Couple toxicomane : Une enquêtrice de la SGPA témoigne

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Suisse - Couple toxicomane : Une enquêtrice de la SGPA témoigne


La chienne avait été retrouvée en état de manque grave de soins et de nourriture au domicile du couple de toxicomanes. Depuis, elle a repris des forces, comme le montre cette photo prise peu avant son départ du refuge de la SPA.
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Des chiens affamés qui cohabitaient avec un bambin: l'enquêtrice de la SPA genevoise dont la visite a déclenché l'affaire évoque le choc ressenti en découvrant la situation

Mathieu Cupelin - le 30 octobre 2009, 22h03
Le Matin



«Une maigreur effrayante», «un pelage crasseux qui sentait l'urine»: une enquêtrice de la Société genevoise pour la protection des animaux (SGPA) confie au «Matin» le choc qu'elle a ressenti en découvrant l'état de la chienne «Sissi». Fin août 2007, elle est intervenue au domicile du couple de toxicomanes de Carouge (GE) actuellement jugés pour leurs graves négligences envers leurs enfants et leurs animaux.

Depuis, «Sissi», une dalmatienne croisée, a pu se retaper à la SPA et elle a trouvé une nouvelle famille d'accueil. L'autre chien du couple, «Léo», n'a pas eu cette chance. Ce labrador était lui si mal en point qu'il est décédé pendant son transport chez le vétérinaire. Les spécialistes intervenus sur cette affaire déclarent n'avoir jamais vu de bêtes dans un tel état de délabrement.

Pas d'argent pour le piquer

Les deux enfants dont le couple avait la charge ne sont pas les seules victimes du drame jugé par le Tribunal de police. L'enquêtrice de la SGPA raconte sa visite, fin août 2007, consécutive à une dénonciation du voisinage. Une visite qui déclenchera ensuite l'intervention tardive du Service de la protection des mineurs (lire encadré).

«Lorsqu'on m'a ouvert, «Sissi» a surgi sur le palier, en même temps apeurée et menaçante, et a mis le nez dans les poubelles laissées devant la porte. Je pense qu'elle cherchait à manger. Car sa maigreur était choquante. Lorsque j'ai passé la main sur son pelage, le poil était crasseux et collé par l'urine, l'odeur était épouvantable.» L'enquêtrice n'a pas pu entrer dans l'appartement pour voir le deuxième chien, agonisant dans une pièce. «Mais le petit garçon, que je voyais pieds nus et à peine habillé, a raconté que «Léo» était très malade et qu'il allait mourir. Les parents disaient n'avoir ni l'argent ni le coeur pour le piquer. Mais c'est de la maltraitance, on ne peut pas laisser crever une bête comme ça.»

«En redescendant de chez eux, j'ai tout de suite appelé le service vétérinaire, qui s'est rendu sur place le soir même et a séquestré les chiens.» L'état des animaux, surtout celui du labrador «Léo», a provoqué la stupéfaction.

Surpris qu'il vive encore

«Nous avons découvert ce chien dans un état comateux, à l'agonie», comme l'a indiqué lors du procès Luc Magnenat, du Service vétérinaire cantonal. «Il n'avait non seulement plus aucun tissu graisseux, mais même ses tissus musculaires avaient fondu.» Ses ongles, très longs, prouvaient qu'il n'était pas sorti depuis très longtemps. Le vétérinaire estime à en tout cas deux mois la période d'absence totale de soins et de nourriture. «C'était même surprenant qu'il vive encore.»

Les deux intervenants soulignent le grand danger qu'il y avait à laisser cohabiter des bêtes affamées avec un bambin de 4 ans. «On a eu de la chance, un chien d'une autre race aurait peut-être attaqué le petit garçon», soupire l'enquêtrice. Sans compter le risque de transmission de maladies par les déjections canines, comme la salmonelle ou le campilobactère. «Il ne faut pas hésiter à appeler la SPA en cas de soupçons de mauvais traitements. On préfère se rendre sur place pour rien plutôt que de laisser passer une situation pareille.»

Pour les propriétaires, la sanction est tombée avec une interdiction de détenir un animal pendant dix ans.

Source : http://www.lematin.ch/actu/sui(...)