos ou plus le menace, par rapport au maître d’un petit gabarit ? On a souvent tendance à trouver amusant un bichon qui s’excite alors que si un berger allemand a le même comportement, on prendra les choses bien plus au sérieux ! Enfin, certains grands chiens sont des gardiens, ils protègent donc le territoire de toute intrusion (d’où les morsures constatées sur des humains ou chiens qui y pénètreraient) alors que les petits chiens gardés à l’intérieur ont bien moins d’interactions avec d’autres individus. Mais alors… comment faire pour se prémunir des problèmes d’agressivité à la maison ? Il s’agit de s’inspirer des notions qui fonctionnent à l’état sauvage et les adapter au type particulier du chien familier. Autrement dit : gérer les ressources vous-même et ne pas laisser votre chien le faire à votre place. Etre le leader et ne pas permettre à votre chien de prendre cette place. Ces précautions mises en place, il faudra aussi veiller à ne pas provoquer vous-même des situations tellement difficiles à vivre pour le chien qu’il ne trouvera pas d’autre possibilité pour s’y soustraire que de menacer (par exemple le gêner lorsqu’il dort, l’empêcher de se nourrir dans le calme, le provoquer sans cesse, etc.). J’apprécie particulièrement cette sage maxime : « demande-toi quelle est la souffrance de celui qui t’agresse ». Parfois c’est un chien qui ne bénéficie pas d’une place suffisamment explicite pour lui qui manifeste de l’agressivité par angoisse et inquiétude de ne savoir où se positionner. N’oublions pas que le comportement que l’on observe dans la rue, le jardin, et la maison elle-même, est la juste conséquence de la nature de la relation qu’il a tissée avec ses maîtres. Normal ou pathologique ? Quand les comportements de nos chiens nous inquiètent, il convient de replacer les évènements dans leur contexte, pour comprendre certaines attitudes, d’apparence suspecte, sans nous laisser aveugler par l’anthropomorphisme. Evitons de cataloguer un chien « anormal » alors qu’il ne fait que produire des comportements de chiens. La définition du mot « comportement » peut se résumer ainsi : manière d’agir, de faire, attitude adoptée en réponse à son environnement. C’est la façon dont un individu se conduit en relation avec son milieu, un congénère, une situation, un stimulus. Il est possible qu’un comportement soit normal pour l’animal mais indésirable pour l’humain. Prenons l’exemple du chien qui s’en prend aux poules du voisin. Certes cette attitude est déplaisante et risque d’engendrer différents problèmes. Mais elle est banale et légitime pour le prédateur qu’est le chien. Il est donc utile de faire la différence entre ce qui est pathologique (qui relève de la maladie) et ce qui ne l’est pas. Nos chiens de compagnie sont devenus tellement proches de nous que nous en oublions qu’ils sont toujours des animaux. Ce ne sont pas des hommes à qui il ne manque que la parole. Ce sont des êtres vivants à part entière avec leur propre perception du monde. Ainsi les chiens sont des prédateurs et peuvent pourchasser d’autres animaux qu’ils considèrent comme des proies. De même, des chiens « normaux » sont parfois pointilleux sur la préservation de ce qu’ils considèrent comme leur propriété tel leur territoire ou leur gamelle. C’est également naturel qu’ils aiment avoir la meilleure place au meilleur moment : l’animal est par définition opportuniste, il cherche le bon endroit, le plus stratégique. Et si certains mâles se bagarrent avec les autres, ce sera dans un objectif qui, dans leur conception de chien, relève de la plus haute importance : pour des questions de hiérarchie, par esprit de compétition, de conquête de territoire ou encore pour un enjeu (type jouet ou femelle). Gênant mais pas pathologique Il n’y a là que des comportements gênants (pour les humains) mais pas du tout hors norme (pour les chiens). Peut-on leur en vouloir de se comporter en chiens ? Non. A nous de nous adapter en restant vigilants et en évitant les situations qui peuvent dégénérer. Evitons de donner un gâteau à l’enfant juste à côté du chien qui a tendance à être agressif en présence de nourriture. Evitons de croiser volontairement le mâle du quartier qui met le nôtre en transe au moindre regard. Evitons d’installer le panier du chien gardien juste en dessous de la boite aux lettres (le facteur vous en sera reconnaissant). Laurence Bruder Sergent Comportementaliste Auteur des livres « la cause des chiens » et « j’éduque mon chien moi-même » Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites