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Meos8603

Eryx Borrii, histoire naturelle

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Eryx Borrii : histoire naturelle


Cette fiche n’est en aucun cas une fiche d’élevage mais plutôt un résumé de l’histoire naturelle de ce serpent, Eryx Borrii. En effet, je ne possède pas cette espèce, je ne peux donc logiquement pas donner des conseils sur sa maintenance. Néanmoins, à travers les quelques données que j’ai pu collecter ici et là principalement sur le net, il est tout à fait possible d’en savoir plus sur cette espèce « récente », car seulement décrite en 2005. J’ai notamment réussi à trouver le seul et unique article le décrivant, une partie des informations qu’il nous livre sera donc repris ici.

Je vais donc résumer mon propos à quelques généralités sur sa vie dans la nature, c’est-à-dire son aire de répartition, le climat sous lequel il vit, sa description. Une approche de sa systématique ouvrira cet article.

I. Taxonomie et systématique chez Eryx Borri

Tout d’abord, il faut savoir que ce serpent est très méconnu parmi la communauté scientifique et peu étude s’intéresse à lui. Il a été décrit pour la première fois en 2005 par deux chercheurs italiens de l’université de Florence, Benedetto Lanza et Annamaria Nistri dans leur article « Somali Boidae and Pythonidae ».

Le nom qui lui a été attribué, « Borrii » vient d’un herpétologue italien, ami des deux scientifiques. Cette espèce a été incluse dans le genre Eryx car elle est très proche d’une autre espèce du genre Eryx, E. Somalicus.

La date récente de découverte semble expliquer le fait que je n’ai pas trouvé de références quant à des possibles débats sur cette espèce. On peut toutefois être sûr que des discussions vont naître prochainement parmi les scientifiques, quant à sa validité, un seul spécimen étant connu. Déjà, on observe sur les deux sites internet de systématique que j’ai consulté (consultation le 07/02/2012), ITIS et Reptile Database qu’Eryx Borrii n’est pas inventorié par la première au contraire de la seconde.

Apparemment, le seul spécimen connu qui sert également d’holotype, aurait été prélevé en 1900 et serait aujourd’hui détenu par le British Museum of National History de Londres. L’animal en question, une femelle, a été capturée à Biji, par Arthur Donaldson Smith (1866-1939), un explorateur américain probablement lors de son expédition qui partit du Somaliland vers le Kenya dans les années 1890.

II. Une aire de répartition minuscule : Biji dans le nord de la Somalie ou Somaliland

Après quelques recherches, il m’a été possible de localiser la ville de Biji qui se trouve au Somaliland, une région du nord de la Somalie, ayant déclarée son indépendance en 1991. Ce village semble être à la croisée de deux vallées, dans les contreforts de l’est du Ras Dashan (chaîne montagneuse d’Ethiopie). Cette bourgade se situe à environ 350 mètres d’altitude en bas d’un massif culminant à plus de 1 200 mètres de hauteur. On peut donc estimer que l’on retrouve cette espèce entre 300 et 1 200 mètres d’altitude.

Ce serpent vit donc soit dans des régions montagneuses soit dans les plaines bordant ces massifs. Il doit certainement se cacher dans le sable ou dans les fissures des escarpements rocheux.

Carte montrant Biji, Somaliland :



III. Etude du climat du Somaliland

Afin de montrer le climat dans lequel Eryx Borrii évolue, j’ai réussi à trouver la pluviométrie, l’hygrométrie ainsi que les températures minimums et maximums. Pour les deux premières données, les relevés ont été réalisés à Boorama, une ville somalienne située à l’ouest de Biji, à 1 500m d’altitude, sur la frontière avec l’Ethiopie. Concernant les températures, ces dernières viennent de la capitale du Somaliland, Hargeisa, un peu plus au sud de Biji, où l’altitude est d’environ 1 300m.

Températures minimums et maximums à Hargeisa :



Pluviométrie moyenne à Booroma :



Hygrométrie moyenne à Booroma :



Comme on le voit sur ces tableaux, Eryx Borrii se rencontre dans un climat qui connaît deux saisons sèches et deux humides. De plus, la Somalie se trouvant sous les tropiques, la saison humide correspond aux températures maximales de la région tandis que les saisons sèches voient la fraîcheur s’installer.

Si l’on s’intéresse aux températures, on observe que cette espèce vit à des températures diurnes allant de 23° à 31°. En regardant le tableau, on voit que la saison chaude dure (et ce malgré la petite période sèche de juin), du mois de mars à octobre. La température durant cette période sont de 28-31° la journée et redescendent à 16-17° la nuit. Entre octobre et février, Eryx Borrii subit une baisse de températures. En effet, en pleine journée celle-ci tourne autour de 24-26° maximums et s’approche des 10° la nuit.

Concernant la pluviométrie, on observe bien deux saisons et deux saisons humides dont une plus courte que l’autre. On va dire que la première saison humide débute entre avril et mi- mai, puis fait place de mi-mai à juin à une saison sèche. Survient à partir de juillet et jusqu’à septembre une nouvelle saison humide avec des précipitations de l’ordre de 110 mm par mois (comme pour la première saison humide). Enfin l’année se termine d’octobre à mars par une saison sèche et fraîche pendant laquelle il ne pleut pratiquement pas.

L’hygrométrie que connaît cette espèce semble assez stable tournant entre 45% et 60%.

Ces données climatiques sont relativement fiables et collent à des régions proches de l’endroit où Eryx Borrii a été capturé pour la seule et unique fois. Néanmoins, un microclimat n’est pas à exclure.

IV. Une description se basant sur un seul spécimen

Plutôt que de chercher à résumer ou à paraphraser les explications de Lanza et Nistri, je vous donne directement la traduction (comportant éventuellement des fautes) d’une partie de leur article :

"Les écailles de la tête sont élargies, lisses et juxtaposé jusqu’au niveau des yeux, les écailles entre le niveau antérieur des yeux et les post-nasales sont plus petites que chez E. Somalicus, leur nombre minimum le long de la région du museau est de trois. Le rostre est épais et important, environ 2.5 fois plus large que haut, avec un bord horizontal. Les narines sont entourées par deux écailles seulement (une post-nasale, et une écaille dérivant de la fusion des écailles inter-nasales et pré-nasales, apparemment seulement fusionnées sur le côté droit). 5/5 écailles inter-orbitales et 10/10 circum-orbitales sont présentes. Les yeux sont séparés des lèvres par 1/1 écaille. Il y a 3/3 écailles entre les post-nasales et les yeux. Il possède 10/11 écailles supra-labiales. Il y a également 12 écailles entre le crâne et les premières écailles pseudo-ventrales. Le sillon crânien est absent. Les écailles du corps sont lisses au départ et deviennent de plus en plus rugueuses, tandis que celle de la queue le sont fortement. Il possède 39 écailles mi-corps et 193 ventrales, une écaille anale, 26 écailles sud-caudales. La queue est courte, conique, pointue, légèrement courbée sur la fin, constituant à peu près 8,25% du total du corps.

Le corps est mince. Le ratio taille totale/diamètre maximum s’approche des 39,35. La taille totale est de 390 mm.

Les dents maxillaires et mandibulaires sont solides, non sillonnées, et arrangées de façon anonodonte et scaphiodonte. Le serpent possède entre 8 et 9 dents maxillaires et mandibulaires. Les dents palatines et ptérygoïdes n’ont pas été comptées.

Les couleurs ont été décrites alors que l’animal avait été plongé dans l’alcool. La couleur du dos est brune, plus claire sur la tête et sur les côtés du corps avec des lignes longitudinales d’un blanc-cassé plus ou moins obliques et fragmentées, fusionnant parfois pour former des bandes étroites ondulées. Les parties inférieurs des flancs sont blancs-cassées avec de petits points noirs irréguliers et parfois une série de points noirs et marrons ronds. (…).

Cette nouvelle espèce est morphologiquement proche d’Eryx Somalicus mais se distingue par une morphologie plus svelte (un ratio longueur/diamètre maximum d’environ 39.35 contre 24,03-30 pour l’Eryx Somalicus), un nombre plus important d’écailles ventrales (193 contre 163 chez Eryx Somalicus), une taille plus petite des écailles entre le niveau antérieur des yeux et la région post-nasale (leur nombre minimum le long du milieu de la région du museau est de 3, contre 13/4 chez Eryx Somalicus). Le pattern dorsal présente des lignes longitudinales d’un blanc-cassé plus ou moins obliques et fragmentées alors qu’elles sont transversales chez E. Somalicus."

Sa taille réelle nous est inconnue car on ne peut se baser sur l’étude d’un seul spécimen. Son alimentation dans la nature échappe également à nos connaissances bien qu’il doit certainement s’alimenter de tout ce qui est à sa taille dans une région désertique où la nourriture ne doit pas se trouver à profusion.

Nous ignorons également son mode de reproduction : ovipare ou vivipare. Nous ne connaissons pas non plus le fonctionnement de sa saison de reproduction.

Détails de la tête :



Le corps de l’holotype aujourd’hui conservé à Londres au BMNH :



V. La captivité

Du fait de la récente découverte de cette espèce et du nombre plus que réduit de spécimens collectés, il est difficile d’imaginer retrouver ce serpent avant très longtemps dans nos terrariums. La faible répartition d’Eryx Borrii implique logiquement une grande fragilité de cette espèce quant à des possibles prélèvements. Cette situation et le peu de références scientifiques peuvent également nous amener à nous demander si cette espèce n’est pas aujourd’hui disparue. Ainsi, il semble important de suivre de près de futures publications scientifiques sur cette espèce, en espérant que d’autres spécimens seront trouvés dans la nature.

De plus, il est utile de noter que la région d’origine de ce serpent est quelque peu troublée. En effet, le Somaliland est un état non reconnu par la communauté internationale et, bien que disposant d’un régime démocratique et d’une certaine stabilité, des escarmouches entre cet état et la Somalie éclatent de temps à autre notamment à l’est. Cette situation peut également expliquer le faible taux de prospection scientifiques dans la région.

VI. Sources

Voici les quelques sources que j’ai utilisé pour faire cet article.

1) Littérature sur Eryx Borrii :

- Lanza B. et Nistri A., Somali Boidae (genus Eryx Daudin 1803) and Pythonidae (genus Python Daudin 1803) (Reptilia, Serpentes), Tropical Zoology 18 (1), p. 67-136, 2005.
Lien direct article en PDF :
http://www.fupress.net/index.php/tropicalzoology/article/viewFile/120/118

2) Le climat en Somalie :

- http://www.faoswalim.org/ftp/Water_Reports/Cleared/W-01-Climate%20of%20Somalia.pdf

3) Fiche Wikipédia sur Arthur Donaldson Smith

- http://en.wikipedia.org/wiki/Arthur_Donaldson_Smith

4) Forums :

- http://passion-erycinae.xooit.fr/index.php : forum de passionnés sur les genre Erycinae (Calabaria, Charina, Eryx, Gongylophis et Lichanura)


Bonne lecture 🆗

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Fiche très intéressante et complète. Merci.

On connait très mal les Eryx. Hélas, très peu de terrariophiles s'y intéressent, ce sont pourtant de très beaux serpents qui ont des comportements et habitudes de vie surprenantes.

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