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L’amibiase chez les Reptiles

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L’amibiase chez les Reptiles

I- Le Vecteur de l’amibiase Reptilienne :Entamoeba invadens

Il s’agit d’un protozoaire (eucaryote ) primitif et qui parasite
spécifiquement les squamates (sauriens et serpents ) ainsi que les
chéloniens (tortues ) .Les amibes sont une famille de parasites
unicellulaires très répandue dans le monde ,l’amibiase est le nom de la
maladie causée par le parasite .Chez l’homme ,Entamoeba hystolitica
cause des ravages dans les pays tropicaux .C’est l’un des multiples
agents de la fameuse « tourista » ,avec sur l’humain des symptômes tels
qu’une fièvre pouvant être élevée ,des diarrhées sanguinolentes
,purulentes et liquides ,et des vomissements .Les deux espèces sont
très proches ,cependant E. invadens ne semble pas du tout
affecter l’être humain grâce à ce qu’on appelle une barrière d’espèces
,mais la prudence est tout de même de mise et les règles d’hygiènes
élémentaires avec un animal infecté et/ou en quarantaine doivent être
respectées .

Entamoeba invadens peut être une vraie plaie
chez un terrariophile .Cette amibe se transmet par les selles d’un
animal infecté ,par l’eau et par des aliments contaminés .Non traitée
,une amibiase reptilienne est presque toujours mortelle .Cette
parasitose est très contagieuse et a déjà décimé des « collections »
entières de reptiles ,qu’ils soient issus d’importations ou contaminés
par leurs voisins récemment arrivés chez le terrariophile .L’amibe se
nourrit des muqueuses intestinales ,provoquant des micro- ulcérations
,des nécroses et des saignements coliques et du grêle ,des hémorragies
,des diarrhées fortes ,malodorantes et liquides .Elle est capable de
s’enkyster hors de son hôte et de survivre des mois à la dessication
,dans un environnement aux conditions extrêmes de température .Les
kystes sont cependant malmenés ,mais non détruits complètement ,par des
températures très basses et/ou la congélation .Le stade mobile et actif
est appelé trophozoïte .

Entamoeba invadens vue au MEB ,grossie 40 000 fois :



Il a été prouvé que cette amibe produisait de la chitinase (enzyme qui
détruit la chitine ,le revêtement dur que l’on trouve par exemple sur
la « carapace » des coléoptères ) et contient une proportion importante
de zinc (1% du contenu cytoplasmique ).

Forme enkystée dans un prélèvement fécal (coprologique ) d’Entamoeba hystolitica (x200),taille réelle 8 à 15 µm :





II- Diagnose de l’amibiase reptilienne

Les symptômes sont communs avec plusieurs pathologies bactériennes ou parasitaires affectant le tractus digestif :
-amaigrissement
-anorexie
-apathie ,manque d’activité
-ternissement des couleurs ,l’animal prend alors des couleurs typiques du stress (ex : vert sombre pour un Phelsuma madagascarensis )
-yeux « creusés »,en particulier chez les sauriens
-déshydratation
-diarrhées
profuses ,abondantes et malodorantes ,avec présence de rejets purulents
blanchâtres ,à ne pas confondre avec les urates .Ce dernier point est
caractéristique d’une amibiase et permet de la différencier par exemple
d’une coccidiose ou d’une infection bactérienne classique de l’intestin
.
-présence éventuelle de sang dans les selles ,hémorragies cloacales
-plus
rarement ,régurgitations (chez les sauriens insectivores ,de fragments
plus ou moins digérés de proies ,chez les ophidiens ,de proies à divers
stades de digestion et malodorantes ).

L’intestin tente de réagir en se régénérant mais les ulcérations progressent plus
rapidement que lui et la maladie ne tarde pas à se diffuser dans
d’autres organes voisins (foie ,reins ) qu’elle endommage également
très sérieusement ,puis passe dans le sang où elle provoque un choc
septique et la mort par septicémie et destruction tissulaire à tendance
hémorragique et nécrotique .Une coupe microscopique d’un intestin d’un
sujet malade montrera plusieurs couches régénérées ainsi que des
ulcérations plus ou moins graves .

Dissection cloacale d’un squamate montrant une ulcération causée par l’amibiase et une infection bactérienne concomitante :



Dès les premiers signes d’alerte ,et lors de toute acquisition de reptile
importé ,en particulier si celui –ci provient d’Afrique subsaharienne
,d’Asie ,d’Amérique du Sud ,de Nouvelle-Guinée ou d’Indonésie ,il
convient de porter un prélèvement frais de selles au laboratoire
vétérinaire le plus proche .Attention :dans certains cas ,les amibes
ne survivent pas plus d’une heure hors de leur hôte ,il faut donc user
de rapidité et utiliser bien entendu un flacon stérile
(vendu ou
donné en pharmacie ,les mêmes que pour les analyses d’urine humaines )
.Les amibes sont aisées à identifier par un laboratoire vétérinaire
classique .Plus l’amibiase sera détectée et traitée tôt ,meilleures
seront les chances de survie de l’animal .

III- Pécausion

Précausion d’une amibiase comporte en premier lieu une isolation complète en terrarium de quarantaine, si possible dans une autre pièce que vos autres reptiles .Le port de
gants en latex à usage unique lors des soins est recommandé .Jeter les
proies non consommées par les animaux malades plutôt que de les
distribuer à des animaux sains .Enlever le plus rapidement possible les
excréments contaminés et les jeter dans une poubelle loin des autres
animaux et des enfants .Le papier journal ou le Sopalin ®️ sont des
substrats de quarantaine idéaux dans ce cas .

Il est ensuite recommandé de javelliser le terrarium et tous ses accessoires ,jeter
les plantes vivantes qui ont été en contact avec les animaux malades .L’eau de javel
à température ambiante est assez efficace contre les kystes et les
formes trophozoïtes du parasite ,contrairement aux coccidioses et
cryptosporidioses .

Si l’espèce le permet ,une hausse des températures diurnes et même nocturnes stimulera
les défenses immunitaires du reptile malade :26°C la nuit contre
30-32°C le jour au minimum ,toutefois ceci est à proscrire avec des
espèces sensibles à la chaleur (Brookesia sp. ,Uroplatus sp et certains autres geckonidés tropicaux ,certains colubridés…) .

Le soigneur lui-même s’occupera en dernier du ou des terrariums des
malades et se lavera avant et après soigneusement les mains avec un
savon bactéricide (type Septéal ®️).


Il est également crucial que l’animal boive et se réhydrate
:des bains d’eau tiède à 30-33°C peuvent aider ,mais ne feront pas
tout,loin de là .L’animal devra toujours avoir de l’eau propre à
disposition en permanence ,et s’il ne boit pas de lui-même ,il faudra
le réhydrater à la pipette avec un soluté mixte :pour un litre d’eau de
source en bouteille ,une cuiller à café de sel et deux cuillers à soupe
de sucre ,additionné éventuellement d’un supplément minéral et vitaminé
(électrolytes ) comme par exemple du Miner-All I®️ ,ceci afin de
compenser les pertes hydriques et en micronutriments causés par les
diarrhées .

IV- Recommandations :

-Toujours
pratiquer une quarantaine avec des animaux nouvellement arriver
,examiner le comportement ,l’appétit ,l’aspect des selles et faire
systématiquement ,s’il s’agit d’animaux importés ,pratiquer une
recherche de parasites internes par prélèvement fécal en laboratoire
vétérinaire
.

-Pour des sujets nés en captivité qui ont pu
être en contact avec des animaux d’origine sauvage ,la prudence est
également de rigueur .Un animal pouvait sembler sain chez son ancien
propriétaire ,mais le stress du voyage et du changement d’environnement
suffit à déclencher la pathologie .De plus ,chez quelques espèces
,Entamoeba invadens est un commensal ,c’est-à-dire qu’elle fait partie
de la flore intestinale normale de son hôte qui ne développe donc pas
de pathologie particulière .

-Appliquer des règles élémentaires d’hygiène avec ses reptiles ,pour soi ,les membres de sa famille et les autres animaux de la maison .

-L’amibiase
,si elle est prise à temps ,se guérit bien ,mais des cas très avancés
avec des dommages organiques irréversibles sont hélas voués à ne pas
survivre ,mieux vaut alors recourir à l’euthanasie pour éviter à
l’animal des souffrances inutiles .Un vétérinaire compétent décidera de
l’opportunité d’un tel acte ou de la mise en place d’un traitement
,bien qu’un terrariophile suffisamment renseigné et habitué puisse
mettre en œuvre ce traitement de lui-même ,si une pharmacie veut bien
lui délivrer le Flagyl (certaines ,en expliquant que c’est pour un
usage vétérinaire ,acceptent d’en vendre ;il s’agit chez l’homme d’un
antibiotique et antiparasitaire à large spectre ,donné par exemple en
milieu hospitalier pour éviter les infections post-opératoires ).

En
espérant avoir pu vous éclairer sur ce parasite et cette maladie ,et
,je l’espère ,venir en aide un jour à ceux qui en ont besoin .Toute
expérience vécue d’amibiase reptilienne ,quelle qu’en soit l’issue ,est
la bienvenue .

V- Bibliographie :

http://www.cdfound.to.it/html/enta3.htm
http://iai.asm.org/cgi/content/abstract/67/6/3073
http://msc.tigr.org/entamoeba/entamoeba_invadens_ip1/index.shtml
HACKBARTH Rolf ,Reptile Diseases ,TFH Editions 1990
RUNDQUIST Eric M. ,Reptile and Amphibian Parasites ,TFH Editions ,1995

En tout lieu, veuillez consulter votre vétérinaire pour établir un traitement.

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