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L'albinisme chez le Boa constrictor......par Alain Hode

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L'objet de cet article est d'essayer d'initier et d'expliquer l'albinisme de manière simple aux terrariophiles "amateurs de mutations" et aux néophytes.
Il existe actuellement plusieurs formes d'albinos connues chez les boas constrictor, deux de forme dites " T - " et trois de formes dites " T + "
Avant d'aller plus loin, il est nécessaire de définir de manière simple l'albinisme en général et d'en expliquer les causes.
Dans des temps plus lointains, le phénomène n'était pas encore expliqué, car, à cette époque, les termes "A.D.N" et " GENES" n'existaient pas. L'albinisme est un terme qui vient du latin " albus " qui signifie blanc et qui a été au départ utilisé, pour décrire un phénotype (apparence physique) chez les humains.
Le mot avait été choisi pour décrire des individus à la peau blanche, aux cheveux blancs ou jaunes avec des yeux rouges ou bleus parce que dépourvus de pigmentation normale. Ce phénomène est rencontré sur tous les continents que ce soit sur des populations de type caucasiennes ou africaines.
Nous avons tous à l'esprit cette représentation, mais elle n'est pas la seule. Il y a en fait différentes formes d'albinisme plus ou moins prononcées et parfois même localisées uniquement sur certaines parties du corps.
Chez les serpents, il y a régulièrement des débats pour savoir si le terme " albinos" est bien approprié, car ils ne sont pas blancs et souvent plus colorés que les individus de type "sauvage" ou "normaux". Certains disent donc qu'il faudrait plutôt les appeler "amélanistiques".
Après avoir lu ce qui suit, vous devriez arriver à vous forger votre propre opinion.

LES CAUSES DE L'ALBINISME

Après avoir décrit l'aspect des albinos au sens commun, essayons d'en comprendre les causes.
Tout d'abord, il faut savoir que cette mutation génétique est transmise de manière récessive.
Ces couleurs particulières ou plutôt ces absences de couleurs sont dues à une absence totale et, ou, à une présence partielle de certains pigments que sont les différentes mélanines et les variantes et les combinaisons qu'elles peuvent engendrer.
L'albinisme est causé par des dysfonctionnements qui empêchent totalement ou partiellement la production de mélanine.
Celle-ci est une barrière de couleur qui a pour fonction de protéger des ultra-violets du soleil, mais contrairement à une idée reçue, ce n'est pas, uniquement un pigment noir !!!

On en trouve en effet chez l'humain deux types :

1°) L' eumélanine qui est une forme de mélanine, pour les pigments noirs et marrons.
2°) La phaeomélanine qui est une forme de mélanine pour les pigments jaunâtre ou rougeâtre.

Pour produire cette mélanine, if faut passer par plusieurs étapes de transformations chimiques :
Le point de départ, est la tyrosine, un acide aminé que l'on trouve dans différents aliments et dont l'organisme a besoin pour fabriquer la mélanine.
Celle-ci doit ensuite passer par trois étapes principales pour être au final transformée en mélanine.
L'élément essentiel qui permet cette transformation est la tyrosinase.C'est une enzyme ou une protéine spécialisée des pigments cellulaires qui participe à la transformation de la tyrosine en DOPA.
Ensuite la DOPA (dihydroxyphenylalanine), doit être transformée en DOPAQUINONE et la encore la tyrosinase joue un rôle essentiel. C'est cette dernière, la DOPAQUINONE, qui va permettre d'arriver à la production de mélanine.
C'est donc la tyrosinase qui est l'élément essentiel pour la production de mélanine et la cause de l'albinisme quand elle est absente ou déficiente.
Deux autres enzymes lui sont associées, la DHICA oxydase et le dopachrome tautomerase qui sont importants pour la formation de l'eumelanine. Leur fonctionnement est contrôlé par des gènes répartis sur différents chromosomes et, chez la souris, environs cinquante gènes différents ont été identifiés. C'est leur identification qui permet actuellement de classer les nombreuses formes d'albinisme, non plus en fonction du phénotype mais en fonction du génotype.

En voici quelque formes :
1/ La déficience dans la production de mélanine peut-être totale, et chez l'humain, les cheveux, la peau sont blancs et l'oeil apparaît rouge. Dans ce cas, la tyrosinase ne fonctionne pas. La transformation de la tyrosine en DOPA ne se fait pas.
2/ Elle peut aussi être évolutive, certains individus naissent sans pigmentation et vont plus ou moins en développer avec l'âge.
3/ Elle pourra aussi, parfois, ne se développer que sur certaines parties du corps car dans certaines formes d'albinisme les mélanines produites ne sont actives qu'à des températures plus basses, comme sur les bras ou les membres inférieurs.
4/ Elle pourra aussi n'être qu'oculaire, le reste du corps ne présentant aucun signe de déficience pigmentaire.
5/ Elle pourra aussi être partiellement active et notamment, certains pigments d'eumelanine (pigments foncés) sont visibles, cela est rendu possible par la production de dopaquinone, ce qui signifie que la tyrosinase fonctionne partiellement. Ces cas ont été décrits la première fois comme albinisme jaune ou albinisme incomplet dans les années soixante. C'est le docteur Carl Witkop qui suite à ses observations a introduit la notion de tyrosinase négative (T-) et celle de tyrosinase positive (T+) pour décrire cette forme d'albinisme particulier.
6/ Pour terminer d'illustrer les différentes formes, il existe aussi, par exemple chez les souris, une autre forme d'albinisme ou les yeux sont noirs au lieu d'être rouges.
Après ces explications, il apparaît que classer un animal comme albinos à son seul phénotype n'est finalement pas une chose aussi aisée qu'il pourrait y paraître!

Pour résumer, l'albinisme n'a donc pas une forme simple et unique mais une multitudes de formes, complètes, évolutives, localisées ou partielles.
Il faut également ajouter qu'un certain nombre de pathologies oculaires lourdes y sont associées et servent aussi à déterminer des formes d'albinisme. Je n'en ai pas fait mention n'ayant pas d'information sur des études faites sur les reptiles, pas plus d'ailleurs que des études sur le génome des boas et si les gênes responsables sont situés sur les mêmes chromosomes.
Inf Faune remercie sincèrement toutes les personnes
pour le temps qu'elles nous ont accordé pour la rédaction des articles

ALAIN HODE - MAGMA BOA
TEXTE PROTEGE ET DEPOSE INPI (institut nationale de la protection industrielle)

http://www.inf-faune.com/articles-albinisme.php

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LES PHASES DE BOAS ALBINOS

TYROSINASE NEGATIVE (T-)
Deux formes sont actuellement identifiées et reproduites en captivité.

1) ALBINOS " T - " KAHL
La souche dite " KAHL", vient du nom de l'éleveur américain Peter KAHL qui les a reproduits la première fois.
A l'origine de cette souche, il y a 3 mâles et une femelle albinos nés en 1983 d'une femelle normale capturée en Colombie.

Trois éleveurs se sont associés pour acheter et importer les quatre boas albinos aux U.S.A.
Quelques années après, en 1989, après avoir échoué dans leurs différentes tentatives pour les reproduire, Peter KAHL acheta à l'un des éleveurs, un premier mâle pour 25 000 $, puis 6 mois après un autre, alors qu'il n'avait lui-même jusqu'alors jamais reproduit un seul boa !
En 1990, les deux mâles albinos furent accouplés à plusieurs femelles "normales". En juin de la même année, deux femelles donnèrent naissance à trente-deux bébés d'apparence "normale" possibles hétérozygotes albinos (j'emplois le terme "possible hétérozygotes", car à l'époque peu de personnes croyaient que la mutation était génétique et donc transmissible).
Dix mâles et six femelles, soit la moitié des bébés furent vendus à un autre éleveur, Brian SHARP. Peter KAHL, quant à lui, garda tous les autres.
L'année suivante, soit en 1991, d'autres "possibles hétérozygotes" furent aussi produits. La suite donna raison à ceux qui pensaient que la mutation était génétique et de type récessif.
Après avoir fait une chose qui est vraiment à proscrire (pour le bien être et la longévité des animaux), c'est à dire sur-nourrir et augmenter les températures pour obtenir une croissance et une maturité sexuelle accélérée dans le but d'être le premier au monde à produire des boas albinos. En 1992, à seulement deux ans, une femelle a donnée naissance à vingt-deux bébés dont trois albinos.
La totalité des boa constrictor impérator albinos "KHAL" sur le marché actuel sont donc tous des descendants des deux frères importés de Colombie en 1983 et cela a posé quelques problèmes par la suite.
En effet, c' est une forme qui ne produit pas de pigment marron ou noir dans laquelle la tyrosinase semble être absente ou totalement déficiente, c'est pour cela que le terme " T - " est employé pour cette souche. Les animaux ont une langue rose, des yeux rouges et une pigmentation de la peau, blanche avec des variantes de rouges, oranges et jaunes localisées sur certaines parties du corps.
L'albinisme étant une mutation qui induit un certain nombre de faiblesses et de problèmes chez les individus atteints, notamment de graves problèmes oculaires et, bien qu'à ma connaissance, cela n'ait pas été étudié chez les boas, il est évident que leurs yeux sont fragiles, il est aussi plus que probable que leur acuité visuelle soit très réduite et qu'ils soient porteurs d'un certain nombre d'autres défauts génétiques.
Il n'est donc pas surprenant que de nombreux cas d'aveugles, de borgnes aient été observés, sans doute de plus en plus fréquents à chaque génération par un excès de consanguinité chez les albinos.
Le gène étant récessif et afin de produire le plus rapidement des albinos, les éleveurs ont eu tendance à accoupler des frères et des sœurs sans apporter de sang neuf en créant de nouvelles générations intermédiaires d'hétérozygotes.
La consanguinité ne semble pourtant pas être un problème en soi chez les boas, cependant, dans le cas qui nous intéresse cette consanguinité a aussi pour effet de renouveler des déficiences existantes, à les accentuer voir à en en créer de nouvelles.
Les éleveurs l'ont compris et les cas sont maintenant plus rares avec les nouvelles générations produites. Il n'en reste pas moins que c'est probablement la mutation la plus fragile chez les boas .

2) ALBINOS " T - " SHARP
Le nom de la souche vient là aussi de l'éleveur qui les a reproduits pour la première fois : Brian SHARP.
A l'origine, une femelle adulte capturée au début des années 1990 et achetée par l'éleveur.
Pour mémoire, il avait aussi acheté en 1990, 10 mâles et 6 femelles bébés hétérozygotes albinos à Peter KAHL, le projet des boas albinos lui tenait vraiment à cœur et le fait que Peter KHAL ai sur-nourri ses animaux pour être le premier trouve sans doute la une partie de sa "justification" !
Cette souche est donc présente sur le "marché" depuis moins longtemps pour des raisons évidentes et elle se différencie de la souche " KAHL " par ses couleurs et leur évolution avec l'âge.
Sur les juvéniles, les couleurs auront en général tendance (sauf sur les dessins de la queue), à être plus prononcées avec moins de rouge et plus "d'orange brûlé", cela est encore plus visible sur la phase Sharp sunglow (hypomélanistique salmon homozygote albinos), certains ayant des queues couleur rouille presque marrons, ce qui n'est pas le cas chez les " KAHL " sunglow. Avec l'âge, les couleurs s'estompent moins, en général, que sur l'autre souche " T - " avec toujours cette dominante "orange brûlé."
Avec de l'habitude, il est facile de différencier ces deux souches, que les individus soient adultes ou juvéniles.
Cette possibilité de les différencier grâce au phénotype laisse penser que les gènes responsables de cette mutation albinos sont différents et donc à priori non compatibles. Cela signifie concrètement que l'accouplement d'un " KAHL albinos " avec un " SHARP albinos " ne donnera pas d'individus albinos mais des individus normaux doubles hétérozygotes albinos pour les deux mutations.
Une seule tentative qui semble le confirmer a été faite entre un albinos " KAHL " et un hétérozygote " SHARP " et aucun des bébé n'étaient albinos. De ce fait, il semble que d'autres tentatives n'ont pas été faites ou que si elles se sont révélées négatives ou positives, les éleveurs n'aient pas jugés nécessaires de les publier.
N'oublions pas que beaucoup d'argent est en jeu et que de ce fait, certaines découvertes en terme de mutations et de compatibilités ne sont parfois publiées que quand l'éleveur a des animaux disponibles à la vente ainsi que les combinaisons avec d'autres mutations.

TYROSINASE POSITIVE (T+)
Trois formes sont actuellement connues et correspondent à deux mutations de boa constrictor imperator (Colombie et Nicaragua) et une de boa constrictor occidentalis ( annexe I ).
Les formes " T + " permettent, par définition, la formation de plus de mélanine que les " T - " et cela est d'autant plus manifeste dans les couleurs de ces mutations, les pigments d'origine de la phase classique sont plus ou moins atténués.

1) Les Colombiens " T + " (Boa caramel " T + " imperator)
Les premiers animaux identifiés sont nés dans une animalerie aux USA; d'un couple de boas au phénotype normal. Ils ont été achetés par Dave et Tracy BARKER qui les ont décrits et classés comme albinos " T + ".
Ils peuvent être assez variables aussi bien à la naissance qu'à l'âge adulte. Ils ont tous en commun une forte réduction des pigments sombres, une couleur de fond caramel et une robe assez mouchetée surtout sur le dos.
Ce qui peut apparaître comme des pigments noir ne l'est pas, cela est particulièrement visible, et encore plus flagrant à l'âge adulte sur les ocelles sombres, qui sont normalement noires et qui cernent les taches de couleurs sur les cotés de la queue et sur les taches des plaques ventrales. Elles sont en fait de couleur marron bleutée décrite en anglais comme "lavender."
La langue, qui est normalement noire chez les boas (sauf dans de rares cas chez les hypo / salmon) , est invariablement d'apparence rose.
J'ai pu prouver et mettre en évidence grâce à des photos qu'elle était en fait transparente et dépourvue de pigmentation, la couleur rose visible n'étant due qu'à l'irrigation sanguine de cet organe.
A la naissance, comme à l'âge adulte, le degré de couleurs foncées (eumélanine) est variable. Ces différences de couleurs pouvant s'expliquer par le fait que la tyrosinase fonctionne partiellement et donc aussi de manière instable.
Une forme particulière est appelée "PINK PANTHER", les individus sont beaucoup plus claires que les autres, beaucoup plus colorés et ne foncent pas avec l'âge. Les couleurs de la queue de ses animaux sont presque "fluo". Le fonctionnement de cette forme n'est pas encore connue et j'espère en apprendre plus bientôt !
Une autre souche de " T + " colombien existe, elle cumule l'ensemble des caractéristiques cités ci-dessus ainsi que d'autres qui ne sont pas mentionnées dans cet article.....
Il faudra accoupler des individus des deux souches entre eux pour voir s'il s'agit de la même mutation, mais j'ai tendance à penser que c'est le cas.

2) Les Nicaragua "T + " (imperator)
Cette souche est plus récente que la précédente et provient d'animaux originaires du Nicaragua. Elle ne porte pas le nom d'un éleveur particulier du fait que les animaux importés ont été achetés par des éleveurs différents qui ne se sont pas associés dans le cadre d'un projet pour les reproduire.
Leur couleur est complètement différente des Colombiens, d'une part parce que les boas imperator du Nicaragua ont des couleurs complètement différentes de celles des Colombiens et d'autre part parce qu'il semble que la mutation soit différente au niveau phénotype.
Il y a moins de disparités entre les individus, ils ne foncent pas avec l'âge et ne développent aucune couleur s'apparentant au noir contrairement à beaucoup de " T + " Colombiens. C'est sur la base de ces observations que l'ont suppose que c'est une mutation différente, d'autant plus que les Nicaragua "normaux" ont tendance à être foncés. Il faudra le confirmer par des reproductions entre ces deux formes de " T + ".

3) Le boa d'Argentine " T + " (occidentalis)
L'historique de cette souche est beaucoup plus confuse et moins relatée. Cela est probablement du au fait qu'ils ont d'abord été décrits comme hypomélanistiques et qu'ils soient classés comme espèce menacée en annexe A de la convention de Washington.
La mutation semble être plus proche des "Nicaragua" que des "Colombiens." Le phénotype est assez stable et les différences existantes sont surtout à attribuer à l'origine des populations de boas occidentalis utilisées.
Les couleurs des individus de type sauvage pouvant varier du noir et blanc (anérythristique) au brun foncé sur un fond rosé. Il est alors facile de comprendre comment cela se traduit chez un albinos ! De manière générale, les motifs particuliers de cette sous-espèce sont clairement visibles et sont traduits en dégradés de blanc, d'ocre et de marrons. Ils ne développent pas de pigments d'aspect noir avec l'âge et chez eux aussi la langue est rose.
En conclusion, après ce survol rapide du sujet, on voit qu'il ne faut pas parler de l'albinos mais de différentes formes d'albinisme et avoir à l'esprit que ce sont des caractères héréditaires handicapant.

Ces handicapes, n'ont pas été précisément étudiés chez les boas. Les mécanismes et les gènes associés ne sont pas tous identifiés chez l'homme et passent par le décryptage du génome. Chez les reptiles nous en sommes bien loin et actuellement réduits à procéder par analogie et le seul moyen à notre disposition est l'observation et la reproduction.
Nous pourrions aussi se demander pourquoi reproduire des animaux qui présentent des anomalies non bénéfiques pour l'espèce est un autre débat ! On pourrait parler des souris blanches, des rats et des chats nus, des chats siamois...
Inf Faune remercie sincèrement toutes les personnes
pour le temps qu'elles nous ont accordé pour la rédaction des articles

ALAIN HODE - MAGMA BOA
TEXTE PROTEGE ET DEPOSE INPI (institut nationale de la protection industrielle)

http://www.inf-faune.com/articles-albinisme.php

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