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Bicyclus anynana

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Phéromone, l'arme de séduction du vieux beau "Bicyclus anynana"


C'est un paradoxe : alors que l'olfaction est un mode de communication prédominant chez la plupart des organismes vivants, son étude reste relativement limitée en biologie. L'agriculture est une exception notable. Depuis 1959, date des premiers travaux sur le bombyx du mûrier, les scientifiques développent - à partir de recherches sur les phéromones sexuelles émises par les insectes - des méthodes de lutte "sans pesticide" contre des ravageurs nocturnes des vergers et des vignes. "Chez certains papillons de nuit, comme le carpocapse de la pomme, la tordeuse orientale du pêcher ou l'eudémis de la vigne, la femelle émet un cocktail de composés chimiques volatils pour attirer le mâle et le guider dans l'obscurité, explique Brigitte Frérot, du laboratoire Physiologie de l'insecte, signalisation et communication (INRA-UPMC) à Versailles. L'idée est de perturber leur reproduction en répandant ce "parfum" en différents endroits, soit pour les désorienter, soit pour les prendre au piège."

Les phéromones sexuelles féminines de plusieurs milliers d'espèces ont ainsi été répertoriées, et de nombreuses formulations industrielles ont été commercialisées. Pourtant, on ne sait toujours rien, ou presque rien, des odeurs émises par les mâles, dont les compositions ne sont partiellement connues que pour une vingtaine de papillons de nuit et pour, à peine, quatre papillons de jour.

Sans résoudre totalement ce mystère, des chercheurs belges et hollandais viennent de franchir un pas important en démontrant que ces phéromones sexuelles permettent une communication très subtile entre les animaux de l'espèce Bicyclus anynana. Chez ce papillon africain de jour, tout commence dans la nature par une rencontre sous les spots de lumière créés par les trouées de la canopée. Le mâle poursuit la femelle jusqu'au moment où celle-ci se pose. Puis entame sa cour en battant, durant une trentaine de secondes, ses ailes de façon stéréotypée, diffusant ainsi une phéromone vers les antennes de sa belle.



L'équipe de Caroline Nieberding, du Centre de recherches sur la biodiversité de l'Université catholique de Louvain, a découvert que ce parfum, formé de trois molécules chimiques, est propre à chaque mâle, qu'il varie au cours de son existence et qu'il est porteur d'une information sur son âge. Elle démontre dans la revue Ecology Letters que les femelles utilisent cette odeur pour sélectionner les mâles les plus âgés, vers qui va leur préférence.

Pour parvenir à cette conclusion, Caroline Nieberding et ses collègues ont eu recours à des outils statistiques et à des expériences d'éthologie. Ils ont commencé par synthétiser deux phéromones sexuelles artificielles semblables à celles diffusées naturellement par des mâles vieux de trois et de quatorze jours. Puis ils ont répandu ces parfums sur deux groupes de 80 mâles de trois jours, élevés en captivité et qui avaient été préalablement opérés de leurs "androconies" (organes odorants présents sur les ailes) de manière à être privés d'odeur. Enfin, ils ont mis tous ces jeunes prétendants, fraîchement poudrés, en présence de 80 femelles "vierges".

Une odeur qui signe l'âge

"Au bout d'une heure et demie, les femelles qui s'étaient accouplées avec les mâles porteurs de l'odeur "quatorze jours" étaient deux fois plus nombreuses que celles appariées avec ceux diffusant le parfum "trois jours", explique la chercheuse. Cela montre que le signal olfactif joue ici, non seulement un rôle dans la sélection sexuelle, mais qu'il est également porteur d'informations très précises. Les mâles les plus âgés ne produisent, par rapport aux plus jeunes, que quelques centaines de nanogrammes de plus d'un des composés, l'hexadecanal !"

"Cette étude, extrêmement fouillée, montre bien la complexité des signaux olfactifs de certains insectes, note Mathieu Joron, chargé de recherches au laboratoire Origine, structure et évolution de la biodiversité (MNHN-CNRS) à Paris. Apprendre qu'ils sont partiellement héréditaires, propres à chaque individu et qu'ils varient au long de son existence est en soi une nouveauté. Ce travail sur le Bicyclus anynana confirme certaines découvertes issues de l'analyse du génome du monarque, récemment publié. A savoir que, contrairement à ce qu'on pensait, les papillons de jour possèdent, tout comme ceux de nuit, un grand nombre de gènes dévolus à la communication chimique."
Source:http://www.lemonde.fr

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