askook 0 Posté(e) le 16 mars 2012 Disparition inquiétante de deux espèces de lézards communs aux îles HawaiiLes extinctions des espèces spectaculaires par leur taille, leur biologie ou leur endémisme sont largement médiatisées. Mais curieusement, bien que l'intérêt biologique et écologique soit considérable, l'extinction d'espèces communes et à très large répartition semble passer le plus souvent inaperçue. Une équipe franco-américaine composée de deux chercheurs, Ivan Ineich du Laboratoire « Origine, Structure et Evolution de la Biodiversité » (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS, Paris) et Robert Fisher (US Geological Survey, San Diego), a montré l'extinction aux îles Hawaii de deux espèces de petits lézards scincidés très communs et largement répartis dans le Pacifique Sud tropical. Les résultats de cette étude sont publiés cette semaine dans la revue Oryx.Présentes dans tout le Pacifique - depuis la Nouvelle-Guinée jusqu'à l'atoll de Clipperton et aux îles Hawaii, y compris en Polynésie française et à Wallis et Futuna - les deux espèces ont longtemps été confondues. Ce n'est qu'en 1987, dans ses travaux de thèse, que Ivan Ineich a montré que Emoia cyanura était, en fait, composée de deux espèces qui cohabitent le plus souvent : le « vrai » Emoia cyanura et Emoia impar .L'examen par les deux chercheurs de tous les spécimens des îles Hawaii conservés dans de nombreux muséums européens et américains, ainsi que leur analyse bibliographique et leurs prospections récentes sur les îles Hawaii, ont permis de mettre en évidence la chronologie de l'extinction des deux espèces : E. impar, pourtant commune et abondante ailleurs dans le Pacifique tropical, a disparu après 1900 aux îles Hawaii, et l'introduction très récente de la seconde espèce aux îles Hawaii, E. cyanura, juste avant 1970, a été suivie par son extinction rapide après 1990.Emoia imparCe travail analyse les facteurs qui expliqueraient l'extinction de lézards communs aux Îles Hawaii : la cause la plus probable retenue par les auteurs est la fourmi à grosse tête, Pheidole megacephala. Sa date d'introduction concorde avec celle de l'extinction de E. impar, mais aussi de nombreuses autres espèces de vertébrés, notamment des oiseaux endémiques des îles Hawaii.Ce travail ouvre une nouvelle porte à la Biologie de la Conservation en attirant l'attention sur l'intérêt des collections historiques (qui permettent d'apprécier l'évolution temporelle des peuplements). « Les collections sont des livres dont seules quelques pages sont lisibles actuellement », souligne Ivan Ineich, également responsable des collections de reptiles au Muséum national d'Histoire naturelle depuis 1988.Ces recherches montrent la nécessité de la systématique (décrire, classer, nommer) et l'importance d'étudier les espèces communes, trop souvent jugées sans intérêt. Ce travail pointe également l'extrême sensibilité des « grosses bêtes » vis-à-vis des « petites bêtes » introduites (surtout les virus, bactéries, champignons et arthropodes), dont l'impact autrefois négligé et pourtant si destructeur pour les vertébrés doit être reconsidéré. Les extinctions de ces deux espèces communes sont une alarme et des travaux complémentaires devront les expliquer mais aussi éviter qu'elles ne se renouvellent pour d'autres espèces, s'il n'est pas déjà trop tard ! Source:http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2527.htmArticle:http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=8511239&fulltextType=RA&fileId=S0030605310001778 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites