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France : les militaires aussi se mettent au "vert"

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Concilier entraînement des avions de chasse et reproduction de rapaces
pyrénéens, dépolluer les camps destinés à être vendus ou favoriser
l'"éco-conception" des armements: les militaires, gros consommateurs d'espaces
et d'énergie, tentent d'occuper le champ de l'environnement.


Pour la semaine du développement durable, jusqu'à samedi, les militaires sont
sur le pont avec des opérations de nettoyage de la rade à Toulon et de promotion
du recyclage ou autres écogestes à Brest, au Val-de-Grâce ou à
Châlon-sur-Saône.

Une mise en bouche préalable à l'adoption, prévue courant avril, de la
stratégie du développement durable de la Défense (S3D), document définissant la
politique "verte" du ministère, de la formation des agents aux économies
d'énergie en passant par les transports ou la politique d'achats.

Même si "notre mission première est de défendre la France et les Français, ce
qui impose de disposer des matériels qui ne sont pas tous inoffensifs",
l'environnement est désormais une "donnée inéluctable", insiste Eric Lucas, haut
fonctionnaire au développement durable pour le ministère.

Avec ses 250.000 hectares de terrains en métropole, le ministère de la
Défense a notamment un rôle à jouer pour préserver la biodiversité.

Des partenariats ont été conclus avec les conservatoires ou des ONG pour
concilier les activités militaires avec la protection des espèces présentes sur
les camps d'entraînement ou près des bases aériennes.

Gypaète barbu et dauphin

Dans les Pyrénées, par exemple, un protocole existe avec la Ligue de
protection des oiseaux (LPO) pour éviter le survol par les aéronefs militaires
des zones de reproduction du gypaète barbu, un rapace menacé de disparition.

Ailleurs, des instructions sont données pour, en fonction des périodes
d'activité ou de reproduction des espèces, éviter les bivouacs dans telle zone
ou les exercices de tirs dans telle autre, selon le contre-amiral Dominique
Leroy, chef du bureau environnement à la Direction du patrimoine.

Dans les océans, les militaires s'intéressent aussi aux impacts des sonars
équipant leurs bâtiments: des études ont été menées pour aller vers un usage
plus adapté de ces instruments qui désorientent les dauphins.

Dépollution des terrains lors de leur vente, multiplication de constructions
économes en énergie, chaufferies à bois, et projet de futur "Pentagone à la
française" équipé de panneaux solaires et d'un système de géothermie: la
Défense, qui représente la moitié de la consommation énergétique de l'Etat, se
donne désormais des moyens pour réduire son importante empreinte écologique.

Un effort qui porte aussi sur la conception de ses équipements et armements.
Par souci d'alléger la facture énergétique, bien sûr, mais aussi pour anticiper
des réglementations toujours plus drastiques et éviter que des navires ou
appareils construits aujourd'hui ne puissent plus être utilisés demain.

Ce pas vers l'éco-conception est encouragé par le fait que, parfois, souci de
l'environnement et efficacité militaire se rejoignent : "Nous avons intérêt à
consommer le moins possible" pour faciliter la logistique à l'étranger et à ce
que "les hélicoptères fassent peu de bruit", souligne Franck L'Hoir, ingénieur
de l'armement au bureau de l'environnement.

Reste que, quarante ans après la lutte contre l'extension du camp militaire
du Larzac, l'un des actes fondateurs du mouvement écologiste en France,
développement durable et intérêts des armées peuvent aussi rester difficiles à
concilier: les éoliennes, par exemple, sont loin d'être au goût de l'Armée de
l'air en raison des déformations qu'elles occasionnent sur les images
radar.



Sciences et Avenir 03/04/2012

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