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Sri Lanka : les baleines menacées par le tourisme

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Une équipe de chercheurs sri-lankais pointe du doigt l'augmentation frénétique des bateaux de tourisme : ils seraient à l'origine de la mort de plusieurs baleines. En avril dernier, un cétacé avait été retrouvé mort à une quinzaine de kilomètres des côtes du Sri Lanka.

En avril dernier, les touristes qui ont embarqué sur ce petit bateau près de la localité de Mirissa ont été gratifié d'un spectacle plutôt macabre : le corps inerte d'une baleine bleue de près de 20 mètres flottait à la surface de l'eau, à environ quinze kilomètres des côtes. Des poissons nettoyeurs s'activaient même autour de la baleine dont la queue était dans un piteux état. Elle se détachait presque du reste de son corps.

"Il s'agit clairement d'une hélice de bateau", s'indigne auprès du New York Times Mazdak Radjainia, un biologiste et photographe sous-marin de l'Université d'Auckland en Nouvelle-Zélande, rapidement arrivé sur les lieux. "La mort a du être particulièrement cruelle, la blessure est énorme", constate-t-il. Les chercheurs attestent que les morts de baleines sont souvent liées à des chocs avec des embarcations. Or, de nombreux spécimens ainsi tués font partie des espèces en voie d'extinction.

Au Sri Lanka, le problème est important. Il existe une nombreuse population de baleines bleues encore peu étudiées. Ainsi, des milliers de cétacés pourraient être menacés par le commerce maritime, en augmentation exponentielle. L'autre ennemi des baleines pourrait provenir des bateaux chargés de touristes venus pour l'observation des seigneurs de la mer. Cette année c'est la 6ème baleine morte que les chercheurs ont repêché. L'an dernier, 20 carcasses de baleines ont été retrouvées sur l'ensemble de l'île.

Mais les scientifiques n'ont pas pu déterminer avec certitude le nombre de décès liés à des collisions avec les bateaux. "Ces chocs ne représentent qu'une portion du véritable taux de mortalité, car en général les baleines bleues coulent après avoir été touchées. On ne peut pas enregistrer l'ensemble des morts et établir des statistiques précises", révèle John Calambokidis, scientifique chargé des baleines à Olympia, aux Etats-Unis.

A près de vingt kilomètres des côtes du Sri Lanka, on retrouve l'une des routes maritimes les plus fréquentées. Les baleines nagent en général dans les eaux qui se situent avant cette limite. Mais certains scientifiques pensent que le nombre croissant de bateaux d'observation des cétacés pourrait pousser les baleines à s'alimenter plus au large, dans le couloir de passage des cargos. "J'ai bien peur que les baleines soient tellement harcelées par les embarcations de touristes que leurs déplacements n'en pâtissent", confie Asha de Vos, une biologiste sri-lankaise.

En 2009, le Sri Lanka a mis fin à une guerre civile de 25 ans qui empêchait les équipes scientifiques de procéder à tout type de recherches dans le pays. Plusieurs rapports datant des années 1970 révélaient qu'une population de baleines résidait dans le pays, mais ce n'est que dans les années 1990 que l'intérêt pour la région a grandi. Les scientifiques étaient particulièrement intéressés par la tendance des cétacés à rester dans les eaux sri-lankaises tout le long de l'année : les autres populations de baleines bleues sont connues pour migrer sur de grandes distances.

En mars 2012, Asha de Vos, aidée par des chercheurs du Duke Unversity Marine Lab, a plongé une sonde électronique à écho, destinée à mesurer la densité de proies dans l'eau. Durant dix jours, elle et son équipe, ont ainsi balisé des kilomètres d'océan dans l'optique de déterminer les zones riches en krill, l'aliment principal des baleines. Les données collectées aideront les scientifiques à comprendre où et quand les baleines se nourrissent, et, elle l'espère, persuader le gouvernement à déplacer le couloir maritime commercial plus au large.

Mme de Vos relève qu'avec la fin de la guerre civile au Sri Lanka, le gouvernement investit massivement dans le tourisme. Or, l'observation des baleines est un pilier de la stratégie de développement touristique des autorités. Malgré les efforts déployés pour procurer un développement économique rapide au pays, Asha de Vos craint ainsi que tout cela n'aille trop vite. "A l'heure actuelle, les bateaux d'observation des baleines s'agglutinent de façon désordonnée autour des animaux", déclare-t-elle.

"Il ne faudrait pas que le boom touristique explose au point d'harceler les baleines", estime t-elle encore. Dans d'autres pays, les lois interdisent les bateaux de s'approcher trop près des baleines. Aux Etats-Unis, la distance maximale est de 90 mètres. Asha de Vos milite pour que le Sri Lanka adopte de telles mesures. "Dans cette nouvelle ère de paix, la baleine bleue devient un symbole pour notre pays", déclare-t-elle avant d'ajouter : "Notre folie pourrait tristement leur causer du tort".




Maxisciences 03/07/2012

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