Admin-lane 0 Posté(e) le 8 juillet 2012 Le Phallostethus cuulong est un poisson bien curieux. Des chercheurs de la Nagao Natural Environment Foundation de Tokyo ont découvert que son appareil génital se trouvait… sous son menton.Un Phallostethus cuulong mâle, deux centimètres de long, se glisse parmi la dense végétation des eaux stagnantes du canal. Il s'approche d'une femelle, nage à ses côtés pendant quelques secondes, puis tente de se reproduire avec celle-ci. Pour un observateur de la scène, Monsieur poisson semble avoir tout faux. Sa tête est bien positionnée à côté de celle de la femelle, mais son corps forme un angle de 45° avec celui de sa compagne, de sorte que sa partie postérieure se trouve bien éloignée de celle de Madame. Cela semble peine perdue pour se reproduire. Eh bien non, le Phallostethus cuulong sait ce qu'il fait : il a simplement l'ensemble de son appareil reproducteur sous la tête. Voilà donc le défi que relèvent les poissons-priapes ("priapiumfish"), un groupe méconnu de poissons asiatiques qui possèdent leur organe reproducteur sur leur menton, juste en-dessous de leur bouche. Appartenant à la famille des Phallostethidae qui vivent en Asie du Sud-Est., ces poissons ont été nommés d'après le dieu grec de la fertilité Priape. Ainsi, Phallostethus cuulong est la vingt-deuxième et dernière espèce de poisson-priape découverte en 2009.Elle est le fruit du travail de Koichi Shibukawa, de la Nagao Natural Environment Foundation de Tokyo qui a vu ce petit poisson nager seul près du Mékong au Vietnam et a réussi à l'attraper dans un filet. Grâce à l'appui de ses collègues de la Can Tho University du Vietnam, il a réalisé qu'il s'agissait d'une nouvelle espèce.Le mâle poisson-priape n'a pas de pénis comme les humains ou les autres mammifères. Son organe reproducteur unique est dirigé vers l'arrière et ressemble à un bec musculeux qui découle en fait d'une modification des nageoires pectorales et pelviennes. Mais l'appareil est aussi composé d'une sorte de scie orientée vers l'avant, et d'une tige placée juste sous la bouche.Personne n'a encore vu Phallostethus cuulong se reproduire, mais en se basant sur les observations de ses congénères, la scie et la tige sont employées pour se saisir de la femelle durant l'acte. Le mâle peut ainsi transférer son sperme. Pour rendre la manoeuvre plus aisée, le sexe du poisson tend à être orienté d'un côté ou de l'autre. Sur les six mâles que Shibukawa a trouvé : tous "portaient à droite", les autres espèces de poissons-priapes tendraient elles à avoir leur organe reproducteur orienté vers la gauche."Nous ne savons pas pourquoi les poissons-priapes ont évolué de cette façon", déclare au NewScientist Lynne Prenti du Smithsonian Institution de Washington. Ceux-ci appartiennent au grand groupe des athérinomorphes, qui incluent des autres espèces dont les nageoires transformées servent d'organes reproducteurs. Pour bon nombre de cas, comme chez les guppys et les goodéidés, c'est la nageoire anale qui est modifiée. "Le poisson-priape est un dérivé de ce modèle", affirme Parenti.D'ailleurs, sur la tête du poisson-priape, il n'y pas que l'appareil reproducteur, mais aussi son arrière-train. L'anus du poisson est rattaché à son sexe. "Rien ne se passe à l'arrière de ces poissons !", relève ainsi avec humour Lynne Parenti.Phallosthetus cuulong, (A) Le mâle, (B) La femelle. (crédit : Shibukawa et al.)La tête de Phallosthetus cuulong, (A) et (B) Vues latérales du mâle, (C) et (D) Vues latérale et centrale de la femelle. (crédit : Shibukawa et al.)Maxisciences 08/07/2012 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites