Admin-lane 0 Posté(e) le 21 mars 2012 Une étude menée par deux chercheurs met en évidence la disparition, aux îles Hawaii, de deux espèces de petits lézards scincidés très communs et largement répartis dans le Pacifique Sud tropical. Ivan Ineich du Laboratoire "Origine, Structure et Evolution de la Biodiversité" (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS, Paris) et Robert Fisher (US Geological Survey, San Diego) ont réalisé une étude dont les résultats sont publiés cette semaine dans la prestigieuse revue Oryx. Ils y font état d'une découverte préoccupante : l’extinction de deux espèces de lézards communs. Normalement répartis dans l’ensemble du Pacifique, depuis la Nouvelle-Guinée jusqu’à l’atoll de Clipperton et aux îles Hawaii, y compris en Polynésie française et à Wallis et Futuna, les deux espèces ont longtemps été confondues. Distingués en 1987 dans les travaux de thèse d’Ivan Ineich, le Emoia cyanura était, en fait, composée de deux espèces qui cohabitent le plus souvent : le "vrai" Emoia cyanura et Emoia impar. Après d’importantes recherches effectuées auprès de plusieurs muséums européens et américains, les deux auteurs scientifiques ont ainsi pu mettre en évidence la chronologie de l’extinction des deux espèces, rapporte le CNRS dans un communiqué. E. impar, pourtant commune et abondante ailleurs dans le Pacifique tropical, a disparu après 1900 aux îles Hawaii, et l’introduction très récente de la seconde espèce aux îles Hawaii, E. cyanura, juste avant 1970, a été suivie par son extinction rapide après 1990. Ce travail analyse les facteurs qui expliqueraient l’extinction de lézards communs aux Îles Hawaii : la cause la plus probable retenue par les auteurs est la fourmi à grosse tête, Pheidole megacephala. En effet, sa date d’introduction concorde avec celle de l’extinction de E. impar, mais aussi de nombreuses autres espèces de vertébrés, notamment des oiseaux endémiques des îles Hawaii. Ce travail ouvre une nouvelle porte à la Biologie de la Conservation en attirant l’attention sur l’intérêt des collections historiques (qui permettent d’apprécier l’évolution temporelle des peuplements). "Les collections sont des livres dont seules quelques pages sont lisibles actuellement", souligne Ivan Ineich, également responsable des collections de reptiles au Muséum national d’Histoire naturelle depuis 1988. Ces recherches montrent la nécessité de la systématique (décrire, classer, nommer) et l’importance d’étudier les espèces communes, trop souvent jugées sans intérêt. Mais ce travail pointe également l’extrême sensibilité des "grosses bêtes" vis-à-vis des "petites bêtes" introduites (surtout les virus, bactéries, champignons et arthropodes), dont l’impact autrefois négligé et pourtant si destructeur pour les vertébrés doit être reconsidéré. Les extinctions de ces deux espèces communes sont une alarme et des travaux complémentaires devront les expliquer mais aussi éviter qu’elles ne se renouvellent pour d’autres espèces, s’il n’est pas déjà trop tard... Maxisciences 20/03/2012 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites