Déshydratation

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L'eau représente chez les reptiles, 70 à 75% du poids corporel, dont 45 à 60% se répartissent dans le secteur intracellulaire. Le sang total occupe un volume de 7 à 11% du poids vif (70-110 ml/kg) et le secteur plasmatique 60-80% du volume sanguin total (soit 0,6 à 0,8 l/l) correspondant à environ 4% du poids du corps (40 ml/kg).
La déshydratation est un phénomène particulièrement lourd de conséquences chez les reptiles car ce sont des animaux uricothéliques: leur principal déchet azoté sanguin, l'acide urique, issu du catabolisme hépatique des protéines alimentaires, cristallise et se dépose dans l'organisme sous forme de tophi goutteux en cas d'hémoconcentration.

Etiologie
Comme les mammifères, les reptiles peuvent présenter deux grands types de déshydratation:
- une déshydratation extracellulaire normonatrémique, secondaire à une hyperthermie, des brûlures, des plaies étendues, des hémorragies, des diarrhés.
- une déshydratation intracellulaire hypernatrémique, secondaire à une insuffisance d'abreuvement ou une hyperglycémie.

Symptomatologie
La déshydratation extracellulaire pure est caractérisée par la présence de plis de peau, un enfoncement des globes oculaires, une hypovolémie.
La déshydratation intracellulaire secondaire à une hypernatrémie, est marquée essentiellement par de la soif.

Diagnostic
Clinique
L'aspect terne et plissé des écailles, la soif, la présence de plis de peau lors des manipulations, les troubles de la mue chez les squamates, l'enfoncement des globes oculaires dans les orbites, la présence d'urolithes dans le cloaque chez les ophidiens et l'absence d'émission d'urine dans les selles sont des symptômes permettant de suspecter une déshydratation.

Hématologique et biochimique
En cas de déshydratation, on observe généralement:
- une hyperhémoglobinémie
- une augmentation de l'hématocrite sanguin
- une hyperprotidémie
- une hyperalbuminémie
- une hyperuricémie
Une déshydratation intracellulaire est révélée par une hypernatrémie (>170 Meq/l)

Thérapeutique
La méthode de réhydratation la plus simple et la plus efficace consiste, lorsque l'état général de l'animal le permet, à favoriser la prise d'eau spontanée:
- les tortues s'abreuvant en immergeant leur tête
- les serpents en "aspirant" l'eau du bout des lèvres
- les lézards en lapant

En cas de refus, le reptile déshydraté peut, dans un premier temps, être placé dans un récipient contenant un fond d'eau tiède à 30° C.
En effet, même si la peau de tous les reptiles est quasi-imperméable à l'eau et aux électrolytes, ce procédé stimule l'abreuvement et permet, chez mes tortues notamment, une absorption per-cloacale d'eau, de sodium et de chlore.
La réhydratation per os s'effectue par sondage oro-gastrique chez toutes les espèces. La quantité d'eau administrée ne doit pas alors dépasser la capacité maximale de l'estomac, à savoir 2% du poids par prise (20ml/kg).

Prophylaxie
La déshydratation est un trouble hydroélectrolytique grave pouvant être évité en veillant constamment à fournir à l'animal de l'eau de boisson en quantité suffisante et facilement accessible, en respectant un gradient thermique dans le terrarium pour permettre au reptile de se soustraire à une trop forte chaleur en cas de besoin, et en humidifiant régulièrement l'air ambiant par de fréquentes pulvérisations d'eau.
Source: Guide Pratique des Maladies des reptiles en captivité du Docteur Lionel Schilliger. 2004 - Edt MED'COM