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Ce qu’inventent les bêtes pour se simplifier la vie

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Ce qu’inventent les bêtes pour se simplifier la vie


Chimpanzés usant de brindilles pour «pêcher» des termites, dauphins se protégeant le nez pour ne pas se blesser en fouillant les fonds marins, fourmis tapissant leurs fourmilières de boulettes antiseptiques… Les animaux sont pour le moins ingénieux!

Héritage de la Préhistoire, l’outil est un acquis indispensable dans notre vie d’ Homo sapiens. Il n’est pourtant pas le propre de l’homme, comme avait déjà pu l’observer la célèbre primatologue Jane Goodall il y a cinquante ans. Elle fut la première à découvrir, en Tanzanie, que des chimpanzés utilisent comme prolongement de leur corps de solides brindilles préalablement effeuillées. Une fois leurs extrémités mâchouillées, ils les enfoncent, chacun leur tour, d’environ trente centimètres dans une termitière devenue garde-manger. Une pêche aux termites bien organisée, dont on a aujourd’hui des preuves filmées.

©️ Keystone

Dans les années 1970, un couple de chercheurs suisses montre aussi que des chimpanzés de Côte d’Ivoire sont capables d’utiliser des pierres et des branches pour casser les noix de coco, certaines femelles grimpant même dans les cocotiers avec leur matériel pour éviter de devoir redescendre le chercher.

Les dauphins à nez de bouteille de la baie Shark, en Australie, sont tout aussi étonnants. Pour éviter de se blesser sur les rochers en fouillant les fonds marins en quête de poissons, les femelles – essentiellement – recouvrent leur bec d’une éponge marine. «Nous pensons que cette dissemblance entre les sexes présage des différents intérêts des mâles et des femelles à long terme: les mâles sont concentrés sur la parade reproductrice, nécessaire à un accouplement réussi, et les femelles se canalisent sur les compétences de fouilles, indispensables dans le cadre des soins à apporter aux bébés dauphins», explique Janet Mann, professeur de biologie et de psychologie à l’Université de Georgetown, aux Etats-Unis.

Capacités développées au cours de l’évolution
Ces quelques exemples particulièrement inventifs représentent-ils l’expression d’une intelligence supérieure? «L’usage d’outils nécessite de bonnes capacités cognitives et motrices, qui se sont développées au cours de l’évolution, répond Michel Chapuisat, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne et spécialiste des comportements animaliers. Toutefois, une espèce, ou un groupe d’individus, qui emploie des outils n’est pas forcément «plus évoluée» qu’une espèce ou un groupe similaire qui n’en emploie pas. Elles ont simplement suivi des parcours évolutifs différents.»

Laurent Vallotton, adjoint scientifique au département mammalogie et ornithologie au Muséum d’histoire naturelle de Genève, rappelle aussi qu’il convient de différencier l’utilisation d’outils liée à l’imitation, transmise de génération en génération, comme chez les primates et chez ces dauphins australiens, de l’utilisation d’objets reposant sur des capacités innées, à l’instar de ce que l’on peut notamment observer chez les fourmis. Des fourmis que Michel Chapuisat étudie depuis des années dans le Jura vaudois: «Nous avons découvert qu’elles tapissaient leurs fourmilières de boulettes de résine pour lutter contre les bactéries et les champignons à l’origine de maladies. C’est la première fois que l’on est parvenu à mettre en évidence qu’une substance végétale collectée par des animaux sauvages augmentait leur taux de survie en présence de pathogènes.»

Aussi certaines espèces helvétiques
Il n’y a en effet pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour trouver d’autres exemples d’animaux qui s’outillent. Laurent Vallotton cite de nombreux oiseaux helvétiques: «La bouscarle de Cetti, petit oiseau brunâtre qui a niché quatre fois en Suisse à ce jour, coud les brins d’herbe à l’aide d’autres brindilles et de fils d’araignées pour faire son nid. Il y a aussi le pic épeiche, qui réalise des petits trous dans l’écorce à l’intérieur desquelles il frappe les graines (noisettes, glands) pour les ouvrir. Les corneilles et les gypaètes barbus, eux, utilisent le sol comme un outil, puisqu’ils laissent volontairement tomber des aliments au sol pour les casser.»

Chez les animaux, les outils prennent donc des formes différentes, remplissent des fonctions diverses. Au point qu’aucune théorie générale ne peut finalement résumer la relation qu’ils entretiennent avec ces objets. «Essayer de classer des comportements comme étant nécessaires à la survie ou non n’a guère de sens, conclut Michel Chapuisat. On ne peut que constater que les comportements défavorables ne se répandent généralement pas et qu’en matière d’évolution, chaque petit avantage compte. A l’avenir, il s’agira d’en savoir plus sur les modes d’apprentissage, sur la communication sociale, ainsi que sur les interactions entre l’évolution génétique et culturelle…»


.Le Matin 02/07/2011

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