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Cambodge - Des bêtes sauvages aux chiens domestiques

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le parcours pas banal d'un Sri Lankais au Cambodge
Par Stéphanie Gée

De son ancien métier, guide pour des tours safari, Maduranga a conservé la tenue décontractée - bermuda, ample tee-shirt et bob sur cheveux mi-longs ramassés dans un élastique - et le sourire. Un sourire toutefois voilé d'une profonde nostalgie de son Sri Lanka natal, de ce parc national où durant six ans il a cornaqué des touristes prêts à camper à la belle étoile pour surprendre ici un crocodile ou un buffle blanc, là un jaguar ou un éléphant. Des espaces ouverts et sauvages éloignés de son nouveau cadre professionnel à Phnom Penh : il est devenu depuis le mois d'août dernier sans doute le premier toiletteur canin du Cambodge. Un commerce qui s'annonce prometteur...



Ce mercredi après-midi, c'est Kaotak, une petite boule de poils de 3 ans - un bâtard selon ses maîtres qui échouent à identifier sa race - qui se fait pouponner. Il n'est pas un habitué des lieux, l'expérience est tout aussi nouvelle pour ses maîtres, un jeune couple de Cambodgiens dont on mesure l'aisance à l'aune de leur rutilant 4x4.

Kaotak se laissera docilement faire : douché, shampouiné, peigné, séché, coupé, rasé... Sans autres formalités. Tout au plus un regard parfois interrogateur sur ce qu'on lui fait subir, en douceur, et un petit bout de langue pendu... en signe d'hébétude ou de plaisir non dissimulé ? On ne saurait dire. Un brin impavide, l'animal ne montrera de l'agitation que lorsque la menaçante paire de ciseaux s'approchera trop près de ses yeux. En moins de trois heures, il retrouvera, outre une ligne élégante, le plein usage de ses yeux qu'une indisciplinée houppette blanche, tombant avec disgrâce, recouvrait.

Un voisinage médusé
Dans le quartier, on prend Maduranga pour un original. Dès que le portail de sa maison s'ouvre, des têtes se tendent au prix de quelques contorsions pour tenter de l'entrevoir en action. "Comment ? Pour apprendre cette activité, vous êtes allé étudier dans une école spécialisée à Singapour ?!" La question est répétée à l'envi. Oui, faute de safari organisé au Cambodge, où il est venu rejoindre sa compagne américaine, il s'est lancé dans l'aventure qui lui permet au moins de rester en contact avec les animaux.

Dans sa famille aussi, il passe pour un hurluberlu. Dans le petit village sri lankais dont il est originaire, les chiens vagabondent dans la rue et d'aucuns n'auraient l'idée de payer les services de quelqu'un pour leur faire faire une petite beauté. Ces réactions amusent Maduranga mais ne le blessent pas. Lui non plus n'avait pas imaginé que telle profession puisse exister avant que sa compagne ne lui glisse à l'oreille l'idée de cette reconversion.

Un marché à prendre
Les Cambodgiens des villes se sont aujourd'hui faits à l'idée qu'un chien puisse être autre chose qu'un gardien de maison : un animal de compagnie. Un engouement grandissant qui, au cours des dernières années, a généré un nouveau business, celui des articles et nourriture pour animaux domestiques et des cliniques vétérinaires, qui se sont multipliées à Phnom Penh.

Pour l'heure, le "Groomer Guy"*, nom de baptême de l'établissement de Maduranga, attire essentiellement une clientèle d'expatriés et de Cambodgiens ayant vécu ou voyagé à l'étranger. Sur la quarantaine à avoir déjà confié leurs petits amis à quatre pattes aux mains expertes de Maduranga, une majorité a depuis été fidélisée. "Il y a un marché, c'est sûr", veut croire le Sri Lankais. Et les animaux qu'on lui amène lui donnent raison : poil emmêlé et encollé par la saleté - qui n'est pas sans rappeler les dreaklocks du Bob Marley qu'il arbore sur son t-shirt - et devant lequel les propriétaires baissent souvent les bras.

Un métier à risque ?
Débusquer les bêtes sauvages l'exposait cependant à moins de dangers que son actuel métier. "Je m'assure toujours que les chiens que je soigne soient bien vaccinés sinon je ne prends pas de risques. J'ai déjà été mordu deux fois ! Ici, les chiens ne sont pas comme ceux de Singapour sur lesquels je me suis entraîné. Ils sont plus rétifs car peu familiers de ces séances de toilettage." Tous ne sont en effet pas aussi conciliants que Kaotak...

Le moment le plus périlleux dans l'entretien de la race canine, concède-t-il, est celui de la pédicure et du nettoyage des oreilles, peu au goût des fidèles compagnons de l'homme. A ce jour, on lui a rarement demandé de "looker" un chien, si ce n'est de lui nouer un Bandana autour du cou.

Les safaris toujours en arrière-pensée...
Si ce travail est moins éprouvant que guide safari, il est moins stimulant, reconnaît le toiletteur. Difficile pour lui de ne pas revenir sur ce passé. Au milieu de l'entretien, il disparaît dans la maison pour revenir quelques instants plus tard une pile de photos de "son" parc national en main. Il faut dire que ce métier de guide est presque une institution dans sa famille. "Mon père promène des touristes dans ce parc depuis 24 ans !", lâche-t-il, le regard brillant d'une fierté filiale.

Si des tours safari voient le jour au Cambodge - une société espagnole est en négociations avec le gouvernement pour introduire ce type d'initiatives dans le nord-est du pays - il est à parier que Maduranga sera le premier sur les rangs pour déposer sa candidature.

* The Groomer Guy, contact : 092 569 616 / thegroomerguy@gmail.com
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Photo : Kaotak, un "bâtard" phnompenhois, entre les mains expertes de son toiletteur sri lankais
JVink / Magnum Source : http://ka-set.info/actualites/(...)

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