askook 0 Posté(e) le 16 avril 2007 Les yeux de tous les ophidiens sont recouverts d'une écaille, appelée lunette pré-cornéenne ou écaille supra-oculaire. Cette lunette est une "lentille de contact" transparente, très riche en vaisseaux sanguins invisibles à l'oeil nu, qui unit les paupières inférieures et supérieures, protège la cornée vis-à-vis des agressions du milieu extérieur et évite la dessication (l'élimination de l'humidité) du globe oculaire. L'espace compris entre la cornée et cette écaille protectrice, nommé espace pré-cornéen, est baigné de sécrétions lacrymales, issues de la glande de Harder, qui s'évacuent par un unique conduit naso-lacrymal. Ce canal naso-lacrymal s'abouche au niveau du plafond buccal, à proximité de l'organe de Jacobson. La lunette pré-cornéenne et l'espace pré-cornéen peuvent être le siège de diverses pathologie provoquant toutes une baisse de la vision: persistance de la lunette, dacryocoele sus-cornéen, abcès précornéen. Persistance de la lunette pré-cornéene La persistance de la lunette pré-cornéene est une affection dermatologique et non ophtalmologique. Comme le reste de l'épiderme, cette lunette pré-cornéenne se renouvèle à chaque mue. Quelques jours avant la mue, elle s'opacifie et devient bleutée car elle est séparée de la nouvelle lunette sous-jacente par une fine couche de lymphe. Pour diverses raisons (hygromètrie ambiante insuffisante, déshydratation, dermite, traumatisme, infestion par des acariens, maladie générale...), cette écaille peut rester adhérente à la lunette sous-jacente néoformée. Cette anomalie, qui se manifeste par un aspect fripé et desséché de l'oeil, gêne alors considérablement la vision sur l'oeil concerné et devient souvent le siège de surinfections. Les espèces de serpents dont les yeux sont les plus proéminents (Python regius, Drymarchon corais...) ou particulièrement petits (Lampropeltis sp. ...) sont les plus touchés par cette affection. Persistance de la lunette précornéenne (d'après Schilliger in Gérard & al., 2001) Le traitement de cette pathologie est délicat: le seul fait de tirer, même avec précaution, sur la lunette persistante peut occasionner d'irréversibles lésions de la lunette sous-jacente, de la cornée ou des fragiles structures annexielles du pourtour oculaire. En fait, il faut se garder d'être trop interventionniste et plutôt favoriser le décollement des deux lunettes superposées à la mue suivante (augmenter l'hygromètrie du terrarium, pulvériser fréquemment ou faire prendre des bains au spécimen concerné, appliquer un gel de larmes artificielles sur l'oeil quotidiennement (HUMISCREEN N.D, OCRYGEL N.D) ainsi qu'un mucolytique à base d'acétyl-cystéine (MUCOMYST N.D). Dans certains cas, la lunette persistante n'est pas adhérente à la lunette sous-jacente et se décolle très facilement. Lorsque la persistance est secondaire à une infestation par des acariens, un traitement local à l'ivermectine (IVOMEC N.D) ou au fipronil (FRONTLINE N.D) doit être appliqué au coton tige ou au pinceau autour de la lunette. Dacryocole sus-cornéen Le dacryocoele sus-cornéen, appelé également pseudobuphtalmie, correspond à une accumulation anormale de sécrétions lacrymales dans l'espace pré-cornéen. Cette affection revêt la fausse apparence d'une exophtalmie, alors que l'oeil est, en réalité, comprimé au fond de la cavité orbitaire par l'augmentation de pression liquidienne qui siège dans l'espace "cornée-lunette". Ce dacryocoele est toujours secondaire à une obstruction ou à une sténose du canal naso-lacrymal pouvant être congénitale, liée à une infection buccale ou à une compression par une tumeur ou un granulôme péri-orbitaire. Dacryocoele sus-cornéenne (d'après Schilliger in Gérard & al., 2001) le traitement du dacryocoele sus-cornéen consiste à aspirer le contenu de l'espace précornéen à la seringue, et à identifier, puis traiter la cause de l'obstruction du canal naso-lacrymal. Abcès précornéen L'abcès précornéen est la complication habituel du dacryocoele sus-cornéen. Il se produit lorsque l'espace "cornée-lunette" est colonisé par des bactéries (Pseudomonas sp., Proteus sp., Providencia sp. ...), à la suite d'un traumatisme septique à travers la lunette, d'une septicémie ou d'une infection ascendante depuis le palais via le canal de la glande Harder. Cette dernière cause est la plus fréquente. Abcès précornéen (d'après Schilliger in Gérard & al., 2001) Le traitement de l'abcès précornéen s'effectue par drainage chirurgical : la lunette doit être délicatement incisée au niveau de son cadran inféro-externe sur une portion formant un angle de 30° environ. L'exsudat purulent doit ensuite être enlevé et flushé au sérum physiologique tiède. Un traitement antibiotique local à base de pommade ophtalmiques (ex: FUCITHALMIC N.D) ou de collyre (ex: TEVEMYXINE N.D) doit être instauré et poursuivi jusqu'à la mue suivante. La guérison totale se fait toujours en plusieurs mois. Les récidives sont très fréquentes. Références bibliographiques: Brogard. J (1992) - Les maladies des reptiles. Edt du Point Vétérinaire Schilliger. L (2004) - Guide des Maladies des reptiles en captivité. Edt MED'COM Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites