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Eryx Somalicus, le Boa des Sables de Somalie

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Eryx Somalicus, le boa des sables de Somalie


Dans cet article, je vais vous faire part des diverses informations et connaissances qui circulent à propos d’Eryx Somalicus, le Boa des Sables de Somalie qui constitue dans ce genre, « le taxon le plus pauvrement connu » selon Chris Harrison (rédacteur des fiches d’élevage sur les Eryx du forum américain Kingsnake).

Comme pour Eryx Borrii et Eryx Elegans, il ne s’agit ici en aucun cas d’une fiche d’élevage car cette espèce est inexistante en Europe, du moins sa forme vivante. Je souhaite mettre en avant les quelques informations dont nous disposons aujourd’hui à propos de cette espèce. Les informations contenues plus bas me viennent d’articles scientifiques ainsi que de sites internet indiqués dans ma bibliographie.

I. Taxonomie et systématique

Cet animal a été promu au rang d’espèce en 1939 par l’herpétologue italien Giuseppe Scortecci qui a certainement bénéficié de l’expansion italienne dans cette région du monde, le voisin éthiopien étant conquis dès 1935. Le premier spécimen a été capturé lors d’une expédition entre juin et août 1934. Toujours est-il qu’Eryx Somalicus reste dans ce genre jusqu’en 1989, date à laquelle Benedetto Lanza l’inclut dans le genre Gongylophis dans l’article, « Amphibians and reptiles of the Somali Democratic Republic ».

Un nouveau et dernier changement taxonomique a lieu en 1999, avec l’ouvrage Snake species of the World de McDiarmid, Campbell et Touré. L’espèce reprend alors son ancien nom d’Eryx Somalicus. Ce nouveau classement semble accepté par la communauté scientifique car même Benedetto Lanza utilise ce nom dans son article, coécrit avec Annamaria Nistri, « Somali Boidae and Pythonidae » qui date de 2005.

L’holotype de cette espèce se trouve au Museo di Storia Naturale di Milano (MSNM). Il semblerait qu’il provienne de la région de Mogadiscio, capitale de la Somalie.

II. Un seul pays comme aire de répartition : la Somalie ?

Il est de notoriété (relativement) commune que cette espèce se trouve uniquement en Somalie, c’est-à-dire dans l’est de l’Afrique entre l’Équateur et le Tropique du Cancer. Néanmoins deux autres pays sont susceptibles d’accueillir cette espèce de boa des sables.



Tirée de « Somali Boidae and Pythonidae », de Benedetto Lanza et Annamaria Nistri

Si l’on observe la carte, on remarque que ce serpent a été trouvé dans deux principales zones. La première s’étend dans les hauts-plateaux du nord du pays, à l’ouest à l’est de Garbaqabat, région culminant à près de 1 000 mètres d’altitudes. La seconde se situe dans le sud-est du pays dans les plaines de Mogadiscio qui s’élèvent à une dizaine de mètres au-dessus du niveau de la mer.

On remarque également que le point n°4 correspond à la ville d’Haud, qui sert de frontière avec l’Éthiopie. Il y a donc de fortes chances que ce boa ait traversé cette ligne imaginaire créée par l’homme, pour s’établir dans cette contrée.

Enfin Chris Harrison dans sa fiche sur cet Eryx, que l’on trouve sur le forum Kingsnake, parle d’une possible présence à Djibouti mais ne fait aucune allusion à l’Éthiopie.

III. Des conditions climatiques différentes selon les régions de répartition

En étudiant la carte, nous avons constaté qu’Eryx Somalicus vivait principalement dans deux régions différentes de la Somalie, au nord et au sud-est.

Afin d’en savoir un peu plus sur les conditions naturelles que cette espèce rencontre dans la nature, j’ai choisi de détailler le climat des deux régions. Pour la région nord, c’est la ville d’Hargeisa qui nous fournira les températures de cette espace, et celle de Boroma pour ce qui concerne la pluviométrie et l’hygrométrie. Pour la région sud-est, les trois séries de données proviennent de la capitale Mogadiscio.

1) Région des hauts-plateaux du nord de la Somalie

Températures minimums et maximums à Hargeisa :



Pluviométrie moyenne à Booroma :



Hygrométrie moyenne à Booroma :



Comme on le voit sur ces tableaux, Eryx Somalicus se rencontre dans un climat qui connaît deux saisons sèches et deux saisons humides. De plus, la Somalie se trouvant sous les tropiques, la saison humide correspond aux températures maximales de la région tandis que les saisons sèches voient la fraîcheur s’installer.

Si l’on s’intéresse aux températures, on observe que cette espèce vit à des températures diurnes allant de 23° à 31°. En regardant le tableau, on voit que la saison chaude dure (et ce malgré la petite période sèche de juin), du mois de mars à octobre. La température durant cette période sont de 28-31° la journée et redescendent à 16-17° la nuit. Entre octobre et février, Eryx Somalicus subit une baisse de températures. En effet, en pleine journée celle-ci tourne autour de 24-26° maximums et s’approche des 10° la nuit.

Concernant la pluviométrie, on observe bien deux saisons et deux saisons humides dont une plus courte que l’autre. On va dire que la première saison humide débute entre avril et mi- mai, puis fait place de mi-mai à juin à une saison sèche. Survient à partir de juillet et jusqu’à septembre une nouvelle saison humide avec des précipitations de l’ordre de 110 mm par mois (comme pour la première saison humide). Enfin l’année se termine d’octobre à mars par une saison sèche et fraîche pendant laquelle il ne pleut pratiquement pas. Néanmoins, il est important de voir que ces précipitations sont quand même assez faibles surtout comparées à celles que nous connaissons dans nos régions tempérées.

L’hygrométrie que connaît cette espèce semble assez stable tournant entre 45% et 60%.

Les conditions climatiques que rencontre le Boa des Sables de Somalie dans cette région nord, diffèrent quelque peu de celles que subissent les spécimens de la région sud.

2) Région du sud-est autour de la capitale, Mogadiscio

Températures minimums et maximums à Mogadiscio :



Pluviométrie moyenne à Mogadiscio :



Hygrométrie moyenne à Mogadiscio :



Au regard de ces tableaux, on se rend tout d’abord compte que dans cette région, Eryx Somalicus connaît des températures plus clémentes que dans le nord du pays. En effet, Mogadiscio se situe près de l’équateur, cette situation expliquant la faible variation des températures, et de l’hygrométrie qui reste assez élevée durant toute l’année.

Concernant les températures, le maximum tourne autour de 30° toute l’année. Une période plus chaude se déroule durant les mois de mars, avril et mai, avec un pic à 33°. Durant ce laps de temps, les températures minimums descendent à 26°. Une période plus fraîche s’installe de juin à septembre, les températures maximums montent à 28° tandis que les températures minimums, sont de 22°.

La pluviométrie de la région de Mogadiscio se distingue également quelque peu des régions nord. Une première période de précipitations se déroule entre avril et juillet, soit un peu plus tard dans l’année qu’à Booroma. Cet état de fait vaut également pour la seconde saison des pluies, qui se déroulent entre octobre et novembre. Une saison sèche a lieu de décembre à mars. Entre août et octobre, la pluviométrie ralentie mais quelques millimètres tombent néanmoins. Comme pour la région du nord, ces mesures de précipitations sont relativement faibles comparées à nos contrées.

Enfin l’hygrométrie ne varie pratiquement pas durant toute l’année, tournant autour de 75%.

Eryx Somalicus est ainsi capable de subir des températures relativement basses et des températures assez élevées. De même, il semble bien s’adapter à un taux d’hygrométrie faible comme élevé. Ainsi, ce boa des sables semble assez tolérant concernant ses conditions de vie.

IV. Neuf spécimens pour une description

Une description de l’espèce nous est donnée dans l’article de B. Lanza et A. Listri, « Somali Boidae and Pythonidae », et se base sur neuf spécimens, neuf femelles conservées dans des bocaux dans différents musées. Voici la traduction de la partie de l’article consacrée à la description d’Eryx Somalicus, de ces deux chercheurs italiens :

« Les écailles dorsales au niveau de la tête sont plus ou moins larges, lisses, juxtaposées jusqu’au niveau de l’œil. Les écailles entre le niveau antérieur de l’œil et les écailles post-nasales sont plus larges que chez Eryx Borrii, leur nombre minimum le long de la région du museau étant de 1 (contre 3 chez Eryx Borrii). Les écailles rostrales sont grandes et larges, environ deux fois plus large que hautes avec une lèvre horizontal. Les narines sont entourées par seulement deux écailles, car les écailles inter-nasales ont souvent fusionnées avec les écailles pré-nasales bilatérales (complètement fusionnées sur huit des neuf spécimens). On trouve 4 à 6 écailles inter-orbitales et 9 à 11 autour des yeux, ces derniers étant séparés des lèvres par une écaille. Il existe entre 11 et 12 écailles entre le menton et les premières écailles ventrales. Cette espèce ne possède pas de rainure sous le menton. Les écailles du corps sont lisses avant de devenir de plus en plus carénées. Les écailles de la queue sont quant à elle fortement carénées. On trouve entre 34 et 40 écailles au milieu du corps, et de 156 à 163 au niveau du ventre. L’animal ne possède qu’une seule écaille anale et de 21 à 25 écailles sous-caudales. La queue est courte, environ 8 à 10.5% de la longueur totale, conique et pointue, parfois plus ou moins courbées vers le bas tout au bout.

La taille est apparemment petite, le spécimen connu le plus grand (MZUF 33636) mesure 390 mm. Gans et Laurent se référant à un spécimen non sexé (MCZR 72038) ont souligné qu’il y a à la fois un accroissement et une réduction des rangées d’écailles dorsales, si bien que des écailles supplémentaires s’intercalent entre celles-ci. Ce phénomène se produit généralement entre la seconde et troisième rangée latérale. Ainsi les 159 écailles ventrales correspondent aux 204 écailles se trouvant au milieu des rangées dorsales. La structure des hémipénis ne nous est pas connue. (…).

Le patron est plutôt variable. Les motifs du dos vont du marron clair à un marron sombre, coupés par une trentaine de lignes d’un blanc cassé parfois sombre, traversant le corps plus ou moins en obliques, chacune mesurant environ 1 à 6 écailles de long. Certaines de ces lignes peuvent fusionner avec d’autres pour former un Y ou un X. (…). Les parties inférieures des flancs sont blanc cassé avec des points noirs irréguliers, parfois avec une série de grandes tâches marrons et arrondies ».

Le corps de l’holotype conservé à Milan au MSNM :



Détail de la tête de l’holotype :



Un autre spécimen :



Une photo en couleur d’un spécimen :



V. Mode de vie peu connu

Eryx Somalicus est une espèce inféodée à des habitats sableux, arides et semi-arides. Le Boa des Sables de Somalie semble bien s’adapter à différents écosystèmes. Une liste peut être dressée des différents endroits où ont été collectés les quelques spécimens connus : en pleine journée dans une zone sableuse avec quelques touffes d’herbes et quelques arbres épineux (Parker, 1994), dans un tas de sable au milieu de deux rochers sur une plage (Gans et Laurent, 1965), sous une pierre dans une clairière.

Concernant leur nourriture, un juvénile non sexé de 145 mm a été découvert avec un Hemidactylus de 45mm dans le ventre. Vu la taille qu’ils atteignent adultes, ils doivent se nourrir principalement de petits mammifères et de petits reptiles.

Nous savons également peu de chose sur la reproduction de cette espèce. Néanmoins deux femelles ont été retrouvées avec des œufs dans le ventre. Cette espèce semble vraiment petite car ces femelles reproductrices mesurent entre 240 et 254 mm. Les œufs, quant à eux, atteignent entre 5.2 et 6mm. Le corps de la première femelle en contenait 5 tandis que l’abdomen de la seconde était trop endommagé pour connaître précisément le nombre d’œufs.

VI. Captivité : entre trafic et réalités

Il semblerait aujourd’hui qu’il n’existe aucun spécimen vivant d’Eryx Somalicus en Occident. Les seuls spécimens connus sont aujourd’hui dans des bocaux gardés dans les collections des différents musées d’histoire naturelle européens et américains.

Pourtant si l’on se réfère aux quotas donnés par la CITES, il apparaît que pour l’année 2007, 500 spécimens vivants ont été exportés d’Éthiopie. Il semblerait que ces spécimens soient plutôt des Gongylophis Colubrinus sortis sous une autre appellation de ce pays d’Afrique afin de passer outre les quotas préalablement définis sur cette espèce.

Comme pour l’Eryx Borrii, l’instabilité structurelle de la Somalie risque de fortement ralentir les études scientifiques portant Eryx Somalicus.

VII. Sources

1) Littérature sur Eryx Somalicus

- Lanza B., “Amphibians and reptiles of the Somali Democratic Republic”, Biogeographia, p. 407-465, 1988
- McDiarmid R. W., Campbell J. A. et Touré T. A., Snake species of the world, Vol. I, Herpotologists’League, 1999.
- Lanza B. et Nistri A., « Somali Boidae (genus Eryx Daudin 1803) and Pythonidae (genus Python Daudin 1803) (Reptilia, Serpentes) », Tropical Zoology 18 (1), p. 67-136, 2005.
Lien direct article en PDF :
http://www.fupress.net/index.php/tropicalzoology/article/viewFile/120/118


2) Sites internet et forums sur Eryx Somalicus

- http://passion-erycinae.xooit.fr/index.php : forum de passionnés sur les genres Erycinae (Calabaria, Charina, Eryx, Gongylophis et Lichanura)
- http://reptile-database.reptarium.cz/species?genus=Eryx&species=somalic… : quelques éléments bibliographiques présents
- http://www.cites.org/common/quotas/2007/ExportQuotas2007.pdf : quotas CITES pour 2007
- http://www.les-eryx.fr.st/ : site sur les Eryx et les Gongylophis
- http://www.kingsnake.com/sandboa/somali.html : pratiquement aucune information mais deux photos en couleur
- http://www.ethiopia-herpetology.com/boidae.html : page en tchèque avec quelques informations

3) Le climat en Somalie :

- http://www.faoswalim.org/ftp/Water_Reports/Cleared/W-01-Climate of Somalia.…

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