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Orianne02

Voilà ce qui arrive avec le réchauffement climatique

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[size=12]Désolée, c'est un peu long mais ça mérite d'être lu[/size]. Cet article est tiré du journal "Le Monde"


La dérive islandaise de l'ours polaire

La faute au réchauffement
climatique ou la faute à pas de chance ? Ou les deux ? Le destin tragique de
deux ours blancs ayant dérivé des côtes du Groenland pour venir se faire
abattre en Islande courant juin ouvre de sombres perspectives. Il se passe
quelque chose d'inhabituel là-haut.

"C'ÉTAIT NÉCESSAIRE"

Pour les Islandais, c'est un sale coup. Abattre des animaux
menacés de disparition en ces temps de prise de conscience globale ne vous
fait pas que des amis. Surtout que les ours ont été abattus par la police,
comme de vulgaires criminels en fuite. Le premier ours est arrivé à
Skagafjordur le 3 juin, où un fermier l'a aperçu en train de déambuler le long
d'une route. Vision étonnante, car l'ours blanc n'est pas un animal qui peuple
l'Islande. Et le dernier n'avait été vu - et abattu - qu'en 1988. Stefan Vagn
Stefánsson, chef de la police locale, qui n'ignorait rien de la loi de
conservation des ours, a toutefois pris la décision de le faire abattre.

"C'était nécessaire", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'y
avait ni sédatif ni fusil spécial en Islande pour endormir un tel animal.
L'ours marchait vite et risquait de disparaître dans le brouillard alors que de
nombreux curieux s'étaient approchés. Or, dit-on à Reykjavik, la loi est
formelle : l'ours blanc est protégé en Islande tant qu'il ne représente pas un
danger pour l'homme. En disparaissant, il devenait un risque potentiel. Exit le
premier ours.

Deux semaines plus tard, le 16 juin, un nouvel ours. Là, on tombe dans l'exceptionnel.
La chronique islandaise, qui recense depuis l'an 890 tous les événements
survenus sur cette île, en compte environ 500 en un peu plus de mille ans. On
voit tout de suite le désordre statistique que ces arrivées vont causer.

Le second ours a abordé à quelques kilomètres à peine au nord-est du point
de chute du premier. C'est la fille d'un fermier, alertée par les aboiements de
son chien, qui l'a découvert alors qu'elle était dans la grange des moutons. La
famille a pu se réfugier dans sa ferme tandis que l'ours se goinfrait
tranquillement d'oeufs. Mais, cette fois-ci, les autorités islandaises ont
décidé de tout faire pour sauver la bête.

Un vétérinaire du zoo de Copenhague, à plus de 2 000 kilomètres
de là, a été appelé d'urgence avec tout l'équipement nécessaire, une bonne
cage, un fusil adéquat et des sédatifs en quantité. Un hélicoptère l'a
transporté avec son attirail à Skagata. Cette fois-ci, on ne pourrait pas
accuser les Islandais de ne pas avoir fait le nécessaire.

"RAMENER L'OURS VIVANT DANS SON HABITAT
NATUREL"


Mais après une bonne nuit, repu des oeufs du fermier, l'ours s'était remis
en route en plongeant à la mer, prenant tout le monde de vitesse. Une fois à
l'eau, il risquait de reprendre pied plus loin, dans une zone habitée. Las,
l'ours a été aussitôt abattu. "Le chef de la police n'avait pas d'autre
choix"
, a admis le vétérinaire danois, Carsten Grondahl.

Pour les Islandais, déjà dans le collimateur des amis des animaux pour leur
chasse à la baleine, la coupe est pleine. Le ministère islandais de
l'environnement vient d'annoncer la création d'un "groupe d'intervention
ours polaires". Il va mettre sur pied une équipe de spécialistes qui sera
dotée du matériel nécessaire. "L'objectif sera de ramener l'ours vivant
dans son habitat naturel"
, précise Gudmundur Hordur Gudmundsson,
porte-parole du ministère.

Magnus Andersen, biologiste à l'Institut polaire de Svalbard et spécialiste
des ours blancs, n'est d'ailleurs pas persuadé que cela soit une bonne solution
: "Anesthésier et transporter un ours polaire est très risqué. On peut
quand même le tuer. Et puis cela veut dire mobiliser un hélicoptère, un bateau,
dépenser du carburant. Bref, si l'on pense à ce qui est le mieux pour
l'environnement, peut-être est-il préférable d'abattre un ours polaire s'il en
vient en Islande."


La question est donc bien de savoir si le phénomène va s'amplifier.
Difficile d'être sûr de l'origine de ces deux ours, si ce n'est qu'ils viennent
du nord du Groenland. Il est probable qu'ils étaient en train de chasser le
phoque sur la banquise. "Près de la côte groenlandaise, il y a
actuellement moins de glace,
note Thor Jakobsson, responsable pendant
vingt-cinq ans de l'unité de recherche sur la banquise à l'Office
météorologique islandais. Les ours étaient peut-être plus à l'est, où la
banquise est plus ferme et où ils chassent le phoque. Mais ils n'ont pas
réalisé qu'ils quittaient la terre et qu'ils ne pouvaient plus revenir."


Pour Thor Jakobsson, le problème doit venir de là-haut, "car la
glace dérivante n'a rien d'inhabituel au large de l'Islande en cette
saison"
. C'est même de là que provient le nom du pays, pays de la
glace. Mais, pour lui, il y a peu de doute sur l'origine du phénomène : "Depuis
2001-2002, j'ai constaté des changements radicaux dans la banquise dans notre
zone, le long de la cote groenlandaise, à cause du réchauffement climatique,

assure-t-il. Il y a moins de glace."

Un drame pour l'ours blanc. Il en reste de 20 000 à 25 000 autour du pôle
Nord et ils sont présentés comme la première espèce victime à moyen terme du
réchauffement climatique, car ils dépendent de la banquise pour sa survie. Leur
technique de chasse au phoque repose dessus. Moins de glace le long des côtes
signifie que les ours doivent aller plus loin sur la banquise, au large, où ils
risquent de se faire piéger lorsque des blocs se détachent.

A cela vient s'ajouter un autre paramètre. "Il y a de forts courants
le long de la côte est du Groenland, qui transportent beaucoup de glace du nord
vers le sud,
note Harald Loeng, chercheur à l'Institut norvégien de la mer
de Bergen. Je pense que c'est un accident et que cela pourrait arriver
n'importe quand."
La thèse de l'accident ou de la malchance est aussi
celle que préfère Magnus Andersen, même s'il ne remet pas en question l'effet
certain du réchauffement climatique. Pour ce spécialiste, "ces deux
ours ont pu être victimes d'un événement climatique très ponctuel et localisé,
une tempête, un coup de vent qui fait qu'un bloc de glace se détache d'un
iceberg. On voit de temps en temps des ours loin sur des blocs de glace. Quand
ils ne savent pas à quelle distance de la terre ils sont, ils attendent. Et, en
général, ils seront ramenés sur la banquise ou sur la terre. Mais, s'ils
manquent de chance, ils vont dériver"
.

Et la question demeure. En viendra-t-il d'autres ? La presse islandaise a,
depuis l'arrivée des deux ours, rapporté d'étranges phénomènes. Des touristes
polonais ont aperçu de larges empreintes qui ne correspondraient à aucun animal
islandais. Fausse alerte, il s'agissait des traces détrempées d'un cheval. Plus
sérieux, apparemment, un fermier islandais a raconté avoir vu en songe, début
juin, trois ours. Et en Islande, pays de terribles sagas, on ne prend pas de
tels rêves à la légère.

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