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Dominique19

LES ABANDONNEURS

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LES ABANDONNEURS

Texte de François CAVANNA



Écoutez. Le tuer, j’ai pas le coeur. Alors, je vous l’amène. Vous, vous les tuez pas. Vous les sauvez. Un refuge, c’est fait pour ça, pour les sauver. Alors bon, le voilà! C’est à prendre ou à laisser. Si vous en voulez pas, j’irai le perdre dans les bois. Je l’attacherai à un arbre, pour ne pas qu’il me coure derrière, vous savez comment ils sont, paraît qu’il y en a qui ont retrouvé leur maison après des centaines de kilomètres, alors vaut mieux l’attacher et puis se sauver, pas l’entendre crier, c’est trop triste, on n’est pas des bêtes.

Bon, vous le prenez, ou vous le prenez pas ?

Faut vous décider, j’ai pas que ça à faire, on n’a pas encore fini les bagages.

Évidemment, il ou elle le prend. Quoi faire d’autre ? Le bon salaud le sait bien. Quand on gère un refuge pour animaux, c’est qu’on a le coeur tendre, qu’on ne peut absolument pas supporter l’idée qu’une bête souffre, soit abandonnée, perdue, vouée à la piqûre, fatale, ou pis, aux pourvoyeurs des laboratoires.

Les pseudos-amis des bêtes qui, lorsque le chien ne veut plus chasser, ou bien est devenu trop vieux, ou bien a osé donner un coup de dent au sale môme qui le harcèle, ou lorsque le mignon chaton offert pour Noël est devenu au 14 juillet, un gros matou qui a son caractère et ne veut plus jouer les nounours en peluche, ou encore lorsque “ces gentils compagnons” se mettent à être malades et coûtent “les yeux de la tête” en visites au véto, ces salopards délicats qui décident de les supprimer mais n’ont pas le courage de faire le vilain geste qui tue vont les déposer à la porte du refuge (variantes : ils les jettent par-dessus le grillage, ils enferment dans une boite en carton la chatte miaulante et ses petits...) comme on déposait jadis les nouveaux nés non désirés à la porte des couvents. Fonder un refuge pour animaux est la pire façon de s’empoisonner la vie. Non seulement cela ne peut pas rapporter d’argent (les abandonneurs ne laissent jamais de quoi acheter un peu de bouffe, cela ne leur vient même pas à l’idée), mais c’est un gouffre financier. Fonder un refuge ne peut être qu’une action bénévole et précaire, un élan de révolte contre l’indifférence générale devant l’omniprésence de la misère animale. C’est le fait d’âmes sensibles qui mettent sur le même plan toute souffrance, toute angoisse, humaine ou non humaine. La plupart du temps, dans le cas des petits refuges, il s’agit de gens à faibles ressources qui s’épuisent à mener un combat sans fin comme sans espoir, mais qui ne pourraient pas ne pas le mener. Ils sont parfois aidés par de maigres subventions (dans le meilleur des cas), par la générosité de quelques adhérents, mais en général abandonnés à leurs seules ressources personnelles. Un refuge est vite submergé. Là comme ailleurs, la mode imposée par les éleveurs et la publicité des fabricants d’aliments ont stimulé une frénésie d’achat dont les conséquences sont la versatilité du public et la cupidité des éleveurs et des marchands. La “rentabilité” exige qu’une femelle d’une race “vendeuse” ponde et ponde jusqu’à en crever. On achète par caprice, le caprice passé on est bien emmerdé, et comme on n’est pas des tueurs on se débarrasse, au plus proche refuge. Et là, c’est le chantage cynique de tout à l’heure : “Vous le prenez ou je vais le perdre”. C’est exactement le coup de l’otage à qui le malfrat a mis le couteau sur la carotide : “Vous me la donnez la caisse ou je l’égorge.” On ne sait pas assez, même chez ceux qui considèrent l’animal comme un être vivant et souffrant à part entière (je n’aime pas dire “amis des bêtes”), quelle terrible et décourageante corvée est la gestion d’un refuge quand on dispose de peu de moyens. Pour un animal placé à grand-peine, il en arrive dix, vingt, cent ! Cela vous dévore la vie, vous écrase sous une conviction d’inéluctable impuissance. Beaucoup de petits refuges de province luttent envers et contre tous, ignorés, méprisés, abandonnés à leurs seules ressources, et, cela va de soi, en butte aux sarcasmes des imbéciles et aux froncements de sourcils des vertueux qui jugent bien futile de s’occuper d’animaux alors qu’il y a tant de détresses humaines... Et quand l’apôtre qui a englouti sa vie dans un refuge meurt ou devient impotent, que deviennent les bêtes? Pardi, l’euthanasie en masse par les services de l’hygiène publique, pas fâchés d’être débarrassés. Savez-vous que, si vous possédez plus de 9 chiens, vous devenez de ce seul fait “refuge” et devez déclarer la chose à votre mairie et à la D.S.V. (Direction des Services Vétérinaires) ? A partir de là, vous serez soumis aux inspections d’usage concernant les règles d’hygiène, de sécurité, etc.

En somme le bénévolat est pénalisé. Tout se passe comme si la seule voie “normale” était l’euthanasie systématique, le sauvetage étant considéré comme anormal, suspect et fortement découragé. Il faut que l’animal cesse d’être considéré comme un objet, un bien “meuble” qu’on achète, qu’on vend, qu’on cède, avec à peine quelques restrictions concernant les “mauvais traitements”, d’ailleurs bien légèrement punis. Il faut que la survenue d’un animal dans un foyer soit aussi grave, aussi importante, aussi contraignante que la naissance d’un enfant. C’est le formidable et trop prévu nombre d’abandons liés aux départs en vacances qui m’a mordu au cul. Savez-vous qu’ils font la queue aux portes des refuges, les enfoirés, avant d’aller faire bronzer leurs gueules de sales cons ? “Avec la planche à voile sur le toit de la voiture” m’a-t-on confié. Que leurs têtes, à ces sous-merdes, volent haut dans l’air, propulsées par les pales tranchantes des hélices des hors-bord, pêle-mêle avec celles des toréadors et des aficionados ! PS : Vous qui les aimez, faites les STÉRILISER ! Les laisser proliférer est criminel : ce sont ces portées innombrables qui fournissent la matière première des vivisecteurs et condamnent les refuges au naufrage.

François CAVANNA

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Non, franchement, on ne peut pas avoir ce texte en super grand mega big letters et on le collera à l'acceuil du refuge et aussi à la porte d'entrée???

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:APPLAUD: pas de commentaire,a part envie de vomir.en tres tres tres grand sur les portes d entrés,et sur toutes les animaleries.:POUCE UP:

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:POUCE UP: Bravo Mr CAVANNA,
C'est la stricte et malheureuse vérité:PLEURE:

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:POUCE UP: Bravo Mr CAVANNA,
C'est la stricte et malheureuse vérité:PLEURE:

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Citation :
Bravo Mr CAVANNA,
C'est la stricte et malheureuse vérité


:PLEURE:

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Je l'adore aussi.
Il a eu de gros soucis de santé et du coup, vu son âge, j'ai toujours la trouille qu'un jour on annonce...
Mais bon, tant qu'il est envie: je l'adore. il écrit dans Charlie, j'vous avais dit que c'est top comme journal
Et je trouve génial qu'un type comme lui expose ces problèmes: on ne peut pas l'accuser d'être un homme égoïste qui préfère les bêtes aux humains. Il défend la misère humaine ET la détresse animale et c'est top, ça fait du bien!!!:POUCE UP:
Je pense que je vais lui écrire un de ces quatre...Le problème c'est que des comme lui, y en a peu aujourd'hui (y avait Monod...Que j'adorais aussi!):PLEURE:

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C'est bien qu'il y ait des gens comme ça pour faire entendre "notre" voix.
Les organismes de défence des animaux sont trop souvent prises en derisions. Il faut d'autres voix pour qu'on les prenne au serieux et ce monsieur en fait partie. Je trouve ça super de se servir de sa position pour faire passer des messages forts.

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susu a écrit:
Non, franchement, on ne peut pas avoir ce texte en super grand mega big letters et on le collera à l'acceuil du refuge et aussi à la porte d'entrée???


Ca mériterait d'être lu par un grand nombre! Ce sserait bien de l'afficher mais je pense que la longueur du texte découragerait une grande majorité à le lire...

Mais Monsieur Cavanna, merci!

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M. CAVANNA merci pour ce beau texte, puisse t-il être lu en masse !

Cependant, je doute qu'une catégorie de gens en comprennent le sens réel et qu'elle puisse agir en conséquence.


Les conséquence d'un seul abandon contraignent combien de personnes "aimant les animaux" a s'impliqué.
Ce qu'un seul détruit, combien sont-ils à essayer de redresser une situation qui nous échappe tant ??


Oui, l'arrivée d'un animal doit être mesurée avant d'être décidée.

A l'approche des vacances, il faudrait que ce texte soit lu et relu par beaucoup pour lesquel une "sale" pensée est en train de germer.:PLEURE:

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c'est un texte vraiment exceptionnel. Qui mérite d'petre lu par toutes personnes ayant un animal.. Et pourquoi pas le mettre dans les papiers que l'on donne aux adoptants! Le mieux serait les personnes qui vont dans les animaleries, qui prennent un chien dit "à la mode" et qui se lassent bien vite dès que les contraintes se font ressentir!
Merci encore pour ce texte!

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bonjour,

je voulais réagir sur ce que je viens de lire.
Déja un grand BRAVO à ce monsieur d'avoir écrit ces mots tellement vrais mais à coté tellement "gerbants".
Je trouve honteux qu'au 21 eme siècle il existe encore des comportements humains aussi répugnants, des gens qui achètent des chiens car c'est un effet de mode ou encore parce que le petit dernier a fait des pieds et des mains pour en avoir un et le montrer à ces petits copains.
et puis le chien grandit et faut le nourrir, s'en occuper, et puis l'emmener chez le vétérinaire et ça coute de l'argent tout ça et c'est de l'argent que l'on ne mettra pas cet été dans les activités sur la plage....tiens parlons des vacances au fait, qu'est ce qu'on va faire du chien???
alors faut vite s'en débarasser car il devient vraiment plus intéressant et faut le dire, il nous emmerde plus qu'autre chose...et comme on est tellement bete et égoiste, on s'est vraiment pas posé la question le jour où on l'a acheté.
alors on va l'abandonner quelque part car a la SPA, on va nous réclamer de l'argent, on en a assez dépensé pour lui de l'argent!!!!

Malheureusement, il y en a des tas de cons dans le style et c'est pas près de changer. Faudra faire avec malheureusement avant que les mentalités ne changent....
Heureusement qu'il y a des personnes livrées avec cerveau à la naissance pour faire remonter la moyenne...des personnes merveilleuses qui défendent la cause animale, pretes à tout pour que pleins de loulous croisent sur leur chemin des "personnes" dignes de ce nom....et bien sur des adoptants prets a prendre un animal meme s'il est vieux ou malade, c'est pas un problème. le but c'est de donner de l'amour et de se rendre compte de ce qu'est vraiment le bonheur!!!!

bonne journée à tous

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Oui, très "beau" texte...
je trouve ca écoeurant... c'est vrai, l'été arrive et nombre de compagnons vont etre lachement abandonnés... apres tout, ce ne sont que des chiens ou des chats! si les gamins en veulent un autre a la rentrée, on en reprendra un! (c'est tellement plus mignon un chiot ou un chaton!)

Je suis tout a fait d'accord sur le fait que l'arrivée d'un animal a la maison devrait etre aussi bien preparrée que l'arrivée d'un enfant... ca refroidirait nombre d'"adoptants" douteux ... mais allez dire ca a des gens qui considerent les animaux comme des biens, au même titre qu'un buffet ou une table... personnellement, qd je donne mon point de vue sur la question on me rit au nez!!

Je pense malheureusement que les mentalités ne changeront pas de sitôt.. même ce superbe texte n'atteindrait pas le coeur de pierre d'un "abandonneur"...

Bises a tous

Elody révoltée ...

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Les vacances c'est pas une raison d'abandonner les animaux, y a des
refuges pour les acceuillir pendant que vous partez et y a aussi plein
de centres et d'hotels qui acceptent les animaux.

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ce texte reprend le sujet d'hier sur ces gens qui ne prévoient pas qu'ils vont déménager ou qu'ils vont faire des études, c'est vrai, le Bac c'est pas tous les ans en Juin... et tout ceux là qui sont incapables de prévoir s'ajoutent à ceux qui achétent un chien comme une paire de chaussure et ...zut, ils n'ont rien pour mettre avec...
Doudoune avait été abandonnée au rez de chaussée de notre immeuble enfermée dans un sac de sport... que serait elle devenue si nous ne lui avions pas ouvert notre porte ? je continue à préférer ceux qui font l'effort d'aller à la SPA... même si...

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