askook 0 Posté(e) le 5 septembre 2010 Un Phelsuma peut en cacher un autrePour ne pas que leur emblème se lézarde, les habitants de l'île de la Réunion sont priés de guetter le « cousin » malgache (Phelsuma madagascaiensis grandis) du lézard de Manapany (Phelsuma inexpectata), deux fois et demi plus gros que lui. Depuis peu, ce prédateur représente une menace réelle pour le petit reptile endémique du Sud sauvage.Il a été aperçu pour la première fois il y a trois mois et, depuis, le nombre de ses congénères aurait quasiment doublé autour de la baie. Lui, c’est Phelsuma madagascariensis grandis, alias le grand gecko vert malgache, qui ressemble beaucoup à l’emblème de Manapany, le lézard vert, endémique de La Réunion. C’est Nicolas Dubos, étudiant stagiaire à l’association Nature océan Indien (NOI), qui a eu la primeur de la rencontre avec ce reptile. C’était le 8 juin dernier. « Je sortais de chez une habitante du boulevard de l’océan chez qui je faisais une étude de terrain sur le lézard vert. J’ai aperçu ce gecko sur un arbre, je n’y croyais pas. Deux jours après, j’en ai vu cinq, alors on en a conclu qu’il y avait une population à Manapany. » Déjà signalée en 2009, sa présence n’avait jusque-là jamais été vérifiée dans la baie. Il était cependant bien implanté dans d’autres secteurs (Saint-Gilles, Tampon, Saint-Denis…), depuis qu’un éleveur avait relâché en 1994 à Sainte-Suzanne quelques spécimens importés de la Grande-Île. « Comme il adore se faire dorer au soleil, il a très bien pu être amené ici dans le capot d’une voiture où il s’est réfugié lorsque le chauffeur a démarré », envisage Nicolas Dubos. Toujours est-il que selon les estimations de la NOI, une cinquantaine de geckos verts malgaches auraient élu domicile dans les végétaux de Manapany, en quelques mois seulement. « Ils s’adaptent très rapidement et se reproduisent beaucoup plus vite que le lézard endémique », confirme Nicolas Dubos. Ces derniers restent encore largement majoritaires, avec 5000 individus dans un rayon de 5 km autour de la baie. Mais, selon les scientifiques, ils pourraient à terme être supplantés par leurs envahissants « cousins malgaches ».[i]Phelsuma inexpectata[/i]Prédateurs et compétiteursCeux-ci sont effet beaucoup plus grands (30 cm contre 12) et, surtout, à la fois prédateur et compétiteur. Prédateurs, car certains clichés montrent le lézard malgache ne faire qu’une bouchée du gecko péi, qu’il soit adulte, juvénile ou dans son œuf… Compétiteurs, puisque les deux espèces occupent le même type d’habitat. Et quand les deux espèces se croisent sur une branche de vacoa ou de latanier, la bataille tourne court. Le gecko malgache réquisitionne habitat, refuge et nourriture aux dépens de son cousin. Ce que ne font pas ses autres prédateurs, chats et autres rats. Verdict unanime chez les scientifiques : le lézard vert de Manapany geckoest victime de sa « naïveté ». « Il est menacé car son évolution l’a conduit à perdre ses réflexes de fuite puisqu’il était seul. L’introduction de prédateurs a été un véritable carnage pour lui », explique-t-il en approchant sa main à portée de souffle d’un lézard vert qui flemmarde sur la façade de la salle communale de Manapany. C’est derrière ces murs que s’est tenue hier après-midi une réunion d’information à destination de la population. Et, visiblement, la cause du lézard vert mobilise. Une cinquantaine de Manapanyens ont assisté à l’exposé de cette nouvelle menace. De tous âges, mais aussi beaucoup d’enfants. Qui ont pour beaucoup incité leurs parents à se déplacer.Un lézard trop naïf« Nous avons fait des interventions au sujet du lézard dans l’école maternelle de Manapany et dans une école élémentaire de Saint-Joseph. Nous en avons sensibilisé une centaine. Ce sont eux qui sont le plus à même de faire passer le message aux parents », expose Marie-Claude Ollivier, présidente de l’ADPRH. C’est lors d’une manifestation organisée l’an dernier par son association qu’elle avait fait connaissance avec le gecko malgache. « Un parent nous avait alertés à ce sujet, je n’en avais jamais entendu parler. Suite à cela, la NOI a débuté ses recherches, qui ont prouvé sa présence. » Et la résistance s’organise déjà. En cas de signalement d’un cas, la NOI et les agents communaux du service environnement se chargent de récupérer l’envahisseur, manuellement ou à l’aide d’une canne à collet. Avant de le tuer. Selon une enquête menée par Nicolas Dubos, 89 % de la population s’est prononcée pour la préservation du lézard vert de Manapany. « Tout dépendra de la bonne volonté des personnes, estime Marie-Claude Ollivier. Les habitants n’y sont pas opposés. Maintenant, il faut le montrer dans les actes. C’est notre endémique et notre emblème ! » La poignée de sauveteurs du gecko de Manapany souhaite lui éviter le triste sort qu’ont connu à La Réunion vingt-deux espèces d’oiseaux, quatre de reptiles et autant de chauves-souris, toutes endémiques : la disparition pure et simple. Pour ne pas que leur emblème se lézarde à jamais.Source: http://www.clicanoo.re/11-actualites/25-environnement/256468-manapany-un-gecko-peut-en-cacher.html Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
askook 0 Posté(e) le 14 juillet 2011 Menace sur le lézard vert de Manapany (La Réunion) : quels moyens juridiques de lutte contre le grand gecko vert de Madagascar ?Le lézard vert de Manapany (Phelsuma inexpectata), reptile endémique de l'île de La Réunion autrefois considéré comme une sous espèce de Phelsuma ornata, le gecko diurne orné de l’île Maurice, est protégé par l’arrêté du 17 février 1989 fixant des mesures de protection des espèces animales représentées dans le département de La Réunion (JORF, 24 mars 1989, p. 3881).A ce titre « sont interdits en tout temps sur tout le territoire du département de la Réunion, la destruction ou l'enlèvement des œufs, la destruction, la capture ou l'enlèvement, la naturalisation des reptiles d'espèces suivantes ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ».Malgré cette protection forte du Lézard vert de Manapany, l’espèce est, depuis juin 2010(1), menacée par l’arrivée d’un lézard exotique envahissant dans son aire de répartition : le grand gecko vert malgache (Phelsuma grandis). Celui-ci, de grande taille, omnivore, se nourrit d'insectes, de produits sucrés d'origine végétale, mais aussi d'autres geckos. Il est ainsi le prédateur du Lézard vert de Manapany et pourrait conduire à la raréfaction, voire à l'extinction de l’espèce endémique dont l’aire de répartition est extrêmement réduite, située entre la plage de Grande Anse et l'embouchure de la rivière Langevin sur le territoire des communes de Petite-Île et de Saint-Joseph sur le lieu-dit Manapany.Dans ce contexte, quels moyens juridiques de lutte précoce peuvent être envisagés ?I – Le classement du grand gecko vert malgache comme « espèce interdite d’introduction » par le ministreLa première difficulté qui se pose est celle du statut juridique du grand gecko vert malgache. Le droit français donne en effet aux espèces différents statuts : domestiques ou non domestiques, gibiers comprenant les espèces susceptibles d’acte de chasse, espèces « nuisibles », etc. Dans cet ensemble, le droit peine à donner une place à l’espèce exotique envahissante. Le grand gecko vert malgache ne relève d’aucun statut particulier.Une première mesure à prévoir serait donc de faire figurer le grand gecko vert malgache sur la liste des espèces interdites d’introduction dans le milieu naturel au titre de l’article L. 411-3, I du Code de l’environnement. Cette liste, dressée par arrêté conjoint du ministre chargé de la protection de la nature et du ministre chargé de l'agriculture, permettrait à l’autorité administrative compétente de « procéder ou faire procéder à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens de l'espèce introduite ». Les listes existantes à ce jour ne concernent que le territoire métropolitain. Avantage: une telle mesure permettrait de lutter contre le grand gecko vert malgache dans un cadre juridique adapté à la situation.Inconvénient: la procédure d’élaboration des listes d’espèces interdites d’introduction peut être longue (arrêté ministériel) et ne répond pas à une situation d’urgence qui impose une riposte précoce.II – Le classement du grand gecko vert malgache comme « espèce interdite d’introduction » par le préfetLe ministre est l’autorité de police spécialement compétente pour prendre des mesures contre les espèces exotiques envahissantes (article L. 411-3 du code de l'environnement).Une telle compétence empêche en principe l’intervention d’une autorité de police administrative générale comme le préfet, sauf pour deux raisons :- pour aggraver les mesures en cas de circonstances locales particulières(2) et, en matière environnementale de péril imminent(3));- pour palier la carence de l’autorité détentrice du pouvoir de police spéciale(4).Sur ce fondement jurisprudentiel, des arrêtés préfectoraux ont déjà été pris en Martinique, pour autoriser la destruction de l’Iguane vert(5) ou en métropole s’agissant de la Bernache du Canada(6)ou de l'Ouette d'Égypte(7). Aucun de ces arrêtés n’a semble-t-il été attaqué devant un tribunal.Dans ce contexte, l’intervention du préfet pour permettre de lutter précocement contre le grand gecko vert malgache, semble possible.Les « circonstances locales particulières » sont facilement identifiables à travers l’endémicité du Lézard vert et son aire de répartition très réduite.Le « péril imminent » dont le concept renvoie à la notion de l’immédiateté définie comme « l’urgente nécessité de faire face à des risques graves et caractérisés » est également défendable, la menace pesant sur le Lézard vert de Manapany pouvant conduire à l’extinction de l’espèce sur la planète.Enfin, la carence de l’autorité détentrice du pouvoir de police spéciale se situe dans l’absence d’arrêté ministériel pris sur le fondement de l’article L. 411-3 du Code de l’environnement permettant de procéder à la capture ou au prélèvement du grand gecko vert malgache.Avantage: la prise de décision peut être rapide (arrêté préfectoral) et répond à l’urgence de la situation.Inconvénient: la légalité de l’arrêté dépendra de l’éventuelle appréciation que feront les juges de la notion de « péril imminent » maniée avec circonspection, car elle engendre une modification momentanée de la répartition des compétences entre les autorités de police. Il reste qu’à notre connaissance, aucun arrêté préfectoral pris sur le fondement de l’article L. 411-3 du Code de l’environnement n’a été attaqué devant les tribunaux.III – Le classement du grand gecko vert malgache comme « gibier » dont la chasse est autoriséeS’agissant de supprimer – ou de réguler – une population envahissante, et à défaut de mesures prises sur le fondement de l’article L. 411-3 du Code de l’environnement, le recours au droit de la chasse pourrait être envisagé. L’acte de chasse étant conçu comme « un acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l’attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci » (article L. 420-3 du code de l'environnement) pourrait en effet permettre de lutter efficacement contre le grand gecko vert malgache.En droit français, les actes de chasse ne peuvent être entrepris qu’à l’égard d’espèces gibiers dont la chasse est autorisée. Un arrêté du 25 août 2008 fixe la liste des espèces de gibier dont la chasse est autorisée sur le territoire du département de La Réunion (JORF 31 août 2008, p. 13713). Le grand gecko vert malgache ne figurant pas sur cette liste, il ne peut pas faire l’objet d’acte de chasse.Cependant, inscrire ce lézard sur une telle liste ne semble pas tout à fait pertinent : le message deviendrait équivoque puisque l’espèce envahissante serait alors traitée comme n’importe quel gibier.Avantage: l’acte de chasse peut constituer un mécanisme utile de lutte contre la propagation du grand gecko vert malgache.Inconvénients:- la procédure de révision des listes d’espèces gibiers peut être longue et ne répond pas à une situation d’urgence qui impose une riposte précoce. Elle exige en outre une modification de l'article R. 424-12 du Code de l'environnement relatif aux périodes de chasse.- l’espèce introduite sera considérée comme n’importe quel gibier, la situation restant ambivalente.- on ne sait pas si l’espèce fera réellement l’objet d’une pression de chasse par la population locale.IV– Le classement du grand gecko vert malgache comme « nuisible »Des animaux sont considérés comme « nuisibles » en fonction des dommages qu’ils peuvent causer aux activités humaines et aux équilibres biologiques. Leur liste est fixée par un arrêté ministériel après avis du Conseil national de la chasse et de la faune(. Ces animaux peuvent notamment être régulés par le piégeage(9) ce qui s’avèrerait intéressant pour le grand lézard vert malgache. Pour l’heure, ce dernier ne figure pas sur la liste des espèces « nuisibles ».Avantage: les particuliers pourraient détruire le grand lézard vert malgache dans l’intérêt de la protection de la faune et de la flore.Inconvénient: la procédure de révision de la liste peut être longue (arrêté ministériel) et ne répond pas à une situation d’urgence qui impose une riposte précoce.V- Protection de l’aire de répartition du Lézard vert de ManapanyEn complément du contrôle direct des espèces exotiques, le droit des aires protégées peut être un outil privilégié d’observation des populations animales et végétales, de leur évolution et donc aussi des introductions. Il reste qu’aucune disposition générale n’oblige les textes de classement d’aires protégées à réglementer les introductions d’espèces exotiques. Tout dépend de la rédaction de l’acte de création de l’aire protégée.Pour l’heure, le lézard de Manapany n’est inclus dans aucune aire protégée.Si le droit des parcs nationaux et des réserves naturelles permet de prévoir les moyens de lutter contre les espèces envahissantes – ce que les actes de création font généralement – en revanche, les arrêtés préfectoraux de biotope, contraints par les limites de leur régime juridique, ne peuvent que prohiber l’introduction d’espèces sans prévoir et organiser les modalités de destruction d’une espèce exotique déjà présente.Avantage: permet la gestion à long terme du Lézard vert (surveillance de la population, moyens humains et matériels, mesures de lutte…).Inconvénients: longueur de la procédure et problèmes éthiques s’agissant de détruire des espèces de faune ou de flore au sein même d’un espace où la nature dans son ensemble est en principe protégée.1 N. Dubos stagiaire Master 2 MNHN – NOI.2 CE, Section, 18 décembre 1959, Société les films Lutétia, Rec. p. 693.3 Ainsi en est-il à l’égard de l’intervention d’un maire en matière d’installations classées (CE, 15 janvier 1986, Société Pec-Engineering et CE, 29 septembre 2003, Houillères du bassin de Lorraine), de police spéciale de l’eau (CAA Nancy, 5 août 2004, Préfet de la Haute-Saône contre commune de Saulnot, req. n° 02NC00779) et d’organismes génétiquement modifiés (CAA Versailles, 18 mai 2006, Commune de Dourdan, req. n° 05VE00098).4 CE, 8 mars 1993, Commune des Molières, Rec. p. 655.5 Arrêté n° 05/0589 du 28 février 2005 autorisant la destruction des spécimens de l’espèce Iguana iguana ou Iguane vert en Guadeloupe.6 Voir par exemple : Arrêté n° 2010/DDEA/SEPR/221 du 12 mai 2010 fixant les modalités de régulation des Bernaches du Canada (Branta Canadensis) dans le département de Seine-et-Marne pour les années 2010 et 2011.7 Voir par exemple : arrêté préfectoral du 24 mai 2011 prescrivant des opérations de destruction à tir de l'Ouette d'Egypte dans département du Bas-Rhin.8 Voir arrêté du 30 septembre 1988 fixant la liste des animaux susceptibles d'être classés nuisibles, JORF 2 octobre 1988, p. 12439.9 Voir arrêté modifié du 29 janvier 2007 fixant les dispositions relatives au piégeage des animaux classés nuisibles en application de l'article L. 427-8 du code de l'environnement, JORF 18 avril 2007 p. 6961.Source:http://outremer.espaces-naturels.fr Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
askook 0 Posté(e) le 17 mai 2012 Le Gecko vert de Manapany vole le pollen des abeilles...C'est une découverte insolite. Notre Gécko vert de Manapany, espèce endémique de la Réunion, (Phelsuma inexpectata) serait capable de subtiliser habilement le pollen à une abeille lorsque celle-ci vient butiner à proximité de lui. L'observation a été faite par Nicole Crestey et Gaëtan Hoarau dans le cadre des actions infos-nature de l'Association citoyenne de Saint-Pierre (ACSP) :"Nous avons observé sur un latanier latanier rouge (Latania lontaroides) mâle en fleurs des Phelsuma inexpectata visiblement très intéressés par les abeilles (Apis mellifera) qui butinent autour d’eux et pas du tout par les fleurs épanouies !"On pourrait penser à priori qu'ils vont capturer et consommer ces abeilles bien occupées à butiner, comme mentionné dans des documents tels le Plan national d'actions 2012-2016 élaboré en faveur de la protection de ce gecko vert. Eh bien, pas du tout ! A l'affût, les Phelsuma s’approchent subrepticement d’un côté de l’abeille, sautent sur la pelote jaune de pollen et la saisissent vivement dans leur gueule, avant de l’avaler. Tout ceci se déroule si rapidement qu'il est difficile de l'observer à l'oeil nu. L’abeille dépossédée ne peut que s’envoler à la suite de ce larcin" peut-on lire en guise d'explication sur le site Internet de l'association."Est-ce un comportement nouveau et exceptionnel ? Comment ces Phelsuma ont-ils appris ce mode d’alimentation plutôt sportif et peut-être risqué ? Peuvent-ils alors être toujours considérés comme des pollinisateurs ? Indirectement peut-être en obligeant les abeilles à visiter davantage de fleurs ?" autant de questions que se posent maintenant ceux qui ont réalisé ces observations. Et nul doute, qu'ils vont continuer à observer attentivement l'exceptionnel ti gecko vert péi. Source: http://www.zinfos974.com/Attaque pour voler la pelotte de pollen ! Attaque pour voler la pelotte de pollen ! (2) Régal du Gecko vert de Manapany Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites