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Les coléoptères menacent les forêts du sud de la Suède

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Les coléoptères menacent les forêts du sud de la Suède


D'un coup de couteau, Alrik Karlsson, un paysan de 78 ans, entaille le tronc de sapin couché dans sa forêt de Norra Torpa, à quelques kilomètres de Växjö, dans le sud de la Suède. Il a repéré l'endroit où tailler grâce à un petit amoncellement de sciure couleur brique. Découvert, un coléoptère noir d'un demi-centimètre tente de disparaître dans l'étroite galerie qui s'enfonce sous l'écorce. Il peut y avoir jusqu'à 4 000 individus par arbre.

Ce coléoptère amateur d'épicéas s'appelle le typographe (Ips typographus). Il doit son nom aux galeries qu'il imprime dans le bois et constitue aujourd'hui la principale menace qui pèse sur les forêts du sud du royaume. Des printemps et des étés plus chauds, ajoutés à une fréquence élevée de tempêtes qui ont déraciné d'énormes quantités d'arbres, ont favorisé la prolifération du coléoptère.


Ips typographus

"On peut y voir un effet du réchauffement climatique, même s'il est trop tôt pour établir un lien formel", note Bo Langström, spécialiste de la protection des forêts à l'université agricole suédoise d'Uppsala. De son côté, l'Office des forêts a déclenché l'alerte depuis plusieurs semaines, tant la situation s'annonce critique pour cet été.

Autour d'Alrik Karlsson, la forêt est retournée, dévastée, tapissée de branches brisées. Des souches à moitié déterrées parsèment des clairières qui étaient des forêts il n'y a pas si longtemps. "Les souches les plus sombres, c'est Gudrun. Les plus claires, les plus récentes, c'est Per", explique l'exploitant. Deux prénoms pour deux tempêtes qui ont ravagé le sud du pays, l'une en 2005, l'autre en 2007.

En dépit de la mobilisation après le passage de Gudrun, d'énormes quantités de bois sont restées sur le carreau, ce qui a permis aux typographes de coloniser ces arbres sans défense et de se développer. "Ils étaient pourtant encore assez peu nombreux", souligne Nils Mitsell, consultant en santé des forêts.

Mais la sécheresse de 2006 a tout fait basculer, avec un premier essaimage dès avril, qui a pris tout le monde de vitesse. "Pour la première fois depuis les années 1930, il y a eu deux générations de coléoptères en un seul été", explique Nils Mitsell.

La sécheresse a eu une autre conséquence : le manque d'eau a affaibli les arbres, qui sont devenus des proies faciles. "On estime à 2 millions de m3 la quantité d'arbres détruits par les typographes pendant l'été 2006", constate Lennart Svensson, responsable de la lutte anticoléoptères dans la région du Götaland. A la fin de l'été, la plupart des troncs d'arbres victimes de Gudrun avaient toutefois été enlevés.

La situation s'est encore aggravée avec la tempête Per, en janvier. Moins violente que Gudrun, elle s'est révélée plus sournoise car les arbres arrachés se sont trouvés plus dispersés, et donc plus compliqués et coûteux à enlever. Le "garde-manger" a été renouvelé et l'on s'attend à une explosion des typographes cette année. Les premiers essaimages ont démarré dès avril, lorsque la température a atteint 18 oC. Les typographes s'attaquent même à des arbres debout, signe que les troncs morts ne leur suffisent plus.

"J'ai déjà perdu la moitié de ma forêt avec les deux tempêtes", s'inquiète Alrik Karlsson. Des pièges ont été installés un peu partout, contenant des phéromones, substances chimiques sécrétées par les animaux eux-mêmes. L'Office des forêts pousse les propriétaires à marquer, abattre et évacuer les arbres attaqués avant le 1er juillet, soit avant que l'animal adulte quitte l'arbre et que la nouvelle génération prenne son envol. Mais comment faire, alors que les machines et les camions manquent pour tronçonner les arbres et les transporter ? "On nous demande ces efforts, mais nous sommes voisins de réserves naturelles où il est soi-disant impossible d'intervenir et où les typographes se reproduisent à leur guise", s'insurge Alrik Karlsson.

Mais la malédiction du typographe n'est pas inéluctable. Si le nombre des typographes grandit au point qu'ils s'attaquent aux arbres sains, ils devront se mobiliser en grand nombre pour vaincre la résistance de ceux-ci. Une fois à l'intérieur du tronc, la concurrence pour se nourrir finira par faire décroître la population de coléoptères. De plus, les ennemis naturels du typographe - sangliers et oiseaux notamment - devraient enrayer sa progression d'ici quelques années. La question est de savoir si les forestiers suédois supporteront une calamité de plus.
Source: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-916677@51-853716,0.html

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Le bostryche typographe (Ips typographus) est un petit coléoptère ravageur ligniforme des forêts d'épicéas. Il a un corps cylindrique allongé avec des élytres et sa couleur est brun rouge. Son nom vient du grec Bostrukhos, « boucle de cheveux ». Il fait partie de la grande famille des scolytes. Plus de cent espèces de scolytes sont présentes en Suisse. La plus répandue et la plus redoutée du point de vue économique est le typographe (lat. Ips typographus). L'adulte, de couleur brun foncé, mesure environ 5 mm de long. Il pond dans l'écorce et ne laisse donc aucune trace de galerie dans le bois. Il appartient aux quelques espèces de scolytes qui tendent à pulluler si les conditions leur sont favorables et qui risquent ainsi de mettre en danger les peuplements forestiers.

Il colonise actuellement les forêts d'altitude des Alpes et du Jura. Il ne s'en prend pas seulement aux arbres affaiblis mais aussi aux sujets en bonne santé. Le typographe n'attaque que les épicéas, ou presque. Il colonise généralement les arbres malades, stressés ou récemment abattus. On parle alors d'épicéas attractifs ou d'épicéas propices à la ponte (ou simplement arbres de ponte). Les mâles partent en pionniers à la recherche de tels arbres. Il sont attirés par des substances odorantes émanant des tissus corticaux de ces arbres (kairomones) et par les substances attractives sécrétées par leurs congénères (phéromones). Après avoir foré un couloir de pénétration et s'être accouplés, ils forment une nouvelle génération.

Un épicéa sain peut empêcher l'intrusion des scolytes en sécrétant de la résine collante. Mais si les populations sont denses, les scolytes peuvent apparemment coloniser des arbres sains ou momentanément affaiblis. Les intenses activités de forage des larves et jeunes insectes se trouvant sous l'écorce interrompt le flux de la sève à l'intérieur de l'écorce, provoquant ainsi la mort de l'arbre infesté.

Jamais le bostryche n'avait autant proliféré depuis au moins 2 siècles dans la forêt alpine. Ces dernières années, les conditions ont été propices sur les montagnes : l'ouragan Lothar en 1999 a affaibli les forêts, puis on a connu des conditions climatiques avec des hautes températures qui lui étaient favorables. Dès 16 degrés, l'insecte essaime vers de nouveaux lieux de ponte et colonise d'autres arbres. On peut recenser entre 60 000 et 80 000 bostryches et larves par arbre infecté.

Lieux de ponte les plus prisés - les épicéas qui viennent d'être renversés ou cassés par le vent ou une avalanche, - les épicéas physiologiquement affaiblis par la tempête ou la sécheresse, - les épicéas affaiblis par des facteurs biotiques (maladies, autres insectes, activités humaines), - les épicéas entre 70 et 150 ans.

Après une année, voire deux ou trois ans au plus tard, l'écorce des arbres renversés par le vent est généralement trop sèche pour être colonisée par le typographe.

Il n'existe actuellement aucune parade chimique, les équipes de forestiers doivent abattre, écorcer sur place et évacuer rapidement les bois atteints à plus de 2 kilomètres. Il est possible aussi de poser des pièges à phéromones qui permettent de capturer 2% des insectes de l'arbre.

La densité des populations de scolytes est régulée sous l'effet de différents facteurs naturels qui en limitent le développement. Ces facteurs sont principalement les conditions climatiques, l'offre en matériel de ponte, la résistance des arbres-hôtes et les ennemis naturels tels que divers insectes prédateurs ou parasites, ou encore les pics.

Dans la réserve naturelle de la forêt de Bohême, en Allemagne, aucune des régulations naturelles ou humaines citées n'a enrayé la propagation de cet insecte. Il a donc été décidé de laisser faire sans combler les destructions, ce qui a entraîné la disparition complète de la forêt d'épicéas plantée par l'homme au XIXe siècle. L'organisme gestionnaire de la forêt compte sur une repousse naturelle de la forêt, avec un peuplement naturel plus hétérogène : hêtres en plus des épicéas, et sous-bois varié (dont sorbier), c'est-à-dire la forêt naturelle de moyenne montagne à ces latitudes, peuplement naturel qui devrait limiter la propagation de l'insecte à l'avenir. À court terme, il aura disparu avec son arbre hôte.

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