Danse avec les chiens

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Une nouvelle discipline fait son apparition dans les centres de dressage : l'Obé rythmée. Obé comme obéissance ou l'art de danser avec son chien

L'obé rythmée, une discipline essentiellement féminine (photo xavier léoty)

On ne sait trop qui de John Tavolta, Fred Astaire ou Paul Duchesnay a le plus influencé Shadow. Mais ce qui semble évident c'est qu'il n'y a pas plus cabot que ce danseur mondain à la livrée noir-et-blanc et au poil soyeux qui enchaîne les entrechats et les sauts de puce comme personne. Shadow, c'est son nom de scène. Scotch, son vrai nom de baptême, inscrit au LOF (1) en tant que border colley. « Je n'ai jamais aimé le nom de Scotch. Alors, je l'appelle Shadow », confie tout simplement sa partenaire. Ce pourrait être Isabelle Duchesnay, Olivia Newton --John ou Ginger Rogers. C'est Isabelle Roblet, Fourasine, qui aime tellement les chiens qu'elle les invite à danser.

Pas des bêtes de cirque

Pour cette version champêtre de « La Fièvre du Samedi soir » en plein après-midi, Isabelle et Shadow ont interprété l'indémodable « Singing in the rain » suivi de « La Gadoue » de l'inoubliable Gainsbourg. Un choix bien de saison puisqu'il faisait 35 degrés à l'ombre sur la piste de danse de Lagord au sol aussi dur que le désert du Kalhari.

« J'ai hésité entre La Mère Noël et ça. Et je me suis dit qu'il fallait encore mieux danser avec un imperméable et un parapluie qu'avec une toque et un manteau de fourrure », sourit Isabelle des gouttes de sueur perlant sur le front. Shadow, lui, n'en a cure. Il faut dire qu'il a le beau rôle : « Pas de déguisement pour les chiens. Nous ne voulons pas les ridiculiser. Ce ne sont pas des bêtes de cirque », déclare sérieusement Nathalie Tanvet qui a importé l'Obé rythmée à La Rochelle depuis la Bretagne.

Donc Shadow a dansé dans le plus simple appareil. Comme il se sentait plutôt en pattes, il a ponctué chacune de ses passes d'un aboiement bref et joyeux qui faisait froncer les sourcils à la juge (2). A se demander s'il ne chantait pas sur la mélodie.

La danse se résume essentiellement en un chassé-croisé en cadence du couple, le chien se faufilant entre les jambes de sa maîtresse-partenaire comme une aiguille à tricoter dans un pull en devenir. Un point à l'endroit, un point à l'envers.

Parfois la patte se tend vers la main ouverte, le regard se fait tendre, tête penchée, oreilles dressées, langue pendante et léger soupir affectif.

Et la danse reprend. Juste le temps d'une chanson.

L'oreille de son chien

La plupart des couples qui se sont ainsi succédés en ce samedi 15 août sur le terrain du Club Canin de La Rochelle (3) étaient composés d'une danseuse et de son chien. Ou de deux danseuses et deux chiens. Mais aucun homme : « C'est vrai, c'est une discipline plutôt féminine. Les hommes ont peur d'être ridicules. Nous, on s'en fiche », précise Nathalie Tanvet, maître de cérémonie.

« Il faut surtout avoir l'oreille de son chien », précise Isabelle Roblet qui fait autorité dans la région puisqu'elle a atteint la catégorie « Avancé » qui est à l'Obé ce que le top 14 est au rugby. « Je ne sais pas s'il reconnaît le morceau musical. Mais quand il entend les premières notes, il sait qu'il va danser. Et s'il est joyeux, c'est qu'il aime ça. Il ne doit pas y avoir de contrainte, ce n'est pas du dressage. Au début, on le récompense à chaque passe. Puis de moins en moins pour qu'il ne soit pas accro à la récompense. Ce que je veux maintenir à tout prix, c'est le goût du jeu.

On se roule souvent par terre ensemble. Nous sommes en symbiose, nous formons un couple », insiste Isabelle.

(1) - Livre des Origines Français qui répertorie les chiens de race

(2) - En Obé rythmée, les chiens qui aboient sont pénalisés

(3) - Club Canin de La Rochelle, rue des Gonthières à Lagord

Auteur : thomas brosset
t.brosset@sudouest.com Source : http://www.sudouest.com/charen(...)